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nuel de 2 millions de francs, qui sera porté comme rente sur le grand-livre de France; de laquelle somme un million sera reversible à l'impératrice.

Art. 4. Les duchés de Parme, Plaisance et Guastalla seront donnés en toute propriété et souveraineté à S. M. l'impératrice Marie-Louise; ils passeront à son fils et à ses descendants en ligne directe.

Art. 5. Madame mère recevra un revenu de 300,000 fr.; le roi Joseph et sa femme 500,000 fr.; le roi Louis 200,000 fr.; la reine Hortense et ses enfants 400,000 fr.; le roi Jérôme et sa femme 500,000 fr.; la princesse Élisa Bachiochi 300,000 fr.; la princesse Pauline Borghese 300,000 fr.

Art. 6. La pension de l'impératrice Joséphine sera réduite à un million en domaines ou en inscriptions sur le grand-livre.

Art.

7. Il sera formé un établissement convenable hors de France, au prince Eugène, vice-roi d'Italie. Art. 8. Tous les diamants de la couronne resteront en France.

Art. 9. Les dettes de la maison de l'empereur, telles qu'elles existoient le jour de la signature dudit traité, seront payées sur l'arriéré dû par le trésor public à la liste civile.

Art. 10. L'empereur Napoléon pourra prendre avec lui et retenir, comme sa garde, 400 hommes, officiers, sous-officiers et soldats, etc., etc.

Fait à Paris, le 11 avril 1814.

Signé METTERNICH, STADION, RASUMOFFSKY,
NESSELRODE, CASTLEREAGH, HARDENBERG, NEY,
CAULAINCOURt.

1814.

Napoléon envoya devant lui cent chariots et fourgons 1814. chargés de meubles, de bronzes, de tableaux, d'argent

et d'argenterie.

Le 20 avril, jour de son départ, il trouva les grenadiers de sa garde rangés dans la cour du château. Il fit approcher les officiers, et leur fit ses adieux en ces

termes.

« Mes amis, je vous quitte. Les puissances coalisées ont armé contre moi l'univers entier, mon armée même: vous seuls m'êtes restés fidèles. Avec vous je pourrois encore faire la guerre pendant trois ans ; je pourrois déchirer la France par des guerres civiles, mais j'ai préféré les intérêts de notre patrie à mon propre sort. Je pouvois cesser de vivre, mais j'ai dû vivre pour écrire ce que nous avons fait: vos exploits, braves guerriers, ne doivent pas être ensevelis dans l'oubli je vous ai toujours trouvés dans le chemin de l'honneur et de la gloire, vous m'avez toujours été fidéles, soyez-le de même au roi que la France s'est choisi et aux intérêts de notre chère patrie.

« Elle a bien souffert; mais les destins de la France viendront à bout de réparer ses malheurs. Que mon sort ne vous afflige pas; de grands souvenirs me restent; je serai toujours heureux, lorsque j'apprendrai le bonheur de la France. Je voudrois vous embrasser tous, je ne le puis, j'embrasserai votre général et votre aigle.

Il embrassa en effet l'aigle à plusieurs reprises et le général Petit. Et en montant en voiture, avec les généraux Drouot et Bertrand, il ajouta : Adieu, mes enfants.

Les premières journées de son voyage se passèrent sans événement. Mais à mesure qu'il s'avançoit vers le midi, il crut entendre des menaces et voir des visages irrités contre lui. Il fut mal accueilli dans les villes

d'Orange et d'Avignon. Il entendit clairement répéter les cris: A bas le tyran..

A Orgon, il vit sur la place un mannequin barbouillé de sang et attaché à une potence, avec cette inscription: Tel sera le sort du tyran. A Aix, il ne se sauva de la fureur du peuple que par un déguisement: et ce fut sous l'uniforme autrichien qu'il continna son voyage et qu'il arriva à Saint-Raphau, où il devoit s'embarquer. Il étoit malade, autant d'inquiétudes que de fatigues: cela ne l'empêcha pas de monter dès le soir même sur une frégate angloise, qui appareilla le 29, et arriva à PortoFerrajo le 4 mai, le même jour que le roi faisoit son entrée dans Paris.

1814.

MONSIEUR

MONSIEUR avoit fait la sienne, le 12 avril, au milieu Entrée de des cris de joie de tous les habitants de cette grande à Paris. ville, et de ceux de toutes les armées de l'Europe, dont l'esprit sembloit alors se confondre avec celui des François. S. A. R. fut reçue à la barrière par le gouvernement provisoire, et complimentée par M. le prince Talleyrand. Elle répondit:

« MM. les membres du gouvernement provisoire, je vous remercie de ce que vous avez fait pour notre patrie; j'éprouve une émotion qui m'empêche d'exprimer tout ce que je ressens. Plus de divisions; la paix et la France. Je la revois enfin, et rien n'y est changé, si ce n'est qu'il s'y trouve un François de plus!» Ces dernières paroles ne furent pas prononcées sans émotion: et tous ceux qui les entendirent, sans exception, la partagérent avec une sorte d'ivresse.

Le cortège étoit nombreux et brillant. Sa marche ne pouvoit être que très lente au milieu de la foule immense qui, depuis la barrière St.-Martin jusqu'à Notre

1814.

Dame, et depuis Notre-Dame jusqu'aux Tuileries, remplissoit les rues et ne se rassasioit pas de la vue d'un prince qui, par lui-même, par ses graces naturelles, par l'extrême bonté peinte dans tous ses traits, méritoit cet empressement, et le méritoit encore par ses longues infortunes, et par ses droits au trône que sa famille occupe depuis huit cents ans.

Monsieur n'arriva qu'à six heures du soir aux Tuileries. Il avoit fait ce long trajet à cheval. Il paroissoit fatigué; il devoit l'être : mais lorsqu'on lui en fit la remarque, il répondit gaiement: Comment serois-je fatigué un jour comme celui-ci? C'est le premier jour de bonheur qui ait lui pour moi depuis vingt-cinq ans. Le 14 avril, le sénat en corps alla lui porter le décret qui remettoit en ses mains le gouvernement provisoire avec le titre de lieutenant-général du royaume ; en attendant (ce sont les termes du décret) que Louis-StanislasXavier de France ait accepté la charte constitutionnelle. Sans discuter le droit que le sénat s'arrogeoit de conférer des titres et d'y apposer des conditions, Monsieur répondit avec autant de sagesse que d'affabilité :

« Messieurs les membres du sénat, j'ai pris connoissance de l'acte constitutionnel qui rappelle au trône de France le roi, mon auguste frère. Je n'ai point reçu de lui le droit d'accepter la constitution; mais je connois ses sentiments et ses principes, et je ne crains pas d'être désavoué en assurant en son nom qu'il en admettra les bases.

« Je vous remercie, au nom de mon frère, de la part que vous avez eue au retour de notre souverain légitime, et de ce que vous avez assuré par-là le bonheur de la France, pour laquelle le roi et toute sa famille sont prêts à sacrifier leur sang. Il ne peut y avoir parmi

nous qu'un sentiment. Il ne faut plus se rappeler le passé. Nous ne devons plus former qu'un peuple de frères. Pendant le temps que j'aurai entre les mains le pouvoir, temps qui, je l'espère, sera très court, j'emploierai tous mes moyens à travailler au bonheur public. »

Monsieur garda pour ministres les anciens membres du gouvernement provisoire, auxquels il adjoignit le maréchal Oudinot et le général Dessoles. Il se fit rendre compte de la situation du royaume ; il voulut connoître les abus de l'ancien gouvernement pour les réformer, ses excès pour les modérer, ses crimes pour les effacer. Loin de chercher des coupables, il excusoit tout le monde, et rejetoit toutes les fautes sur le malheur des temps. Il auroit desiré qu'on pût jeter un voile sur le passé.

Si on ajoute à l'effet qu'une telle conduite, comparée à celle de Buonaparte, devoit produire sur l'esprit des François, la conviction qui commençoit à s'établir que le rappel des Bourbons étoit le seul topique qui pût guérir nos profondes blessures, et la seule garantie de la paix du monde, on aura l'idée du mouvement singulier, et peut-être unique dans nos annales, qui porta tous les cœurs aux pieds du comte d'Artois, lieutenant-général du royaume, pour lui offrir l'expression sincère d'un dévouement parfait. Ce fut un élan universel; c'étoit la nation tout entière qui se levoit en masse pour célébrer sa réunion à l'auguste famille des Bourbons, et manifester de toute manière sa joie de la voir rentrer en France, et son impatience de lui rendre tous ses droits.

Cet élan fut comprimé pendant quelques jours, sur les bords de la Loire, par la présence de l'armée que la convention faite à Paris envoya dans ces cantons, et

1814.

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