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DE

FRANCE,

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CHEZ ARTHUS-BERTRAND, Libraire, rue Haute-
feuille, N° 23, acquéreur du fonds de M. Buisson et
de celui de Mme Ve Desaint.

1809.

DE L'IMPRIMERIE DE D. COLAS, rue du VieuxColombier, No 26, faubourg Saint-Germain.

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N° CCCCXXXIII.-Samedi 4 Novembre 1809.

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DANS les détours de la montagne Noire,
Près de Revel, est un abime affreux.
L'Occitanie a gardé la mémoire.

Des pleurs versés sur ces bords malheureux :
J'en vais conter la déplorable histoire;
Prêtez l'oreille à mes chants douloureux.

C'est en ces lieux qu'une onde mugissante
Baignait d'Arthur les superbes créneaux.
Du vieux Mainfroi l'héritière charmante
Avait reçu les vœux de ce héros,
Quand sur les pas d'une élite brillante,
De la croisade il suivit les drapeaux.
Cinq ans Arthur fut captif en Syrie,
Cinq ans la belle attendit son retour.
Loin que
l'absence ou le tems l'eût guérie,
Elle l'aimait comme le premier jour;
Et conservant son image chérie,
Elle écarta tous les servans d'amour.

Mais libre enfin, celui qu'elle préfère,
Du mont natal a revu les sommets.
Pour Geneviève et pour Mainfroi son père,
Il a juré de vivre désormais;

Et sous l'abri du toit héréditaire,

Près d'elle il veut se fixer à jamais.

Déjà naissait la brillante journée

Qui les devait unir par de saints nœuds.

Faveur d'Amour et serment d'Hyménée,
Du jeune Arthur allaient combler les vœux;
Tout était prêt : mais que la destinée
Pour les mortels a des retours affreux!
Impatient du bonheur qui s'avance,
Le chevalier monte un beau palefroi.
Il sort, guidé par la douce espérance
De voir bientôt la fille de Mainfroi :
Belle d'attraits autant que d'innocence,
Elle accourait pour recevoir sa foi.
Vingt ménestrels à l'écharpe dorée,
O Geneviève! accompagnaient tes pas.
Près de ton père et d'un voile parée,
Tu cachais mal ton modeste embarras.

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Telle une rose au doux zéphyr livrée,
Semble rougir de ses jeunes appas.
Un ciel d'azur éclairait cette fête;
Le long du gouffre ils allaient folâtrant.
Mais, ô douleur! voici que la tempête
Au sein des jeux tout-à-coup les surprend;
La foudre gronde, et la troupe s'arrête
En un sentier, sur le bord du torrent.
Là, vainement la vierge épouvantée,
Cherche un abri contre un ciel en courroux.
Des longs replis de sa robe agitée,
Les aquilons entourent ses genoux;
Et dans l'abîme elle roule emportée,
En appelant son père et son époux.
A ce spectacle, oh! qui pourra redire
Et la douleur et l'effroi du vieillard ?
Du jeune amant qui peindra le délire,
Ses noirs transports, son farouche regard?
L'infortuné se roule, se déchire,

Et veut en vain se frapper d'un poignard.
Plus calme enfin, dans son ame attendrie
Les longs regrets succèdent aux fureurs.
« Ma Geneviève, ah ! quand tu m'es ravie,
> C'est bien raison que je verse des pleurs :
» J'ai, te perdant, perdu plus que la vie,
» Et la mort seule a pour moi des douceurs. »

Disant ces mots, plein d'un chagrin sauvage,

Au fond des bois il court s'ensevelir.
Comme un beau lis abattu par l'orage,
Dans la tristesse on le vit se flétrir;
Et sur ces bords fondant un ermitage,
Le pauvre Arthur y vint bientôt mourir.

Depuis ce jour, quand la lune s'élève
Comme une lampe au milieu d'un ciel
pur,
En gémissant, la voix de Geneviève
Monte du fond de cet abîme obscur ;
L'heure s'écoule, enfin la nuit s'achève,
Et cette voix appelle encore Arthur.
Mais si l'orage ébranle la montagne,
Et dans la nuit semble éveiller les morts;
Si le torrent, à travers la campagne,
Se précipite et ravage ses bords;

Au bruit des vents que l'éclair accompagne,
Du chevalier l'ombre apparaît alors :

Elle apparaît près de ce gouffre humide,
Sur un coursier éclatant de blancheur;
Et franchissant, dans sa course rapide,
Ces noirs rochers, témoins de son malheur,
Elle se plaint, maudit ce lieu perfide,
Et par ses cris sème au loin la terreur.

S. EDMONT GEraud.

ENIGME.

ARCHITECTE savant, géomètre profond,

La maison que j'habite est toujours sans plafond.
Comme il m'importe fort qu'elle ne soit pas stable,
Sans mortier, sans ciment, je bâtis sur le sable.
On me voit, sans compas, pour former mon manoir,
Tracer une spirale en forme d'entonnoir.
Vigilant casanier, chasseur infatigable,

Sentinelle attentif, ennemi redoutable,

Malheur à l'imprudent qui rode vers mon bord!

Il ne saurait tarder à rencontrer la mort.

Averti de sa marche, à l'instant je l'assiége;
Une grêle de traits le culbute en un piége,
Funeste souterrain dont je suis l'artisan.

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