Lettres inédites de Mme de Staël à Henri Meister

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Side 38 - Voltaire n'ira point à Paris, mais il aime fort qu'on le presse d'y aller. Il voudrait joindre à sa gloire l'éclat, mais il veut aussi prolonger sa vie, qui n'est que le sentiment continuel de sa gloire, et il comprend qu'un voyage à Paris, qui l'obligerait à des efforts au-dessus de son âge, mettrait sa santé en quelque péril. Ce n'est pas qu'il ne soit encore plein de vigueur et de force; en deux mois il a composé trois brochures : Prix de la Justice et de l'Humanité; Commentaire sur...
Side 146 - Comme il était en allemand, je n'ai pu qu'admirer la reliure. Benjamin assure, entre nous, que je suis mieux partagée que lui qui l'a lu. Mais il faut que, dans votre bonté, vous fassiez parvenir à Gœthe un remerciement superbe qui jette un voile sur mon ignorance et parle beaucoup de ma reconnaissance et de mon admiration pour l'auteur de Werther (2).
Side 221 - Quelle puissance que la religion qui donne de la force aux faibles, tandis que tout ce qui était fort n'en a plus ! On m'a fait encore offrir de raccommoder le brûlé, d'ôter quelque chose, d'ajouter surtout quelque chose, de changer le titre, et de le faire paraître...
Side 168 - Gœthe un exemplaire. Elle ajoute : « En voilà assez de l'auteur femelle. » Ce n'est qu'en 1800 qu'elle prend son parti de se mettre à étudier l'allemand, mais c'est d'abord avec peu de goût. « Je continue l'allemand avec résignation, écrit-elle à Meister, mais je ne conçois pas comment vous avez fait pour écrire si bien le français en sachant si bien l'allemand ; il me semble que l'un exclut l'autre.
Side 137 - Aller à Zurich pour un auteur allemand, quelque célèbre qu'il soit, c'est ce que vous ne me verrez pas faire. Je crois savoir déjà tout ce qui se dit en allemand et même cinquante ans de ce qui se dira.
Side 149 - Il n'y avait point d'argent pour transporter une armée en Egypte ; et ce que Bonaparte fit surtout de condamnable , ce fut d'exciter le directoire à l'invasion de la Suisse, afin de s'emparer du trésor de Berne , que deux cents ans de sagesse et d'économie avaient amassé.
Side 247 - ... il fallait courir en glissant. En général, toute cette notice a passé par des revues multipliées, tant d'Auguste, de M. et Mme de Broglie, que de moi. Si vous aviez été ici, vous auriez fait partie du conseil épuratoire. Il importait trop à la mémoire de celle qui a tenu une si grande place pendant sa vie, que cette notice dise presque tout, et pas tout.
Side 173 - N'en concluriez-vous pas par hasard que la liberté est de quelque chose dans l'intérêt que les peuples prennent à leur destinée... Bonaparte, très en colère de l'impassibilité de Paris, a dit à ses courtisans réunis: « Que leur faut-il donc? » Et personne ne s'est levé, en pied ou rassis, s'il était debout, pour lui dire : La liberté, citoyen Consul, la liberté!...
Side 89 - Votre chambre n'est plus occupée ; après avoir essayé inutilement toutes les ressources de l'esprit et de la raison, pour détourner ma fille d'un projet insensé, nous crûmes qu'un petit séjour à Genève pourroit la rendre plus docile par l'influence de l'opinion.
Side 147 - Sans les armées, il n'y aurait plus d'espoir pour la République, et je veux commencer un livre ainsi : La contre-révolution est faite ; Louis XVIII règne; reste à savoir si les deux Conseils et le Directoire pourront conspirer assez adroitement pour le détrôner. Vous sentez que mon patriotisme a beaucoup d'humeur de tout ceci. La République m'exile, la contrerévolution me pend; il me faut un juste milieu qui n'est jamais en France qu'un passage si rapide qu'il sert à peine de transition...

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