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TROISIÈME ÉPOQUE.

SITUATION DES JUIFS EN ORIENT, DEPUIS LE SIXIÈME SIÈCLE JUSQU'AU DIX-SEPTIÈME.

PENDANT Soixante ans les académies fleurirent en Orient sous la direction de Rabbi Asé. Ce fut lui, comme nous l'avons dit, qui commença la collection du Talmud de Babylone. Il mourut à l'âge de soixante-quatorze ans, et son fils Marimar, ou, selon d'autres, Rabbi Huna, devint président des académies, ou prince de la captivité, l'an 455. La

Le Talmud de Babylone comprend, comme celui de Jérusalem, la Misna (ou seconde loi) et la Ghémare, ou commentaire qui sert de complément au texte. La Ghémare de Rabbi Asé, comme celle de Jochanan, qui fait partie du premier Talmud, est un recueil de sentences, de paraboles et de décisions des plus illustres docteurs de la loi juive.

composition du Talmud fut interrompue par une persécution de soixantetreize ans : elle fut violente. On défendit aux Juifs de célébrer le jour du sabbat: les synagogues furent fermées; on les donna aux Mages; les premiers docteurs de la nation furent empoisonnés, fouettés, torturés, mis à mort, sans qu'on pût ébranler leur constance et les amener à une apostasie; mais un grand nombre de Juifs, qu'effraya la violence des tortures, abjurèrent leur religion.

Ce fut vers la fin du cinquième siècle qu'on vit naître un nouvel ordre de docteurs, appelés Douteurs ou Séburéens, à la tête desquels fut Rabbi José. Ces Pyrrhoniens juifs se firent détester de la nation. Faisant profession de douter de tout, ils refusèrent de reconnaître, comme tous leurs frères, l'infaillibilité du Talmud.

Les historiens parlent encore ici d'un peuple appelé Nephtalites, avec lequel Pérosès, roi de Perse, s'engagea dans une guerre malheureuse où il périt. Plusieurs critiques veulent que ce peuple fût de la race juive, de la tribu

de Nephtali, que Tiglat - Piléser avait transportée sur les frontières de la Perse.

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Le sixième siècle commença par une persécution violente qu'essuyèrent les Juifs et les Chrétiens d'Orient. Le roi de Perse, Cavades, qui ne pouvait souffrir la diversité de religions dans ses états, fit couper les jarrets à une infinité de Chrétiens, qui n'en marchèrent pas moins pour cela. Les Juifs sans jarrets ne furent pas si heureux, et se résignérent à marcher sur des béquilles.

Chosroès le Grand ne leur fut pas plus favorable que son père. Ils essayèrent en vain de gagner son amitié en l'excitant à rompre définitivement avec l'empereur Justinien, et en lui promettant, s'il voulait continuer la guerre, de lever cinquante mille hommes en Judée, pour enlever Jérusalem aux Romains, à condition que cette ville serait remise aux Juifs, et que le temple se relèverait de ses ruines. Malheureusement les négociateurs, qui étaient partis pour la Judée dans le but de préparer cette entreprise, furent pris et mis à mort par

les Romains. Chosroès n'en fit pas moins des incursions en Syrie et en Palestine. Mais il ne ménagea pas plus les Juifs que les autres habitans: ils éprouvèrent toutes les violences de la conquête. Ceux de Perse ne furent pas mieux traités: on ferma leurs écoles; et le prince de la captivité fut obligé de se réfugier en Judée.

Hormisdas III leur rendit tous leurs priviléges. Il rouvrit leurs académies, et entre autres la célèbre école de Pumpédita, où enseignait le rabbin Chanan Méhischka, le premier qui prit le titre de Gaon, nouvel ordre de docteurs connus sous le nom de Gaonims ( sublimes ou excellens). Malheureusement, douze ans. Son Hormisdas ne régna que fils Chosroès II le tua à coups de bâton. Attaqué à son tour par son propre fils, Varame, qui lui disputait le trône, il triompha de cette révolte, et punit cruellement les Juifs qui en avaient été les principaux soutiens. Il en fit périr un nombre immense. Il se réconcilia cependant avec eux, et ils le secondèrent puissamment dans son expédition de

Palestine, où, s'il faut en croire les historiens chrétiens, ils firent expirer dans les tortures quatre-vingt-dix mille prisonniers de cette religion, qui leur avaient été livrés par Chosroès lorsqu'il s'empara de Jérusalem. Chosroès mourut en 628. Trois ans après, finit la monarchie des Perses, qui passa aux Sar

rasins.

Au commencement du septième siècle parut Mahomet. Ce législateur modela évidemment sur la religion juive la religion qu'il fondait. Coutumes, dogmes, opinions, presque tout fut juif dans l'islamisme. C'était une époque admirablement choisie pour la promulgation d'une nouvelle croyance. Aussi s'étendit-elle avec rapidité dans l'Orient, auquel convenaient peu les formes sévères du christianisme. On pourrait avec quelque raison regarder la religion de Mahomet comme un schisme du judaïsme. Cette foi des anciens jours avait besoin de se reproduire sous un caractère nouveau, pour plaire à l'imagination vive des Asiatiques. Le plus grand, et peut-être le seul point réel de

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