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>> secte dominante ou privilégiée, toutes les >> enseignes religieuses qui se trouvent placées » sur les routes, sur les places, et généralement » sur tous les lieux publics, seront anéanties.

» 3. Il est défendu à tous les ministres, à tous » les prêtres, de paraître publiquement avec » leurs habits de religion, sous peine d'être mis >> en état d'arrestation.

» 4. Dans chaque municipalité, tous les morts » seront portés et conduits à un cimetière comisolé de toute habitation. Ils seront cou» verts d'un voile funèbre, sur lequel sera peint >> le sommeil.

>> mun,

» Le lieu commun de la sépulture sera planté » d'arbres, sous l'ombre desquels s'élevera une >> statue représentant le sommeil. Tous les autres » signes seront abattus.

» On lira sur la porte de ce champ des morts >> cette inscription: La Mort est un sommeil » éternel. »

pu

-Qu'on nous permette cette unique et modeste observation. C'est qu'après vingt-sept années d'expériences sur l'opinion, sur la volonté blique, la même cause agissant toujours a ramené les mêmes effets. Une tolérance raisonnée a soumis tous les cultes à une protection égale

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comme à des charges semblables. Si, comme le prétend certaine faction, cette tolérance

n'était que le résultat de l'indifférence en matière de religion, je ne vois pas pourquoi l'on désirait tant, qu'après avoir été évangélisée par la philosophie, elle fût établie par la loi; je ne vois pas pourquoi, dans la supposition que la religion fût indifférente, et que tout culte fût indifférent au peuple français, il s'inquiéteroit tant d'être troublé dans sa manière de l'exercer. Non: la nation, qui, malgré les crimes des factions, se régénère, sent parfaitement qu'elle a d'autant plus besoin d'être religieuse, qu'elle vise à plus d'indépendance. Sous le despotisme, la religion était la compensation de la tyrannie. Sous un gouvernement qui ne veut plus, qui ne peut plus être absolu, la religion sera le contrepoids de la liberté. Mais pour jouir de l'une par l'autre avec une pleine sécurité, cette tolérance uniforme, cette protection égale est nécessaire, qui ne fait acception ni des hommes, ni des époques, ni des localités, ni des opinions, et qui ne connaît que les principes. Ces derniers exprimés sans doute avec une âpreté trop révolutionnaire, dans l'arrêté d'un proconsul révolutionnaire, ont été recueillis plus décemment et consacrés dans la Charte que le peuple a acceptée, parce que, suivant le mot véridique de son auguste auteur, elle est l'expression des lumières du siècle et des besoins du peuple.

Nous lisons, en effet, dans l'article 5 de cette loi fondamentale, que chacun professe sa religion avec une « égale liberté, et obtient » pour son culte la même protection. » — Je crains maintenant que les mêmes hommes qui croient flétrir les hommes et les institutions, en leur accolant le nom de philosophes et l'épithète de philosophiques, ne ménagent pas plus la Charte, qu'ils se vantent pourtant de vouloir et de vénérer; je crains même que de cet adjectif néologique que je réservais à la mission de Fouché, ils n'affublent tout ce qui est digne de leur respect, et que, dans leur dépit vindicatif, ils ne disent que le législateur de la France est un philosophiste, et que sa constitution est philosophesque.

XI. CELA ÉTAIT-IL BIEN SINCERE?

Un sage, a dit le sage par excellence, Salomon, un sage doit se conformer au temps. Cette maxime eût été inventée par M. Fouché, s'il ne l'eût pas trouvée toute faite dans le recueil des proverbes attribués à la sagesse des nations: au moins ne voulut-il pas que sa conduite démentît celui-ci. Nous le verrons bientôt faire, des richesses et de l'or, tout le cas que la perversité du siècle et la corruption de l'empire leur ont

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attaché. Alors, c'est-à-dire en 1793 et 1794, on dédaignait la fortune, on préférait le fer à l'or, les pommes de terre aux mets les plus friands, l'onde transparente d'un ruisseau à la tisane de Champagne. Tel matador d'aujourd'hui, que vous voyez caparaçonné d'une housse bleue de roi, rehaussée d'une broderie fleurdelisée, montrait alors ses formes démocratiques sous une carmagnole ramonat; et quoique Robespierre fût poudré à frimas, son Séïde, le jeune Saint-Just, invectivait contre les dîners cordeliers de Danton et Lacroix, à cent écus par tête, et vantait la volupté de la cabane. Pour n'être pas en reste avec ces singes de Marius qui versaient le sang et mouraient insolvables (1), Fouché envoyait d'abord à la Convention.

(1) Le gouvernement des neuf derniers mois avant thermidor, et celui de l'année qui suivit la chute du tyran nominal de cette terrible époque, furent des gouvernemens d'assassins, dont le bourreau était le premier ministre. Toutefois, il y a entre eux cette différence, que sous Robespierre on tuait, mais qu'on ne volait pas ; du moins, que le vol légal c'est-à-dire la confiscation, n'allait grossir que le trésor public et ne gonflait pas les bourses particulières. Marat mourut littéralement insolvable; et Robespierre, chez lequel, à sa mort, l'on ne trouva pas plus de 150 fr., logeait modestement chez un menuisier, dont il partageait l'ordinaire. Leurs successeurs furent moins farouches; et tel ancien collègue du

1091 pièces en or, provenant des dépouilles des églises du Nivernais. Un second envoi suivait le premier, un troisième ne tardait pas ; il les accompagnaitet les faisait accompagner de ces harangues et de ces billets doux révolutionnaires : « Réprésentans du peuple,mes collégues(1),je vous expédie dix-sept malles pleines d'or, d'argent et d'argenterie de toute espèce,provenant de la dépouille des églises, des châteaux et aussi des dons multipliés des sans-culottes. Vous verrez avec une satisfaction patriotique deux belles crosses d'argent doré et une couronne ducale en vermeil. L'or et l'argent ont fait plus de mal à la république que le fer et le feu des féroces Autrichiens et des lâches Anglais. Je suis scandalisé de l'imbécille complaisance avec laquelle on laisse ces métaux corrupteurs entre les mains des hommes suspects: c'est la dernière ressource de la malveillance, comme c'est le premier espoir de la cupidité. Avilissons l'or et l'argent, traînons dans

tyran voit son nom briller en caractères dorés à la tête des plus imposés de son département, c'est-à-dire du grand collége électoral. Il y a loin de cette fastueuse aristocratie romaine, à l'âpre démocratie qu'affectèrent, durant quinze à vingt mois, les Aristide et les Phocion de l'an 2.

(1) Le texte de cette lettre, altérée par divers biographes, est rétabli ici dans son intégrité.

« ForrigeFortsett »