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Pour réédifier la société française, il faut se placer sur le terrain catholique. La doctrine chrétienne n'admet, en fait d'institutions sociales, rien de ce que la révolution a nié; elle pose de plus des principes d'organisation que celle-là était hors d'état d'établir, parce qu'elle avait perdu de vue son origine.

Selon nous, pour se placer à la tête des nations modernes, comme elle y a été si long-temps, il faut que la France, reprenant la gloire de tout son passé, déclare que :

Son but est de réaliser socialement la morale de Jésus-Christ;

Que vis-à-vis de cette morale, les devoirs sont la source des droits; et que, pour les nations comme pour les individus, tout droit émane d'un devoir accompli ;

Qu'en conséquence, ses premiers efforts auront pour but l'établissement de la liberté, de l'égalité et de la fraternité, afin que chacun, homme ou nation, puisse librement conquérir le droit par le devoir, et puisse mériter ou démériter;

Qu'enfin le premier signe de la capacité pour le pouvoir est la complète et volontaire abnégation de soi-même; car Jésus-Christ a dit que celui qui voudrait être le premier parmi nous devait se faire notre serviteur.

Nous finirons par cette conclusion générale, l'abrégé logique dans lequel nous avons essayé de résumer les questions traitées dans nos préfaces. Nous nous sommes appliqués dans ce petit travail plutôt à saisir l'attention et à exciter la curiosité de ceux qui ne les ont pas lues, plutôt à présenter le lien rationnel qui unit ces articles détachés, qu'à en donner une exposition complète. Il est des choses que nous ne pouvions répéter et qui supposent la lecture du livre même de notre histoire,

dans lequel nous les avons comprises. On nous excusera donc si nous n'avons pu éviter aux lecteurs la peine de lire quelques pages de plus. Il ne nous reste plus maintenant, en terminant, qu'à nous féliciter d'avoir mis à fin une si longue et si difficile entreprise, qu'à remercier les personnes dont la bienveillance nous a livré les matériaux et les pièces dont nous nous sommes servis, et enfin les nombreux souscripteurs dont la confiance et la persévérance nous ont mis à même d'achever notre travail.

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HISTOIRE PARLEMENTAIRE

DE LA

RÉVOLUTION

FRANÇAISE.

RESTAURATION.

ANNÉES 1814 ET 1815.

Si l'on a lu avec attention la narration qui précède, on aura reconnu que la France fut en quelque sorte livrée à l'étranger et à la restauration, par la coupable imprévoyance de son gouvernement, ou plutôt par l'odieuse défiance dont il était animé contre elle. La France fut, après les désastres de 1813, tenue dans la plus entière sécurité; on ne l'avertit point de s'armer et de se défendre; on lui assura au contraire qu'elle n'avait rien à craindre. Aussi, chaque pas que fit l'invasion sur notre territoire fut en quelque sorte une surprise; nulle part on ne l'attendait; nulle part on n'était sur ses gardes. Partout on fut pris à l'improviste, sauf le pouvoir, qui après avoir manqué de force et de prudence pour mettre à l'abri nos frontières, n'osait reconnaître ses erreurs et son impuissance, ni se démettre en avouant qu'il était incapable de sauver la nation qu'il avait perdue, persistant obstinément à l'entretenir dans une fausse sécurité. Ce qui se passa

T. XL.

1

à

Paris eut lieu partout. La France fut trahie, non par quelques hommes, ainsi qu'on l'a dit, mais par le gouvernement lui-même, mais par le pouvoir pour lequel elle avait tout fait et auquel elle s'était abandonnée avec tant de confiance. La déchéance de Napoléon était un acte de justice nationale, mais un acte trop tardif; s'il eût suivi le désastre de Moscou, tout eût été sauvé; la France de 1799 serait restée intacte. Sans doute, même après la prise de Paris, la nation pouvait encore se sauver et écraser ses ennemis. L'étranger ne l'ignorait pas. Lord Castlereag déclara en plein parlement que, si l'on n'avait pas réduit davantage son terri'toire, c'était parce qu'on ne l'avait pas osé; c'eût été, ajoutat-il, une tentative imprudente par laquelle on pouvait tout perdre. Ce fut par ce motif qu'après la capitulation de Paris les princes coalisés ne traitèrent pas la France comme une conquête, mais s'adressèrent à elle comme à une puissance, lui parlèrent comme à un roi leur égal, et employèrent ses formes constitutionnelles pour terminer le guerre. Ils savaient mieux que Napoléon combien cette nation était redoutable. Quant aux Français ils étaient encore dans la stupeur ; ils croyaient encore à leur empereur; ils pensaient qu'il était toujours capable de les sauver puisqu'ils lui voyaient garder le commandement. Il fallait, pour que le peuple ne prît conseil que de son courage, que Napoléon se déclarât impuissant. Alors la France fût devenue une Vendée, où l'Europe aurait vainement épuisé sa dernière goutte de sang. Mais, lorsqu'on entendit le langage modéré et presque respectueux des étrangers, lorsqu'on vit les autorités impériales l'accepter, lorsqu'on lut les décrets constitutionnels du sénat et du corps lé gislatif, on hésita. La bourgeoisie crat à tout ce qu'on lui promettait; elle réfléchit que combattre pour Napoléon, c'était se sacrifier pour le despotisme et la conscription; elle espéra que les Bourbons, étant sans appui en France, iraient en chercher un dans leur fidélité aux engagemens qui leur étaient imposés. Le peuple des campagnes, les ouvriers des villes voyant les bourgeois, dont ils prennent les lumières pour guide, accepter la paix, retournèrent à leurs travaux, se reposant dans le sou

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