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S'il s'agit de mon ambition, je conçois qu'elle est trèsgrande.

J'ai l'ambition de servir la cause de l'humanité, et d'assurer l'indépendance des presqu'iles scandinaves.

Pour parvenir à ce but, je m'appuie sur la justice de la cause que le Roi m'a ordonné de défendre, sur la persévérance de la nation et sur la probité de la coalition.

De quelque manière que vous vous décidiez, pour la paix ou pour la guérre, je ne cesserai pas de conserver pour V. M. les sentimens d'un ancien frère d'armes.

Proclamation du Prince Royal de Suède avant d'entrer en Allemagne.

Lorsque la nation suédoise, l'une des plus anciennes et des plus respectables de l'Europe, m'assura l'expectative immédiate à la gestion de ses affaires publiques et la succession au trône, je renonçai à une première patrie pour me vouer de toute mon âme à une patrie nouvelle que je trouvai sur les bords de la mer Baltique. Je reconnus dès ce moment et franchement tout Suédois comme étant de ma famille, et je me convainquis que ce n'étoit qu'en assurant le bonheur des Suédois que je pourrois répondre à une si haute vocation.

Ce n'est point par une volonté arbitraire ni pour céder à des suggestions étrangères que Sa Majesté m'a ordonné de mettre sur pied de guerre les armées de l'empire suédois pour combattre, s'il est nécessaire, l'ennemil commun du nord de l'Europe.

Lorsque je me mets à la tête des braves Suédois pour,

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de concert avec la Russie, guérir les plaies qu'une guerre précédente a causées au bien-être de la Suède, la France ne peut pas me nommer parjure; car c'est du consentement de son chef que j'embrasse les intérêts d'un peuple auquel sa situation politique ne permet pas d'être l'ennemi des grandes puissances maritimes de l'Europe. Bien plus, une alliance avec les habitans de l'Europe méridionale n'assureroit pas l'existence politique de la nation suédoise; car connoissant à fond les projets de l'homme le plus ambitieux et le plus glorieux de notre temps, je puis assurer mes compatriotes et les habitans du Nord que, pendant que j'étois à ses côtés et que je combattis sous ses ordres, j'ai acquis la pleine conviction qu'aucune considération amicale ne peut mettre des bornes à ses prétentions, mais que la force seule peut l'y contraindre.

Manifeste de S. M. l'Empereur d'Autriche, Roi de Hongrie et de Bohéme.

LA monarchie autrichienne se trouva engagée par sa situation, par ses alliances multipliées avec d'autres puissances, par son importance dans l'alliance des états d'Europe, dans une grande partie des guerres qui, depuis vingt ans, ont dévasté cette partie du globe.

Dans tout le cours de ces guerres difficiles, ce fut toujours la même base politique qui régla les pas de S. M. l'Empereur. Par inclination, par le sentiment de son devoir, par amour pour ses peuples, toujours portéé à la paix, et n'écoutant aucune idée de s'agrandir, S. M. n'a jamais pris les armes que quand la nécessité de se défendre immédiatement, ou la conservation des états voisins, ou le danger de voir s'écrouler tout

le système social de l'Europe par des changemens arbitraires, ont pu l'y contraindre. S. M. a souhaité de vivre et de régner pour la justice et pour l'ordre. Pour la justice et pour l'ordre seul l'Autriche a combattu. Si dans ces combats, souvent malheureux, la monarchie reçut de profondes blessures, S. M. eut la consolation que le sort de son empire ne fut point exposé à des entreprises inutiles ou haineuses, et que chacune de ses révolutions est justifiée devant Dieu, devant son peuple, comme elle l'est par les contemporains, et comme elle le sera par la postérité.

La guerre de 1809, malgré de bons et de grands préparatifs, auroit fait périr l'état, si la bravoure extraordinaire des armées, si l'esprit de fidélité et d'attachement à la patrie qui animoit toutes les classes de la monarchie, ne l'avoient emporté sur une destinée ennemie.

La doctrine nationale et l'ancienne gloire des armes se soutenoient au milieu des contrariétés de cette guerre ; mais de précieuses provinces furent perdues, et, par l'union des côtes de la mer Adriatique, l'Autriche fut privée de sa part au commerce maritime, l'une des branches alimentaires de son industrie; ce coup auroit été bien plus profondément senti, si en même temps le système nuisible qui embrassoit tout le continent, n'eût pas cerné tous les débouchés du commerce et rompu généralement les communications de peuple à peuple.

La marche et les résultats de cette guerre ont donné à S. M. la pleine conviction que les tentatives et les effets partiels des états ne peuvent absolument sauver l'ancien système politique de l'Europe, si profondément ébranlé, et que même, loin de porter remède à la misère générale, ces tentatives, ces efforts l'avoient accéléré, et tendoient

même à l'anéantissement de tout espoir d'un avenir plus heureux.

Guidée par cette conviction, S. M. reconnut l'avantage essentiel qui résultoit d'une paix certaine pour plusieurs années, en ce que cette paix arrêteroit efficacement les progrès d'un torrent toujours plus dévastateur. S. M. vit que cette paix seule rendroit à la monarchie le calme nécessaire pour améliorer ses finances et l'état de ses armées, qu'en même temps elle donneroit aux états voisins un repos, durant lequel leur prudence et leur activité prépareroient de plus heureux jours.

Une telle paix dans ces temps orageux ne pouvoit être atteinte que par une résolution aussi grande que magnanime. S. M. le sentit; elle prit icette résolution pour l'intérêt de l'humanité, pour servir de rempart contre les malheurs imprévus ; et pour donner une garantie d'un meilleur ordre de choses, S. M. donna ce qu'elle avoit de plus cher à son cœur.

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Dans ce dessein, s'élevant au-dessus des préjugés, un noeud fut formé; ce noud, dans les circonstances désastreuses d'un combat inégal, donnoit à la partie la plus foible et la plus souffrante un gage de son rétablissement, il ramenoit le plus fort et le vainqueur aux sentimens de modération et de justice; et de cette manière -il rétablissoit l'équilibre des forces, sans lequel les états ne peuvent échapper à une misère générale. L'Empereur, en formant ce noud, étoit d'autant plus autorisé à en attendre un heureux résultat, que Napoléon étoit luimême à ce point de sa carrière où il pouvoit bien plutôt désirer de conserver ce qu'il avoit acquis que de faire dé nouvelles conquêtes. Chaque pas au-delà d'une domination déjà trop étendue fut pour la France, accablée

du poids de ses conquêtes, un danger imminent de nuire à ses propres intérêts; sa sécurité diminuoit en proportion de son agrandissement.

Aux

yeux de l'univers comme à ceux de la nation française, l'alliance de Napoléon à la plus ancienne famille impériale de la chrétienté affermissoit tellement et fortifioit le colosse de sa grandeur, que tout plan d'augmentation ne pouvoit que lui devenir nuisible.

Ce que la France, ce que l'Europe, ce que tant de nations subjuguées implorèrent du ciel, une sage politique le prescrivoit au dominateur couronne de gloire et de triomphe, comme une loi pour sa conservation.

Il étoit permis de croire que tant et de si grands motifs réunis triompheroient de l'avidité d'un seul, et si de si belles espérances sont déçues, l'Autriche ne peut s'en faire aucun reproche.

Après nombre d'années en d'inutiles tentatives, après des sacrifices inconcevables, et de tout genre, il y avoit assez de motifs pour encourager un essai de confiance qui ramenoit le bonheur là où les flots de sang et les pertes ne cessoient de s'accumuler; S. M. ne regretta jamais d'avoir pris ce moyen.

L'an 1810 étant à peine écoulé, la guerre continuoit à ravager l'Espagne; les troupes d'Allemagne avoient à peine le temps de reprendre haleine, que Napoléon résolut, dans une heure malheureuse, de réunir un circuit considérable des pays du nord de l'Allemagne à la masse de pays qui porte le nom d'empire français, et de priver les anciennes villes anséatiques, Hambourg, Brême et Lubeck, de leur existence politique, et peu après de leur commerce, dernier moyen de leur subsistance..

Cet empiètement se fit sans apparence de justice, au

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