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Les promesses qu'il vous a faites, et qu'il vous renou velle solennellement aujourd'hui, il brûle de les remplir, et de signaler par son amour et ses bienfaits le moment fortuné qui, en le rendant à ses sujets, va le rendre à ses enfans.

Signé CHARLES-PHILIPPE.

De par son Altesse Royale.

Signé Le comte François DESCARS.

Proclamation du général Wellington, lors de son entrée en France.

FRANÇAIS,

Je n'entre point sur votre territoire pour faire des conquêtes, le drapeau blanc, auquel vous devez vous rallier, précédera toujours nos armées.

Contribuez de tous vos moyens à rétablir votre ancienne monarchie, seul but auquel tendent tous mes désirs.

ANGLAIS,

Vous avez rendu aux Espagnes le calme et le bonheur, mais cela n'a pas fini la glorieuse tâche qui vous est imposée ; il faut rendre à la France son ancienne monarchie, au monde son bonheur.

Un nom plus doux que celui des armées anglaise, espagnole, portugaise, vous attend: celui d'armée française, sous les ordres d'un Bourbon, honorez-le par votre bravoure accoutumée, et une conduite exempte de tout reproche.

Signé WELLINGTON.

Le Maire de Bordeaux à ses Concitoyens.

HABITANS DE Bordeaux,

Le magistrat paternel de votre ville a été appelé, par les plus heureuses circonstances, à se rendre l'interprète de vos vœux trop long-temps comprimés, et l'organe de votre intérêt, pour accueillir, en votre nom, le neveu, le gendre de Louis XVI, dont la présence change en alliés des peuples irrités, qui, jusqu'à vos portes, ont eu le nom d'ennemis.

Déjà, Bordelais, les proclamations que, dans l'impuissance de la presse, vos plumes impatientes ont multipliées, vous ont rassurés sur les intentions de notre roi et sur les projets de ses alliés.

Ce n'est pas pour assujettir nos contrées à une domination étrangère que les Anglais, les Espagnols et les Portugais y apparoissent; ils se sont réunis dans le midi, comme d'autres peuples au nord, pour détruire le fléau des nations, et le remplacer par un monarque père du peuple; ce n'est même que par lui que nous pouvons apaiser le ressentiment d'une nation voisine, contre laquelle nous avoit lancés le despotisme le plus perfide.

Si je n'avois été convaincu que la présence des Bourbons, conduits par leur généreux alliés, devoit amener la fin de vos maux, je n'aurois sans doute jamais déserté votre ville; mais j'aurois courbé la tête en silence sous un joug passager. On ne m'eût point vu arborer cette couleur qui présage un gouvernement pur, si l'on ne m'avoit garanti que toutes les classes de citoyens jouiroient de ces bienfaits que les progrès de l'esprit humain promettoient à notre siècle.

!

Les mains des Bourbons sont pures du sang français. Le testament de Louis XVI à la main, ils oublient tout ressentiment; partout ils proclament et ils prouvent que la tolérance est le premier besoin de leurs âmes. Instruits que les ministres d'une religion différente de celle qu'ils professent ont gémi sur le sort des rois et des pontifes, ils promettent une égale protection à tous les cultes qui invoquent un Dieu de paix et de réconciliation.

C'est en déplorant les horribles ravages de la tyrannie qu'amena la licence qu'ils oublient les erreurs causées par les illusions de la liberté. Loin d'en vouloir à ceux qui, avec une ardeur trop punie, en ont poursuivi le vain fantôme, ils viennent leur restituer cette liberté véritable qui laisse à la fois le peuple et le monarque sans défiance. Toutes les institutions libérales seront maintenues. Effrayés de la facilité des Français à voter des impôts, soutiens du despotisme, le prince sera le premier à concerter avec vos représentans le mode le plus légal, la répartition la plus équitable pour que le peuple ne soit pas foulé.

Ces courtes et consolantes paroles que vient de vous adresser l'époux de la fille de Louis XVI: Plus de tyrans! plus de guerre! plus de conscription! plus d'impôts vexatoires! ont déjà rassuré vos familles. Déjà S. M. a deux fois proclamé à la face de l'Europe que l'intérêt de l'état lui feroit une loi de consolider des ventes qui, par d'innombrables mutations, ont intéressé tant de familles à des propriétés désormais garanties. Bordelais, je me suis assuré que la ferme volonté de S. M. étoit de favoriser l'industrie, et de ramener parmi nous cette impartiale liberté de commerce qui, avant 1789, avoit répandu l'aisance dans toutes les classes laborieuses. Vos récoltes vont çesser d'être ruineuses; les colonies, trop long-temps

séparées de la mère-patrie, vous seront rendues; la mer, qui étoit devenue comme inutile pour vous, va ramener dans votre port des pavillons amis; l'ouvrier laborieux ne verra plus ses mains oisives; et le marin, rendu à sa noble profession, va naviguer de nouveau pour acheter le repos de sa vieillesse, et léguer son expérience à ses fils.

L'époux de la fille de Louis XVI est dans vos murs : il vous fera bientôt entendre lui-même l'expression des sentimens qui l'animent, et de ceux du monarque dont il est le représentant et l'interprète.

L'espoir des jours de bonheur qu'il nous assure a soutenu mes forces.

pas

Je n'ai besoin de vous inviter à la concorde. Tous nos vœux ne tendent-ils pas au même but, la destruction de la tyrannie sous laquelle nous avons tous également gémi; mais chacun de nous doit y concourir avec autant d'ordre que d'ardeur. Amsterdam n'a point attendu la présence de ses libérateurs pour se prononcer et rétablir l'ancien gouvernement, seul capable de rappeler son commerce à sa prospérité : c'est au patriotisme des négocians que le stathouder a dû son rétablissement, et la prompte création de l'armée qui défend par ses mains la liberté hollandaise.

Les premiers vous aurez donné un semblable exemple à la France! La gloire et l'avantage qu'en retirera notre ville la rendra à jamais célèbre et heureuse entre les cités.

Tout nous permet d'espérer qu'à l'excès des maux vont succéder enfin ces temps désirés par la sagesse, où doivent cesser les rivalités des nations, et peut-être étoit-il réservé au grand capitaine, qui a déjà mérité le titre de Libérateur des peuples, d'attacher son nom glorieux à l'époque de cet heureux prodige.

Tels sont, ô mes concitoyens, les motifs, les espérances

qui ont guidé mes démarches, et m'ont déterminé à faire pour vous, s'il le falloit, le sacrifice de ma vie. Dieu m'est témoin que je n'ai en vue que le bonheur de notre patrie.

VIVE LE ROI!

A Bordeaux, en l'Hôtel-de-Ville, le 12 mars 1814.
Signé le maire, LYNCH.

Relation de l'entrée du duc d'Angoulême à Bordeaux.

Bordeaux, 14 mars.

La journée du 12 mars va devenir pour la ville de Bordeaux l'époque la plus glorieuse que puissent consacrer les fastes de l'histoire. Depuis long-temps les Bordelais s'étoient prononcés contre le gouvernement oppresseur qui faisoit gémir la France; mais ils n'avoient pas encore trouvé le moment favorable pour secouer le joug. Des citoyens zélés travailloient cependant en secret au rétablissement du gouvernement paternel des petits - fils de Henri IV. M. Lynch, ancien magistrat au parlement de Bordeaux, que la Providence avoit choisi pour donner le signal, se concertoit avec M. Taiffard de Saint-Germain, commissaire de S. M. Louis XVIII, pour profiter du premier moment. L'arrivée de l'armée anglaise sur le territoire français, les sentimens grands et généreux de cette nation qui a sauvé l'Europe de l'esclavage et de l'oppression, tout faisoit espérer que le jour de la délivrance approchoit. On apprit alors que S. A. R. Mgr. le duc d'Angoulême étoit arrivé à l'armée; le petit-fils de

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