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(Signé) Le commandant, les officiers, sous-officiers et soldats de l'artillerie à cheval polonaise.

Le commandant, les officiers, sous-officiers et soldats des sapeurs polonais.

Du 1er Avril.-Un parlementaire a annoncé hier matin à nos avant-postes, de la part du général ennemi, la réunion à l'empire russe des villes de Lubeck, de Hambourg, de Bremen, ainsi que des pays de Prusse, de la Saxe, du Mecklenbourg et de la Westphalie; il a assuré aussi que probablement nous apprendrions sous peu la réunion de la Suisse et de la France, mais seulement jusqu'aux barrières de Paris; car l'ennemi ne veut point entrer dans notre capitale; parce qu'il sait bien que les Parisiens ne seraient pas assez foux pour livrer leur ville aux flammes, comme l'ont fait les russes lors de notre entrée à Moscou. En réjouissance de ces nouvelles acquisitions, l'ennemi a fait un grand feu avec ses quatre pièces de canon, qu'il a fait promener à cet effet sur toute sa ligne, depuis Oliva jusqu'à Schweinskopf. Comme les Français, ainsi que toute l'Europe, savent que les Russes ont fait des réjouissances même pour les batailles d'Austerlitz, de Friedland, de Smolensk, de Mojaïsk, et pour notre entrée à Moscou, il n'y a pas de quoi s'alarmer de toutes ces grandes nouvelles. Les Russes voudraient seulement profiter de cette circonstance pour essayer de mettre le découragement parmi nos alliés les Bavarois, les Westphaliens et les Saxons, qui se sont toujours si bien battus, particulièrement dans les dernières affaires.

M. le gouverneur-général ayant reçu daus la nuit des nouvelles satisfaisantes du grand quartier-général de l'empereur, a fait tirer le canon hier à midi, non pour des victoires déjà remportées, mais pour célébrer l'arrivée de l'empereur à l'armée, dont il a repris le commandement, fort de ses moyens et jouissant de la plus parfaite santé.

Un certain sénateur qui prétend être très-bien servi en espions, vient de recevoir la fâcheuse nouvelle qu'il est arrivé 90,000 Russes pour renforcer l'armée ennemie devant Dantzick, que l'on disait forte de 60,000 hommes, dejà avant ce renfort. D'après des renseignemens aussi vraisemblables, nous ne devons plus douter un seul instant que nous ne soyons véritablement bloqués par 150,000 Russes. Nous sommes aussi informés par le même canal, que 40 bombardes anglaises doivent être arrivées dans la rade de Dantzick.

Ce même sénateur a, depuis deux mois et demi, fait passer la Vistule à plus de 400,000 Russes et 1800 pièces de canon au moins, avec une rapidité admirable.

Nous nous plaisons à croire qu'il aurait été mieux instruit, s'il avait mieux payé ses espions.

د.

Il est très-heureux pour les Cosaques que ce renfort de 90,000

Russes soit arrivé, puisque, d'après leur propre aveu, ces pauvres Cosaques sont en vedette depuis quinze jours sans être relevés.

Du 5 Avril.—Un officier polonais étant allé se promener aux avant-postes, fut appelé par un officier supérieur russe, qui.en s'approchant de lui, l'invita à en faire autant pour entrer en conversation. L'officier polonais s'y refusa d'abord; mais l'autre ayant répété ses instances, il s'avança vers lui, croyant qu'apparemment il ne serait question que de politesse ou d'une proposition quelconque en faveur des prisonniers. Cependant l'officier russe lui épargna la peine de se mettre en frais de politesse, en lui annonçant gravement de grandes victoires sur les Français, et l'arrivée d'un convoi de 30,000 prisonniers.

L'officier polonais le remercia de son attention, en lui faisant compliment sur la modestie russe.

Les victoires des russes n'ont rien de nouveau, pour nous; mais nous ne sommes pas fâchés d'apprendre qu'ils aient encore pu faire 30,000 prisonniers à l'armée française, puisque d'après la gazette de Koenigsberg, nous étions persuadés qu'elle n'existait plus depuis long-tems.

Du 23 Avril.-Nous dounerons à nos lecteurs une nouvelle preuve de la boune foi et de la véracité que les Russes mettent dans leurs rapports sur les affaires militaires. La gazette de Berlin fournit un extrait de Koenigsberg, dans laquelle se trouve le rapport sur l'affaire qui a eu lieu devant Dantzick, le 5 Mars.

Comme une grande partie des bourgeois de la ville ont été spectateurs de ce combat du haut des remparts, et qu'on s'est presque constamment battu sous les yeux des habitans des faubourgs, ils ne seront peut-être fâchés d'apprendre par le rapport russe, ce qu'ils ont vu, ce qu'ils n'ont pas vu, et ce qu'ils auraient dû voir. L'article en question est ainsi conçu:

"Le 5 Mars, de grand matin, le corps de troupes russes qui bloque Dantzick fit une grande reconnaissance générale. Après avoir repoussé les avant-postes, les Russes s'avancèrent jusques sous les fortifications du Bischofsberg et du Hagelsberg. Le canon de ces forts tira pendant plusieurs heures sans produire aucun effet; la garnison allarmée sortit pour la plus grande partie, et il s'en suivit une escarmouche et une mêlée très-vive, dans lesquelles les Russes demeurent toujours victorieux, comme tout le monde sait. Le général en chef ayant reconnu et vu tout ce qu'il voulait voir, ordonna aux troupes de reprendre leurs premières positions. La perte du côté des Russes ne consiste qu'en quelques morts et une soixantaine de blessés. L'ennemi a laissé sur le champ de bataille au-delà de 800 morts, qui étaient presque tous tués à coups de bayonette; on lui a pris A A A

TOME V.

10 officiers et près de 400 soldats français, napolitains, allemands et polonais."

Il faut convenir que l'idée d'appeler cette affaire du 5 Mars une reconnaissance, est tout-à-fait de bon goût. Car il eût été maladroit de laisser penser que ce fût une attaque. Mais nous avous beau chercher, nous ne devinerons jamais ce que le général russe voulait voir. Voulait-il reconnaître l'endroit conve nable pour placer les 10,000 échelles qui nous font peur depuis trois mois? Il pouvait faire cette reconnaissance à beaucoup meilleur marché. Ou bien voulait-il compter les soldats de la garnison sous les armes? Si tel était son but, nous en sommes enchantés; car il a dû trouver que les troupes qui sont sorties de la place se portaient parfaitement bien et ne marchaient pas mal; encore u'a-t-il pas vu celles qui étaient restées en réserve dans la ville. Il est vrai qu'un bon espiou aurait fait son affaire tout aussi bien, et qu'il aurait épargné aux Russes une promenade aussi pénible. Peut-être aussi le but de cette reconnaissance était-il de s'approprier les faubourgs en passant? Pour lors, pourquoi donc les Russes n'ont-ils jamais pu forcer le poste de Langfulr, qui précisément de tous les avant-postes est le seul qui ait eu ordre de tenir, quoiqu'il fût à une bonne demi-lieue de la ville. Tous leurs efforts ont échoué contre la bravoure d'un petit nombre de Français et de Westphaliens qui le défendaient. Ces troupes, saus attendre que la réserve qui devait sortir de la ville pour les soutenir fut arrivée, chargèrent l'ennemi à la bayonnette, et le mirent dans une déroute dont les cadavres russes ont laissé des preuves assez complettes. Tous les autres avant-postes avaient ordre de se retirer sous le canon de la ville en cas d'une attaque sérieuse, et les troupes avec lesquelles M le gouverneur est sorti pour les soutenir, ont culbuté l'ennemi sur tous les points, en lui faisant éprouver une perte de 1800 hommes en tués, blessés et prisonniers, parmi lesquels 10 officiers. Le rapport russe ne parle pas d'une pièce de canon qui a été enlevée à l'ennemi en présence d'un de leurs généraux, ainsi que de 500 prisonniers qui ont été amenés à Dantzick dans cette journée. Car ces derniers sont en grande partie des grenadiers des régimens de Pétersbourg, Poulski, Novadinski, etc.; des chasseurs des 2e, 3e, 21e, 24e, et autres régimens; des hussards de Grodno et de Pétersbourg; des dragons, des Cosaques, des Tartares, etc.

Le rapport russe ne parle pas de 600 blessés au moins, qui ont été envoyés aux hôpitaux de Mewe, de Koenigsberg et des environs de Dantzick. Il ne fait pas mention non plus de la prodigieuse quantité de morts qu'ils ont eu soin d'emmener sur des voitures, et de tous ceux enfin qu'ils n'ont pas eu le tems d'emporter de Scottland, de Stadtgebieth, d'Ohra, de Schiedli, de Langfuhr, etc.

Pour couper court à toutes ces longueurs, le rédacteur de ce

rapport se sert d'une phrase plus naïve qu'ingénieuse, en disant que le général en chef avait ordonné à ses troupes de reprendre leurs premières positions. Il faut avouer que si le général russe a donné cet ordre, (ear les officiers russes prisonniers prétendent que lorsque leur déroute a commencé, aucun général ne s'est trouvé là pour donner des ordres), il a été exécuté avec une rapidité admirable. Les habitans d'Obra qui ont vu les Russes se retirer à la course, ne se rappellent pas d'avoir jamais vu des hommes courir aussi fort. A la vérité, cette vitesse n'a rien de surprenant, quand on sait que beaucoup de leurs soldats avaient jeté leurs fusils. Aussi ce n'est pas sans peine qu'on est parvenu à arrêter l'ardeur des troupes de la garnison qui poursuivaient l'ennemi l'épée dans les reins, et qui, sans cela, l'auraient escorté jusqu'à Praust.

Nous voulons donner à cette occasion une leçon de franchise aux Russes, en avouant que dans l'affaire honorable du 5 Mars nous avons à regretter la perte de 250 hommes tués, blessés et faits prisonniers.

Dans cette même gazette il est dit qu'un drapeau d'honneur pris à la garnison de Dantzick dans une sortie, est arrivé à Pétersbourg. Cette nouvelle fanfaronade doit bien prouver à tous ceux qui en douteraient encore, à quel point les gazetiers russes, ou ceux écrivant sous leur influence, ont des pouvoirs illimités. Il n'existe point de drapeaux d'honneur dans les armées françaises. Elles ont des aigles; mais comme les sorties se font par détachement de chaque régiment, l'aigle reste dans le logement du colonel. Quant aux drapeaux des troupes allemandes alliées, ils se trouvent dans le même cas, et il n'en manque aucun. Les Russes n'ont pas encore rendu compte de l'affaire qui a eu lieu devant Dantzick le 24 Mars. Nous ne doutons pas qu'un certain conseiller de la chambre qui se trouve à la suite de l'armée russe pour en rédiger les proclamations (partie essentielle de leur systême de guerre) ne parvienne à arranger cette affaire avec autant de goût que celle du 5. Car nous ne pouvons pas nous figurer que ce rapport ait été fait par le général commandant les troupes devant Dantzick. Un général n'oserait pas se permettre de tromper ainsi son souverain et sa nation. Il ne pouvait pas ignorer la perte des 500 prisonniers et de la pièce de canon. Nous croyons qu'il a de trop bons rapports pour cela. D'ailleurs les officiers russes eux-mêmes conviennent qu'ils ont fait de très-mauvaises affaires dans les différens engagemens qui ont eu lieu devant Dantzick. Loin d'attribuer de pareils rapports à des militaires, nous ne pouvons donc les considérer que comme l'ouvrage de cet implacable conseiller qui fait perdre journellement des batailles aux Français et à leurs alliés. Puisqu'il a eu la satisfaction de les battre déjà tant de fois, il devrait au moins leur laisser quelque chose. Jusqu'ici Hous étions dans l'intime conviction de n'avoir perdu dans l'afAAA ?

faire du 24 Mars que 9 hommes tués, 33 blessés et 3 prisonniers, par la raison toute simple que les Russes ont été surpris, renversés à coups de bayounette, et sabrés sur tous les points, et qu'on les a ramenés jusqu'à Praust. Nous avons même eu la vanité de croire que nous aurions pu faire route avec eux jusqu'à Dirschau, et plus loin si tel avait été notre plan. Mais puisque le rapport sur l'affaire du 5 nous apprend que les Russes sont toujours victorieux, nous devons nous attendre à être instruits par la gazette de Berlin de beaucoup de pertes que nous aurons faites à notre insu, en drapeaux d'honneur, en morts à coups de bayonnette, etc. Nous renonçons même d'avance aux 350 prisonniers qu'on a vus arriver en ville le 24 Mars, et nous ne parlerons pas des 400 tués et blessés que les Russes ont eu ce jour-là. Nous nous contenterons de dire que parmi ces prisonniers on croyait avoir vu ces fameux Drougines que les Russes font venir pour prendre les villes d'assaut, et qu'on a surnommes Sturmlaufer. On est singulièrement tranquillisé en ville depuis qu'on a vu arriver ces sturmlaufer en uniforme de paysans, avec une croix sur le bonnet, ce qui les a fait prendre par ies Napolitains pour les anciennes bandes du cardinal Ruffo.

La gazette de Berlin parle beaucoup de la terreur que les Cosaques inspirent aux Français et à leurs alliés. Nous désirerions que le rédacteur de tous ces articles pût venir passer une quinzaine de jours avec les Cosaques devant Dantzick, pour leur demander des nouvelles des succès qu'ils ont eus devant cette place. On a encore acquis dernièrement de nouvelles preuves de leur bravoure, lors d'une alerte que M. le gouverneur fit donner à l'armée de blocus dans la nuit du 15 Avril. A minuit et demi, MM. les lieutenans-colonels Szembek du 11e régiment polonais, et Potocki du 5e, sortirent de Langfuhr avec leurs bataillons respectifs et un obusier. Ils arrivèrent sans bruit jusqu'aux vedettes ennemies sur la hauteur qui sépare la vallée de Brentau de la plaine. Lorsque l'ennemi commença son feu, les Polonais firent un hourrah sur tous les postes, et se divisèrent en deux colonnes. M, le lieutenant-colonel Potocki chassa les postes de Cosaques et d'infanterie devant lui jusques dans le village de Brentau, où l'infanterie ennemie fut mise en pleine déroute. Trente-sept à quarante Russes se retirèrent dans un corps-de-garde en forme de blockhaus; un brave voltigeur, qui avait enfoncé la porte et les avait sommés de se rendre, ayant été tué, les Polonais firent passer tout ce poste au fil de l'épée. Plusieurs maisons qui avaient été crénelées pour la défense du village furent abandonnées par l'infanterie russe, pour pouvoir mieux se sauver. On trouva dans Brentau un hôpital de 200 malades russes, attaqués de la fièvre nerveuse; ces ma

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