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gé d'affaires de France à Vienne, ainsi qu'aux autres individus de l'ambassade.

Il a l'honneur d'offrir, etc. Prague, le 12 Août, 1813. (Sigué) METTERNICH,

No. 44.

Note du ministre des relations extérieures à M. le comte de Metternich.

Le soussigné, ministre des relations extérieures a mis sous les yeux de S. M. l'empereur et roi la déclaration du 11 Août, par laquelle l'Autriche dépose le rôle de médiateur dont elle avait couvert ses desseins.

Depuis le mois de Février les dispositions hostiles du cabinet de Vienne envers la France étaient connues de toute l'Europe. Le Danemarck, la Saxe, la Bavière, le Wurtemberg, Naples et la Westphalie ont dans leurs archives des pièces qui prouvent combien l'Autriche, sous les fausses apparences de l'intérêt qu'elle prenait à son allié et de l'amour de la paix, nourrissait de jalousie contre la France. Le soussigné se refuse à retracer le système de protestations prodiguées d'un côté et d'insinuations répandues de l'autre, par lequel le cabinet de Vienne compromettait la dignité de son souverain, et qui, dans son développement, a prostitué ce qu'il y a de plus sacré parmi les hommes, un médiateur, un congrès et le nom de la paix.

Si l'Autriche voulait faire la guerre, qu'avait-elle besoin de se parer d'un faux langage et d'entourer la France de piéges ma! tissus qui frappaient tous les regards?

Si le médiateur voulait la paix, aurait-il prétendu que des transactions si compliquées s'accomplissent eu quinze ou vingt jours? Etait-ce une volonté pacifique que celle qui consistait à dicter la paix à la France en moins de tems qu'il n'en faut pour conclure la capitulation d'une place assiégée? La paix de Teschen exigea plus de quatre mois de négociation. Plus de six semaines furent employées à Sistow avant que la discussion même sur les formes fût terminée. La négociation de la paix de Vienne en 1809, lorsque la plus grande partie de la monarchie autrichienne était entre les mains de la France, a duré deux mois.

Dans les diverses transactions, les intérêts et le nombre des parties étaient circonscrits, et lorsqu'il s'agissait à Prague de poser dans un congrès les bases de la pacification générale, de concilier les intérêts de la France, de l'Autriche, de la Russie, de la Prusse, du Danemarck, de la Saxe et de tant d'autres puissances; lorsqu'aux complications qui naissent de la multiplicite et de la diversité des intérêts, se joignirent les difficultés résultant des prétentions ouvertes et cachées du médiateur, il était dérisoire de

prétendre que tout fût terminé, montre en main, en quinze jours. Sans la funeste intervention de l'Autriche, la paix entre la Russie, la France et la Prusse serait faite aujourd'hui.

L'Autriche, ennemie de la France, et couvrant son ambition du masque de médiatrice, compliquait tout et rendait toute conciliation impossible. Mais l'Autriche s'étant déclarée en état de guerre, est dans une position plus vraie et toute simple. L'Europe est ainsi plus près de la paix: il y a une complication de moins.

Le soussigné a donc reçu l'ordre de proposer à l'Autriche de préparer dès aujourd'hui les moyens de parvenir à la paix, d'ouvrir un congrès où toutes les puissances, grandes et petites, seront appelées, où toutes les questions seront solennellement posées, où l'on n'exigera point que cette œuvre aussi difficile que salutaire soit terminée ni dans une semaine, ni dans un mois ; où l'on procédera avec la lenteur inséparable de toute opération de cette nature, avec la gravité qui appartient à un si grand but et à de si grands intérêts. Les négociations pourront être longues : elles doivent l'être. Est-ce en peu de jours que les traités d'Utrecht, de Nimègue, de Ryswick, d'Aix-la-Chapelle ont été conclus?

Dans la plupart des discussions mémorables, la question de la paix fut toujours indépendante de celle de la guerre; on négociait sans savoir si l'on se battait ou non ; et puisque les alliés fondent tant d'espérances sur les chances du combat, rien n'empêche de négocier, aujourd'hui comme alors, en se battant.

Le soussigné propose de neutraliser un point sur la frontière, pour le lieu des conferences; de réunir les plénipotentiaires de la France, de l'Autriche, de la Russie, de la Prusse, de la Saxe; de convoquer tous ceux des puissances belligérantes, et de commencer, dans cette auguste assemblée, l'œuvre de la paix si vivement désirée par toute l'Europe. Les peuples éprouveront une consolation véritable en voyant les souverains s'occuper à mettre un terme aux calamités de la guerre, et confier à des hommes éclairés et sincères le soin de concilier les intérêts, de compenser les sacrifices, et de rendre la paix avantageuse et honorable à toutes les nations.

Le soussigné ne s'attache point à répondre au manifeste de l'Autriche et au scul grief sur lequel il repose. Sa réponse serait complète en un seul mot. Il citerait la date du traité d'alliance conclu le 13 Mars, 1812, entre les deux puissances, et la garantie stipulée par le traité, du territoire de l'empire tel qu'il était le 14 Mars, 1812.

Le soussigné, etc.

Dresde, 11 Août, 1813.

TOME V.

(Signé)

Le duc de BASSANO.

U UU

6 Octobre, 1813.

Paris, le 5 Octobre.

S. M. l'impératrice-reine et régente a reçu les nouvelles suivantes de la situation des armées au 29 Septembre, 1813:

L'empereur a donné le commandement d'un des corps de la jeune garde au duc de Reggio.

Le duc de Castiglione s'est mis en marche avec son corps pour venir prendre position sur les débouchés de la Saale.

Le prince Poniatouski s'est porté avec son corps sur Penig. Le général comte Bertrand a attaqué, le 26, le corps de l'armée ennemie de Berlin qui couvrait le pont jeté sur Wartenbourg, l'a forcé, lui a fait des prisonniers, et l'a mené battant jusques sur la tête de pont. L'ennemi a évacué la rive gauche et a coupé son pont. Le général Bertrand a sur-le-champ fait détruire la tête de pont.

Le prince de la Moskowa s'est porté sur Oranienbaum, et le 7e corps sur Dessau. Une division suédoise qui était à Dessau s'est empressée de repasser sur la rive droite. L'ennemi a été également obligé de couper son pont, et on a rasé sa tête de pont.

L'ennemi a jeté des obus sur Wittemberg par la rive droite. Dans la journée du 28, l'empereur a passé la revue du 2e corps de cavalerie sur les hauteurs de Weissig.

Le mois de Septembre a été très-mauvais, très-pluvieux, contre l'ordinaire de ce pays. On espère que le mois d'Octobre sera meilleur.

La fièvre bilieuse du prince de Neuchâtel a cessé: le prince est en convalescence.

8 Octobre, 1813.

Paris, le 7 Octobre,

Aujourd'hui, Jeudi, 7 Octobre, 1813, à une heure, S. M. l'impératrice-reine et régente est partie du palais des Thuileries pour se rendre au sénat, avec le cortège dont l'ordre et la marche ont été publiés dans les journaux.

Les grands officiers du sénat et vingt-quatre sénateurs ont reçu S. M. à la porte extérieure de leur palais.

L'impératrice-reine et régente, après s'être reposée dans les appartemens préparés pour la recevoir, s'est rendue à la salle des

séances.

Le cortège, précédé de la députation du sénat, marchait dans l'ordre suivant:

Les huissiers,

Les hérauts d'armes,

Les pages,

Les aides des cérémonies,

Les maîtres des cérémonies,

Les conseillers d'état orateurs du conseil,

Les grands aigles,

Les grands officiers,
Les ministres

Le grand-chambellan et le grand maître des cérémonies,
Les princes grands dignitaires.

L'impératrice-reine et régente, ayant à sa droite et à sa gauche, en arrière d'elle, la dame d'honneur, le chevalier d'honneur et le premier écuyer: immédiatement derrière elle, le maréchal duc de Conegliano et le genéral Caffarelli, la dame d'atours, les dames du palais, les chambellans et les écuyers.

A l'arrivée de S. M., tous les sénateurs étaient debout et découverts.

L'impératrice est montée sur son trône, placé à la gauche de celui de l'empereur.

A la droite et à la gauche du trône, une marche plus bas, se sont assis sur des chaises, les princes grands dignitaires; à droite et à gauche, en bas du trône, sur des gradins, les ministres et les grands officiers; 'en avant et au bas du trône, sur des tabourets, le grand chambellan et le grand maître des cérémonies. Derrière S. M. se tenait la dame d'honneur, le duc de Conegliano, le comte Caffarelli, le chevalier d'honneur, le premier écuyer, la dame d'atours, les dames du palais, les chambellans et les écuyers; les maîtres des cérémonies plus bas que le grand maître, et derrière eux, les aides des cérémonies: les pages assis sur les marches du trône.

Durant la séance, tout le monde est resté découvert.

S. M. l'impératrice a prononcé le discours suivant:

"Sénateurs,

"Les principales puissances de l'Europe, révoltées des prétentions de l'Angleterre, avaient, l'année dernière, réuni leurs armées aux nôtres pour obtenir la paix du monde et le rétablissement des droits de tous les peuples. Aux premières chances de la guerre, des passions assoupies se réveillèrent. L'Angleterre et la Russie ont entraîné la Prusse et l'Autriche dans leur cause. Nos ennemis veulent détruire nos alliés, pour les punir de leur fidélité. Ils veulent porter la guerre au sein de notre belle patrie, pour se venger des triomphes qui ont conduit nos aigles victorieuses au milieu de leurs états. Je connais, mieux que personne, ce que nos peuples auraient à redouter, s'ils se laissaient jamais vaincre. Avant de monter sur le trône où m'ont appelé le choix de mon auguste époux et la volonté de mon père, j'avais la plus grande opinion du courage et de l'énergie de ce grand peuple. Cette opinion s'est accrue tous les jours par tout ce que j'ai vu se passer sous mes yeux. Associée depuis quatre ans aux pensées les plus intimes de mon époux, je sais de

quels sentimens il serait agité sur un trône flêtri et sous une couronne sans gloire.

"Français ! votre empereur, la patrie et l'honneur vous appellent!"

Le prince archi-chancelier ayant pris les ordres de S. M., a donné la parole au ministre de la guerre, qui est monté à la tribune et a fait lecture d'un rapport adressé à l'empereur.

Le prince archi-chancelier ayant pris de nouveau les ordres de l'impératrice, a donné la parole, au nom de S. M., à M. le comte Regnaud, un des deux orateurs du conseil d'état, qui a présenté au sénat un projet de sénatus-consulte, après en avoir exposé les motifs.

Le projet de sénatus-consulte a pour objet une levée de 280,000 hommes, dont 120,000 sur les classes de 1814 et aunées antérieures, dans les départemens qui n'ont pas concouru à la dernière levée de 30,000 hommes, et 160,000 sur la conscription de 1815.

Le comte de Lacépède s'est levé, et a dit :

"Madame,

"Avant de proposer au sénat des mesures relatives au projet de sénatus-consulte qui vient d'être présenté, j'ai l'honneur de prier V. M. I. et R. de daigner me permettre de lui offrir, au nom de mes collègues, l'hommage respectueux de tous les sentimens dont nous sommes pénétrés en voyant V. M. présider le sénat, et en entendant les paroles mémorables qu'elle vient de proférer du haut de son trêne!

"Avec quelle reconnaissance, avec quel soin religieux, nous en conserverons à jamais le souvenir !

"Sénateurs,

"J'ai l'honneur de vous proposer de renvoyer à une commission le projet de sénatus-consulte qui vient d'être présenté par les orateurs du conseil d'état."

D'après les ordres de l'impératrice-reine et régente, le prince archi-chancelier a mis aux voix cette proposition de M. le comte de Lacépède; elle a été adoptée.

On a procédé au scrutin pour la nomination de la commission.

Après le dépouillement du scrutin, le prince archi-chancelier en a mis le résultat sous les yeux de S. M., et d'après ses ordres en a fait la proclamation.

La commission sera composée de :

MM. les comte de Lacépède,

duc de Dantzick,

comte de l'Apparent,
comte Dejean,

comte Colchen.

Elle fera son rapport Samedi prochain.

Sa Majesté a levé la séance, et est retournée au palais des Thuileries avec son cortège,

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