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qui avaient besoin qu'une main étrangère touchât à leur chevelure, faisaient usage, dans les grands jours, du perruquier chez lequel monsieur allait se faire faire le poil. On ne connaissait point les modistes; les matières premières arrivaient de Paris, et les coiffures étaient arrangées chez des monteuses de bonnets qui avaient fait leur apprentissage à Saint-Quentin, et travaillaient comme elles avaient vu travailler leur mère ou leur maitresse. « Toute bonne maison bourgeoise, dit M. Fouquier-Cholet, quel que fût le nombre des enfants, n'était servie que par une domestique auxiliaire de la maîtresse de la maison pour tous les travaux du ménage. On la prenait à la campagne, et autant que possible dans des familles connues. Etre honnête, était la première condition; savoir filer, la seconde; jouir d'une forte santé, la troisième. On exigeait d'elle encore de la modestie pour savoir se suffire avec un faible loyer, pour ne pas perdre de temps en toilette, pour ne pas rivaliser de ton avec les maîtres, pour ne pas rougir du casaquin, ni du tablier de grosse toile grise, et pour ne pas ambitiouner la coiffure. On n'appelait point cela des cuisinières, mais des servantes. On leur donnait quinze écus de gages, et elles faisaient là-dessus, chaque année, des économies. Elles entretenaient la maison de toile de ménage avec leur rouet. Elles produisaient, au lieu de coûter.....

«En 1774, on comptait à Saint-Quentin quarante-deux maisons qui jouissaient de 8 à 10,000 livres de rentes, et c'étaient les plus opulentes. L'hôtel-de-ville, à la même époque, subvenait aux charges municipales avec 13,000 livres de rentes; et c'était un beau revenu.

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Aujourd'hui, il dispose annuellement de 120,000 francs qui sont encore de nature à s'accroître, et il en trouve l'application.Aujourd'hui, les fortunes de 3,000 fr. de rentes se mangent dans les ateliers et les boutiques aussi bien que dans quelques salons, et celles de 10,000 fr. semblent n'être là que pour faire apercevoir la supériorité et le nombre de toutes celles qui les dominent. >> DIVISION POLITIQUE ET ADMINISTRATIVE.

POLITIQUE.-Le département nomme 7 députés. — Il est divisé en 7 arrondissem. électoraux, dont les chefs-lieux sont : Laon (ville et arr.), Saint-Quentin (ville et arr.), Vervins, Soissons, Château-Thierry.- Le nombre des électeurs est de 2,217. ADMINISTRATIVE. Le chef-lieu de la préfecture est Laon. Le département se divise en 5 sous-préf, ou arrond. commun. Laon. 288 communes, 11 cantons, 161,781 habit.

Château-Thierry. Saint-Quentin. Soissons. . . Vervins.

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Total... 37 cantons, 836 communes, 518,000 habit. Service du Trésor public. — 1 recèveur général et 1 payeur (résidant à Laon), 4 receveurs particul., 5 percepteurs d'arrond. Contributions directes. - 1 directeur à Laon) et 1 inspecteur. Domaines et Enregistrement. - 1 directeur (à Laon), 2 inspecteurs, 2 vérificateurs. Hypothèques, 5 conservateurs dans les ch.-1. d'arr, commun. Contributions indirectes. - 1 directeur (à Laon), 4 directeurs d'arrond., 5 receveurs entreposeurs. Forêts.-Le départ, fait partie de la 7 conservation forestière, dont le ch.-1. est Laon.- 1 conserv. à Laon.-1 insp. à Vervins. Ponts-et-chaussées. Le département fait partie de la 2o inspection, dont le chef-lieu est Amiens. Il y a 1 ingénieur en chef en résidence à Laon, chargé en outre de la surveillance du canal de Saint-Quentin.

· Mines. Le département fait partie du 2e arrondissement et de la 2e division, dont le chef-lieu est Abbeville. 1 ingénieur des

mines réside à Laon,

Loterie. Les bénéfices de l'administration de la loterie sur les mises effectuées dans le département présentent (pour 1831 comparé à 1830), une augmentation de 21,213 fr.

Haras, Le département fait partie, pour les courses de che du 1er arrond. de concours, dont le ch.-lieu est Paris. ya à Braisne un dépót royal où se trouvent 37 étalons.

yaux,

II

MILITAIRE.-Le département fait partie de la 1re division militaire, dont le quartier général est à Paris. Il y a à Laon : 1 maréchal de camp commandant la subdivision, 2 sons-intendants militaires, à Laon, Lafère. Le dépôt de recrutement est à Laon. - Le département renferme 2 places de guerre : Lafère et Soissons. La compagnie de gendarmerie départementale fait partie de la 24 légion, dont le chef-lieu est Arras. Il y a à Lafère: 1 école d'artillerie commandée par un maréchal de camp; 1 direction d'artillerie et 1 direction du génie, et 1 arsenal de construction. JUDICIAIRE. Les tribunaux sont du ressort de la cour royale d'Amiens. Il y a dans le département 5 tribunaux de 1e instance: à Laon (2 chambres), Château-Thierry, Saint-Quentin, Soissons, Vervins, et 3 tribunaux de commerce, à Saint-Quentin, Soissons, Vervins. Il y a une maison de correction à Soissons; un dépôt de mendicité à Laon, Le département renferme,

à Villers-Cotterets, le dépôt de mendicité du départ, de la Seine, RELIGIEUSE. Culte catholique. Le département forme le diocèse d'un évêché érigé dans le Ie siècle, suffragant de l'archevêché de Reims, et dont le siége est a Soissons. Il y a dans le dépar tement, à Soissons: un séminaire diocésain qui compte 119 élè ves; — à Laon, une école secondaire ecclésiastique; - à Liesse, une école secondaire ecclésiastique; et à Oulchy-le-Château, une école secondaire ecclésiastique. Le département renferme 8 cures de 1re classe, 85 de 2o, 492 succursales, et 36 vicariats. — Il y existe 49 congrégations religieuses.

Culte protestant. – L'église consistoriale de Monneaux comprend les départements de l'Aisne et de Seine-et-Marne. — Elle compte dans le département 4 sections: Monneaux, Hargicourt, Lemé et Saint-Quentin, desservies par 4 pasteurs. Il y a en outre dans le département 15 temples ou maisons de prières. - On y trouve 1 société biblique; 1 société des missions évangéliques; 1 société des traités religieux, et 12 écoles protestantes.

UNIVERSITAIRE. Le département est compris dans le ressort de l'Académie d'Amiens.

Instruction publique. Il y a dans le département:- 5 colléges, à Château-Thierry, à Laon, à Saint-Quentin, à Soissons, à Vervins. Une école normale primaire à Laon. Le nombre des écoles primaires du département est de 915, qui sont fréquentées par 52,262 élèves, dont 33,091 garçons et 19,171 filles. Les communes privées d'écoles sont au nombre de 144, SOCIÉTÉS SAVANTES, ETC. — Il existe à Saint-Quentin une Société des Sciences, Arts, Belles-Lettres et Agriculture, qui publie des Mémoires; - une Ecole de dessin et un Cours de géométrie appliquée aux arts.- Laon possède un Conseil d'Agriculture avec des comités consultatifs dans chaque arrondissement; un Herbier départemental, une Ecole de dessin et des Cours de géométrie et d'accouchement, Soissons possède aussi une Ecole de dessin. POPULATION.

D'après le dernier recensement officiel, elle est de 518,000 h., et fournit annuellement à l'armée 1,123 jeunes soldats. Le mouvement en 1880 a été de, Mariages.

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On en compte: armés, 17,255; équipés, 14,263; habillés, 16,247. 30,588 sont susceptibles d'être mobilisés.

Ainsi, sur 1000 individus de la population générale, 200 sont inscrits au registre matricule, et 60 dans ce nombre sont mobilisables; sur 100 individus inscrits sur le registre matricule, 64 sont soumis au service ordin,, et 36 appartiennent à la réserve. Les arsenaux de l'Etat ont fourni à la garde nationale 16,882 fusils, 28i mousquetons, 18 canons, et un assez grand nombre de pistolets, sabres, lances, etc..

IMPOTS ET RECETTES.

Le département a payé à l'Etat (1881):
Contributions directes..

Enregistrement, timbre et domaines.
Douanes et sels.

Boissons, droits divers, tabacs et poudres..

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tant, à peu de variations près, le mouvement annuel des impôts et des recettes, le département paie annuellement, et déduction faite du produit des douanes, 3,856,407 fr. 88 c. (de plus qu'il ne reçoit), pour les dépenses générales du gouvernement central, ou environ le huitième de son revenu territorial,

120,400 f. » C. 850,073 84

DÉPENSES DÉPARTEMENTALES. Elles s'élèvent (en 1881) à 470,473 f. 84 c. SAVOIR : Dép. fires: traitements, abonnem., etc. Dép, variables: loyers, réparations, secours, etc. Dans cette dernière somme figurent pour 64,620 f. » c. les prisons départementales, 93,000 >> les enfants trouvés.

Les secours accordés par l'Etat pour grêle, in-
cendie, épizootie, etc., sont de..
Les fonds consacrés au cadastre s'élèvent à..
Les dépenses des cours et tribunaux sont de.
Les frais de justice avancés par l'Etat de.

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42,280 59,526 108,416 22 50,490 78

- 85,000

INDUSTRIE AGRICOLE. Sur une superficie de 748,000 hectares, le départ. en compte, 545,403 mis en culture. 102,821 forêts. 7,897 vignes. Le revenu territorial est évalué à 26,800,000 francs. Le département renferme environ, 69,414 chevaux. bêtes à cornes (race bovine). - 700,000 moutons. Les troupeaux de bêtes à laine en fournissent chaque année environ 1.110.000 kilogr., savoir: 24,000 mérinos, 306,000 métis, 780,000 indigènes.

Le produit annuel du sol est d'environ, En céréales et parmentières.

En avoines.

En vins.

En bière.

2,800,000 hectolitres.

570,000 id.

280,000 id. 150,000 id.

L'agriculture est assez perfectionnée; on emploie utilement comme engrais les terres pyriteuses ou cendres noires. Le pays produit d'excellents légumes; les haricots de Soissons et les artichauts de Laon sont particulierement estimés. L'engrais des bestiaux et l'élève des chevaux offrent des ressources importantes aux agriculteurs, et sont l'objet de soins éclairés. Le département nourrit de beaux troupeaux de laine mérinos. On y a introduit les moutons anglais à longue laine et les chèvres de Cachemire On y engraisse des porcs, parmi lesquels on en remarque de race anglo-chinoise. On s'y occupe de l'éducation des abeilles.-Les dindons, les oies et les œufs sont l'objet de spéculations avantageuses; les œufs surtout trouvent une exportation continue et une vente facile dans la capitale. Le pays renferme des prairies naturelles et artificielles. - - La culture des plantes oléagineuses y est assez répandue; les vignobles y sont généralement de qualité médiocre; on y cultive le houblon et on y fabrique diverses espèces de bière. Nouvion-en-Thiérache possède une fabrique de fromages, façon Marolles. L'exploitation des bois et des oseraies a donné naissance à plusieurs industries. Buiron-Fosse (arrond. de Vervins) est le centre d'une grande fabrication de sabots; Origuy, celui d'une fabrique de vannerie fine. - La boissellerie, la vannerie commune et la sparterie occupent aussi une partie de la population ouvrière. — Les étangs fournissent des sangsues dont on fait un grand commerce

-

INDUSTRIE COMMERCIALE. L'industrie s'exerce sur un grand nombre d'articles variés, à la tête desquels il convient de placer les produits de la fabrique de Saint-Quentin, en tissus de coton, batistes, linons, linge de table, etc.; les glaces de la manufacture de Saint-Gobain; les produits chimiques (alun, couperose, sulfate de fer) des usines vitrioliques; ceux de la verrerie de Folambray, qui fournit annuellement 3,000,000 de bouteilles pour les vins de Champagne et du Rhin, et 150,000 cloches à jardins. Le département renferme des fabriques de châles et de cachemires, de broderies de tulle, de blanchisseries, des fabriques d'huile, de sucre de betteraves, etc. On y compte plusieurs usines à fer, des fabriques de tôle, 3 fourneaux d'affinerie, 32 fours à plâtre, 140 briqueteries et tuileries, 1,810 moulins à farine, etc.; enfin on y fait un grand commerce de blés, de laines, de toiles, etc.

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RÉCOMPENSES INDUSTRIELLES.- En 1834, l'industrie du département a obtenu 1 médaille d'or, 3 médailles d'argent, 2 médailles de bronze, 1 mention honorable et 4 citations. — La médaille d'or a été décernée à la manufacture de Saint-Gobain, pour glaces et produits chimiques. Les MÉDAILLES D'ARGENT, à MM. Monnot-Leroy (de Pontru), pour laines fines; Picard jeune et fils (de Saint-Quentin), pour tissus en coton, et Malezieux frères et Robert (idem), pour tulles et broderies. BRONZE à MM. Moret et comp. (de Moy, près Saint-Quentin), pour lin filé, et De Violaine (jean) (de Prémontré) pour verrerie. — Les MENTIONS et CITATIONS ont été accordées pour fabrication de soie, tapis, peignes, alun et couperose. — Déjà en 1827, on avait donné

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des MÉDAILLES D'OR à la manufacture de Saint-Gobain, à M. Dollé et à M. Henri Pelletier (de Saint-Quentin), pour service damassé en fil et en coton. Une MÉDAILLE D'ARGENT à MM. Cazalis et Cordier (de Saint-Quentin), pour machine à haute pression; et des MEDAILLES DE BRONZE à M. De Violaine (de Prémontré), pour fabrication de glaces et de verres de couleur. — Quatre MENTIONS HONORABLES avaient en outre été décernées pour lin filé, batiste, tissus et tulles de coton, broderies et outils divers en fer et acier. DOUANES. Il existe dans le département un bureau, celui d'Aubenton, qui dépend de la direction de Charleville. produit en 1831: Douanes et timbre 10,618 fr, sels 115 fr., total 10,728 fr. CHIENS DES CONTREBANDIERS. — A de certaines époques, la contrebande est active dans la partie du département qui touche la frontière. Pour la faire avec plus de sûreté, on emploie des chiens, de la race des chiens de bergers, qui aboient rarement, et sont habitués à être recouverts d'une double peau, ou d'une espèce de vêtement en cuir, assez épais pour les préserver des coups de feu. Ces chiens, soigneusement dressés, sont d'ailleurs habitués à fuir devant les douaniers. Ils portent un collier armé de pointes de fer, afin de se défendre contre les autres chiens que ceux-ci élèvent pour leur donuer la chasse Il y a des contrebandiers qui, redoutant le colportage pour leur propre comple, sont propriétaires d'une certaine quantité de chiens qu'ils louent aux assureurs, moyennant un prix convenu, et seulement pour le temps que dure le passage de la partie de la frontière occupée par les ligues de douanes. Les chiens dressés à faire la contrebande ont un assez haut prix. On les vend dans les marchés, comme les bestiaux: il en est qui coûtent jusqu'à 300 francs. Les chiens des douaniers font aussi preuve de beaucoup d'intelligence et de fidélité on cite à ce sujet quelques anecdotes curieuses. Nous nous bornerons à rapporter la suivante. Un douanier, lorsqu'il s'endormait pendant son service, attachait son chien à son bras. Ce chien, active sentinelle, le réveillait aussitôt qu'il soupçonnait la marche d'un contrebandier. Un jour d'été que le douanier, accablé par la chaleur, avait succombé au sommeil, le chien après des efforts inutiles pour avertir son maître du passage des contrebaudiers, coupe son lien et s'élance à leur poursuite -Un d'eux, en fuyant, abandonne, à un quart de lieue de là, un ballot du poids de vingt livres. Le chien, trop faible pour le porter, le traîne jusqu'à l'endroit où son maitre était endormi, dépose sa capture à ses pieds, et attend patiemment, sans le réveiller, le moment où il doit être payé de son zèle par une caresse. FOIRES. Le nombre des foires du département est de 480. Elles se tiennent dans 72 communes, dont 35 chefs-lieux, et du rant pour la plupart 2 à 3 jours, remplissent 503 journées. Les foires mobiles, an nombre de 46, occupent 50 journées. Il y a 26 foires mensaires. 764 communes sont privées de foires. Les articles de commerce sont, indépendamment des objets de consommation locale, tels que draperies, merceries, quincailleries, etc., les grains, les œufs (à Ploumion); les bestiaux gras et maigres; les chevaux; les mulets et les ânes; les chevaux de prix (à Chauny); les bêtes à laine (à Château-Thierry), on y en vend annuellement environ 80,000; les laines en suint (a Saint-Quentio). Cette foire était autrefois très considérable, et le centre du commerce de la laine dans le département; aujourd'hui les cultivateurs sont habitués à attendre chez eux que les marchands viennent les trouver. On vend dans quelques foires des articles de poterie, de verroterie, de féronnerie et de la friperie en grand, BIBLIOGRAPHIE.

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Statistique du département de l'Aisne, par le citoyen Dauchy, Statistique du département de l'Aisne, préfet; in-8. Paris, an x. - Monuments, étapar Peuchet et Chanlaire; in-4. Paris, 1811. blissements et sites les plus remarquables du départ, de l'Aisne, par Saint-Quentin Pingret, avec 30 planches; in-fol. Paris, 1821. ancien et moderne, etc., par Fouquier-Cholet ; in-8. Saint-Quentin, 1822. Des mœurs, des opinions, des habitudes et des usages dans la ville de Saint-Quentin depuis le VII® siècle jusqu'à nos jours, par le disne, par J. B. L. Brayer; in-4. Laon, 1824.- Annuaire du dép. même; in-8. Saint-Quentin, 1823. Statistique du département de

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de l'Aisne, de 1810 à 1826, par Miroy des Tournelles ; - de 1827 à 1834 par A. Lecointe; in-8. Saint-Quentin jusqu'en 1826; Laon de 1827 à 1834. Histoire de la ville de Laon, par J. L. F. Devisme; 2 vol. in-8. Laon, 1822. — Mémoire sur les voies romaines du départ. (par Lemaistre), Mémoires de la Soc royale des Antipar Devismes).-Idem (par Lemaistre), M. de la Soc. R. des AnMémoire sur le camp romain de Saint-Thomas quaires, t. iv, in-8. tiquaires, t. II, in-8. Paris. - Almanach de la ville et de l'arrondissement de Saint-Quentin (publié par Fremont); in-12. Saint-Quentin, 1834; 1re année. A. HUGO.

On souscrit chez DELLOYE, éditeur, place de la Bourse, rue des Filles-S.-Thomas, 13.

Paris. Imprimerie et Fonderie de RIGNOUX et Comp., rue des Francs-Bourgeois-Saint-Michel, 8.

Département de l'Allier.

HISTOIRE.

(Ci-devant Bourbonnais.)

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alliés les Helvétiens. Ceux-ci furent vaincus et renvoyés par César dans leurs montagnes. Mais les Boïens avaient montré dans le combat une

qu'une fille, Agnès de Bourbon, qui, en 1254, épousa Jean de Bourgogne, comte de Charolais, et qui n'eut elle-même aussi qu'une fille unique, de France, comte de Clermont, fils de saint Louis. Béatrix de Bourgogne, mariée, en 1272, à Robert Le fils de Robert et de Béatrix fut Louis Ier, qui prit le nom et le titre de duc de Bourbon.-Le roi Charles IV, dit le Bel, né au château de Clermontce château, donna, en échange, à Louis, le comté en-Beauvoisis, ayant désiré devenir possesseur de de la Marche, les seigneuries d'Issoudun, de Saint-Pierre, et érigea toutes ses possessions en duché-pairie de Bourbon.-Philippe-de-Valois, change n'était point avantageux à la couronne, successeur de Charles-le-Bel, trouvant que l'éreprit les terres données à Louis le, et lui rendit

valeur qui leur attira l'estime de leurs adversaires. Les Æduens demandèrent à César qu'il mît ses captifs à leur disposition, et par une espèce d'adoption pareille à celles que font encore quelque-titre de sa duché-pairie.-La postérité de Louis conle comté de Clermont, mais il lui laissa toutefois le fois les peuplades guerrières du nord de l'Amérique, ils accueillirent les Boïens, leur assignèrent des terres et les associèrent à leurs droits, à leurs coutumes et à leurs libertés. La colonie des Boïens

fut établie entre la Loire et l'Allier. On a lieu

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de croire que les Eduens lui donnèrent la partie la plus méridionale du pays qui leur appartenait entre les deux rivières, la postant ainsi, comme une avant-garde belliqueuse, sur les confins de leur territoire et de celui des Arvernes, leurs rivaux et ennemis.-Peu de temps après leur établissement, les Boïens avaient déjà une capitale connue sous le nom de Gergovia Boiorum, pour la distinguer de la Gergovia Arvernorum. L'existence de cette ville a donné lieu à de vives discussions entre les savants. Ou sait qu'elle fut assiégée par Vercingétorix et délivrée par César.

Le Bourbonnais, compris par les Empereurs dans la première Aquitaine, passa, dans le ve siècle, sous la domination des Visigoths et des Bourguignons; puis après la bataille de Vouillé, vers 484, fut réuni au royaume des Francs; mais non pas tout de suite en totalité, les Bourguignons en ayant gardé la partie orientale. Plus tard, avant d'être érigé en duché-pairie, le pays fut possédé en Sirerie, par les seigneurs de Bourbon, qui se qualifiaient de sires, de princes, de barons et de comtes, titres les plus éminents de leur époque. Aymar, 1er du nom, qui vivait en l'an 912, est le plus ancien sire de Bourbon. Charles-le-Simple lui avait donné une terre dont Bourbon était le bourg principal. Aymar et ses descendants ajoutèrent ce nom à celui d'Archambault, qu'ils portaient déjà. Archambault, 1x du nom, fut le dernier seigneur de cette maison, qui comprit deux branches connues particulièrement, l'une sous le nom de Bourbon-l'Ancien, et l'autre sous celui de Bourbon-Dampierre. Archambault IX ne laissa

T. I. - 18.

serva le Bourbonnais jusqu'au fameux Connétable qui prit les armes contre François Ier, et fut tué, alors confisqué et réuni à la couronne.- Louise en 1527, au siége de Rome.-Le Bourbonnais fut jusqu'en 1531. En 1543, il forma l'apanage du due d'Angoulême, mère du roi, en eut la jouissance d'Orléans, second fils de François Ier, qui n'en jouit deux ans.Il fit ensuite successivement par

que

tie du douaire de Catherine de Médicis, veuve de Charles IX; de Louise de Lorraine, veuve de Henri II d'Elisabeth d'Autriche, veuve de Henri III; de Marie de Médicis, veuve de Henri IV, et d'Anne d'Autriche, veuve de Louis XIII.

XIV l'engagea en 1651, en échange du duché d'AlEnfin, cette princesse y ayant renoncé, Louis bret, au grand Condé, dont la postérité en a joui jusqu'à la Révolution.

ANTIQUITÉS.

Nous ne connaissons, dans le département, aucune antiquité druidique remarquable.-Des troncs d'arbres fendus en deux, et dont l'intérieur était creusé pour recevoir un corps, ont été découverts il y a environ quarante ans, à Souvigny; le bois enfoui dans la terre était parfaitement conservé, mais il ne restait, dans ces

espèces de cercueils, aucunes traces d'ossements ni de cendres; on a supposé que c'était des sépulcres gaulois. -Un plateau de cuivre, doublé en argent, trouvé à Chantelle, a été présenté il y a 60 ans, à l'Académie des Sciences, comme une preuve que l'art de plaquer l'argent était connu des anciens. En effet, Pline rapporte que les Bituriges, qui habitaient une partie du territoire de l'Allier, avaient découvert l'étamage en argent, et argentaient les mors de leurs chevaux.

Le département renfermait un grand nombre d'antiquités romaines. Les plus remarquables ont été découvertes à Néris. Nous parlons plus loin des villes qui offrent des traces de l'ancien séjour des Romains. — Voici la description que l'antiquaire Caylus nous a laissée, d'une cité antique dent on voyait encore, dans

le siècle dernier, quelques ruines qui, aujourd'hui, ont entièrement disparu : « L'ancienne ville de Cordes était située sur une petite montagne escarpée. Le levant, le midi et le nord, sont environnées de collines; le village du Chateloy en occupe une petite partie; les autres sont plantées de vignes, ou remplies de terres labourées. L'escarpement de ce coteau, garni de rochers du côté du nord et du couchant, est de 38 toises de hauteur. - On distingue encore les fossés; ils étaient creusés de 30oises, pour séparer la ville des collines. Cordes était fermée par une muraille construite à chaux et à sable, mais plus épaisse et bâtie de pierres plus grosses au levant et au midi. Elle était éloignée de cinq lieues à l'ouest de Bourbon-les-Bains, et à un quart de lieue au nord d'Hérisson.- La situation et les ruines de cette ville prouvent qu'elle a été une place forte sous les Romains; la voie romaine de Néris à Bourges passait à Cordes. »

Les monuments du moyen-åge, tels que châteauxforts, églises, abbayes, etc., sont encore très multipliés, bien que la Révolution en ait détruit une grande quantité; nous mentionnons, à l'article des villes, les principaux de ceux qui existent encore, tels que le château de Moulins, le château de Bourbon - l'Archambault, l'église d'Yseure, l'Ecce homo de Saint-Pourçain, etc.

CARACTÈRE, MŒURS, ETC.

On accuse les habitants de l'Allier de nonchalance, de mollesse et d'éloignement pour le travail; mais ils ont de précieuses qualités ; la douceur, l'humanité et la bienfaisance; forment le fonds de leur caractère. Les habitants des villes se montrent sociables entre

vielle et la cornemuse sont les instruments ordinaires

civilisés que ceux de la ville, on leur reproche, avec raison sans doute, d'être tracassiers et d'aimer les procès. Jaloux les uns des autres, les haines qu'ils se portent ne sont ni héréditaires ni de longue durée, et cèdent assez facilement à des moyens de conciliation. Les vengeances vont rarement jusqu'à l'effusion du sang; elles se bornent, le plus souvent, au ravage d'un champ, d'un jardin, à la destruction d'un arbre. Accablés de travaux sur un sol qui ne leur offre que de faibles moyens de subsistance, ils sont cependant très attachés au lieu qui les a vus naitre. Les grains qu'ils récoltent, le charbon qu'ils fabriquent, le beurre et le fromage qu'ils préparent, sont les principales ressources du plus grand nombre. Le gain qu'ils peuvent retirer de ces produits de leur industrie, parait suffire à leurs besoins; peu vont chercher au dehors la fortune qui les oublie. On a dit que la nature leur avait donné des formes moins belles qu'aux habitants de la ville, cela est vrai dans plusieurs localités, mais non pas dans tout le département. Un reproche d'une tout autre importance qu'on pourrait leur adresser avec justice, c'est leur obstination dans certaines pratiques routinières, qu'il a été, jusqu'à ce jour, presque impossible de vaincre. En vain leur indiquerait-on de nouveaux procédés agricoles, ils cultivent comme faisaient leurs pères. Une aveugle routine sert de bornes à leur étroite intelligence. A ces détails peu flattés nous en joindrons de plus favorables et nous dirons : les paysans de l'Allier sont doux, honnêtes et économes; très attachés à leurs anciens usages, dévoués à leurs familles, religieux jusqu'à la superstition, mais charitables envers les pauvres et disposés à pratiquer l'hospitalité. Malgré eux et empressés de faire accueil aux étrangers. Les leur tranquillité apparente, ils sont vifs, gais et adonnés réunions y sont d'autant plus agréables, que les hommes aux plaisirs. Les fêtes de village, connues dans le s'y distinguent par des manières affables et polies, et pays sous le nom d'apports, réunissent toujours de les femmes, qui sont d'ailleurs généralement jolies, para bien manger, à bien boire, à chanter et à danser. La Dombreuses assemblées. Les divertissements y consistent une conversation spirituelle, facile et piquante. L'instruction est assez généralement répandue et appréciée. Le portrait suivant, fait par un écrivain de l'Allier, des habitants d'une des petites villes du département, donnera une idée avantageuse du caractère général de la population du Bourbonnais ; « ils sont, dit-il, légers, spirituels, enclins à la plaisanterie, humains, hospitaliers, poussant à l'excès leur empressement envers les étrangers, généreux par caractère, jamais par calcul; ils ont beaucoup d'amour-propre, quelquefois de la jactance; et sont moins occupés de littérature et de sciences, qu'avides de plaisirs. Il y a, dans leur entretien, plus de raison ou de gaité que de culture d'esprit. Bornés dans leur ambition à cette modeste aisance qui fait la richesse du sage, on ne rencontre guère parmi eux de ces hommes souples et serviles si communs par le temps qui court. En vain veulent-ils courir après la fortune, les difficultés les rebutent et les arrêtent. Amis d'une sage liberté, on peut dire que la politique est, en général, une science trop abstraite pour les occuper sérieusement. La génération actuelle a contracté de bonne heure l'habitude des vertus sociales. Fière de ses nouvelles destinées, elle s'avance dans la vie avec toutes les idées progressives du siècle. Plus heureuse que les générations qui déclinent et s'éteignent, elle y apporte une force de caractère plus grande, une façon de penser plus male, plus susceptible d'impressions élevées. Partout, dans notre pays, comme dans la majeure partie de la France, le bien surpasse de beaucoup le mal. Il grandit, il se fortifie avec la génération nouvelle, sous l'égide de nos lois. Les femmes ont une amabilité, une gaité remarquables; qualités qui résistent au temps, et qui attachent plus encore que la beauté. L'hymen, pour elles, n'est pas un joug, mais un échange d'égards, de prévenances et de tendresse Les soins de leur ménage font leurs plus douces occupations. » y a de la vérité dans ce tableau, bien que l'auteur ait cherché à l'exposer sous le jour le plus favorable. Quant aux habitants des campagnes, il ajoute : « Moins

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du bal champêtre, et la danse préférée est la fameuse bourrée d'Auvergne qui, lorsqu'elle est bien dansée, ne manque ni de grâce ni d'agrément.

COSTUMES.

L'habillement des habitants de la campagne est simple et commode. Une veste ronde, de larges pantalons, des sabots ou de gros souliers, un chapeau à larges bords, d'où s'échappent les mèches flottantes de leurs longs cheveux; tel est le costume habituel des hommes. Celui des femmes est plus gracieux et plus élégant; leurs robes, à taille courte et à gros plis, sont de couleurs vives (rouges communément), dont l'éclat est rehaussé par un tablier blanc. Leurs vastes chapeaux, dont la forme, relevée en arrière et par-devant, ressemble à celle d'un bateau, et qui, noués négligemment sous le menton, encadrent à merveille un joli visage, attirent surtout les regards des voyageurs.

LANGAGE.

Bien que le Bourbonnais paraisse avoir été sur la limite qui séparait la langue d'Oïl de la langue d'Oc, on des villes est assez correct, mais la prononciation y parle généralement français. Le langage du peuple

Y

est lourde et lente, sur les finales surtout. Les habitants des campagnes n'ont pas précisément un patois, ils estropient le français auquel ils mêlent un assez grand nombre de locutions vicieuses et d'expressions surannées.

NOTES BIOGRAPHIQUES. Parmi les hommes distingués qui appartiennent au département, nous citerons :

BARJAUD, jeune poëte d'un talent remarquable, dont un boulet termina prématurément la carrière, à la bataille de Leipsick; BEAUCHAMP (de l'Allier), successivement membre de la Convention, du conseil des CinqCents et du corps législatif; le maréchal DE Berwick,

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