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tement des Basses-Alpes, cette vallée est digne, par la magnificence de ses aspects, d'obtenir la même admiration que les plus belles des Alpes françaises et étrangères. Dans toute sa longueur elle est formée par des montagnes superbes dont les plus hautes ne se dépouillent jamais entièrement de la neige qui les couvrent. Leur élévation moyenne est de 2 à 3,000 mètres; elle augmente quand les deux chaînes se rapprochent du Mont-Viso, où elles se réunissent. La chaîne du nord marque la limite des départements des Basses et Hautes-Alpes ; elle sépare le bassin de l'Ubaye du bassin de la Durance, et finit à la jonction de ces deux rivières, par un immense promontoire, flanqué d'horribles et roides falaises, nommé le Joug-le-l'Aigle. La chaîne méridionale décrit paralla frontière jusqu'au milieu de sa courbe, se continue par la lèlement un vaste demi-cercle qui embrasse celui du nord, forme cime des Montagnes-Blanches (les plus hautes de l'intérieur du département), et se termine à la hauteur du Joug-de-l'Aigle, par un promontoire rival, en majesté, la Croix-de-Colbas. Ces deux monts, semblables à des géans gardiens de la vallée, la ferment presque entièrement et ne laissent pour issue, à l'Ubaye, qu'une gorge horrible et d'une étonnante profondeur. Sur le premier etage de la Croix-de-Colbas, est le fort Saint-Vincent, jadis dérenseur du débouché, mais aujourd'hui beaucoup plus pittoresque que redoutable. - De là, en se dirigeant vers la vallée, on rencontre un vaste rocher qui la barre, coupé seulement par une fissure étroite et profonde où coulent les eaux de l'Ubaye. Dans ce gouffre affreux la rivière disparaît en grondant, ses mugissements arrivent doublés ce col singulier, au-delà duquel on voit se déployer, à peine à l'oreille du voyageur. La route franchit en zigzags re

les troubadours, Guillaume DE PORCELLET, qui, pour sauver la vie à Richard-Coeur-de-Lion, dont il défendait les drapeaux, s'écria en langue sarrasine: « C'est moi qui suis le roi! Dans la suite, le pays s'honore d'un grand nombre de littérateurs, de jurisconsultes et de savants. Un nom domine tous les autres, c'est celui de Pierre GASSENDI, philosophe érudit, grand mathématicien, savant astronome, rival illustre de Descartes. - La liste des contemporains serait longue, nous nous bornerons à citer: MANUEL, un des orateurs les plus remarquables de nos assemblées politiques; Alph. RABBE, publiciste consciencieux, écrivain plein de verve et de talent; CHAUDON, auteur d'un Dictionnaire historique qui a précédé la Biographie universelle; BERENGER, poëte facile, écrivain agréable, auteur des Soirées provençales; DELEUZE, bibliothécaire du Muséum d'histoire naturelle, un des ardents propagateurs du magnétisme; ItARD, membre de l'Académie royale de médecine, honorable par son caractère, et distingué par ses connaissances scientifiques, qui a essayé le premier de faire parler les sourds-muets, et qui avait entrepris l'éducation du fameux sauvage de l'Aveyron; ROBERT, médecin des établissements sanitaires de Marseille, auteur de l'ouvrage bizarre intitulé Mégalanthropogénésie, ou art de procréer des enfants d'esprit BAYLE, médecin distingué, auteur d'un ouvrage estimé sur la phthisie pulmonaire, et un des principaux rédac-blanches, la Siolane, dome suberbe qu'entourent, comme un teurs du Dictionnaire des sciences médicales; son neveu A.-L -J. BAYLE, rédacteur de la Bibliothèque thérapeutique et de la Revue médicale, etc.

pour

la carrière

Malgré l'éloignement des habitants militaire, le département compte plusieurs généraux: BRUNET, BREISSAND, DESMICHELS, GASSENDI, auteur de l'Aide-mémoire des officiers d'artillerie; HERBEZ-LATOUR, MASSOL, etc.; et quelques marins distingués, parmi lesquels on remarque les braves BERTET ( de Moustiers), DE CAMBIS, SAIZIEU, capitaines de vaisseau, l'amiral RICHERY, qui se signala dans la guerre de la République, et le fameux amiral VILLENEUVE, dont la grande réputation se brisa à Trafalgar contre la fortune de Nelson.

TOPOGRAPHIE.

Le département des Basses-Alpes est un département frontière, région du sud-est, formé de la Haute-Provence. Il a pour limites: au nord, le département des Hautes-Alpes; à l'est, le Piémont; au sud, les départements du Var et des Bouches-du-Rhône, et à l'ouest ceux de Vaucluse et de la Drôme. Il tire son nom de sa position relativement aux Alpes, dont les derniers contre-forts méridionaux viennent en partie s'abaisser et expirer sur son territoire. Sa superficie est évaluée par M. Bottin, à 729,598 arpents métriques. L'annuaire publié à Digne en 1884 lui en donne 745,007.

avec magnificence, une des plus hautes sommités de montagnes

cercle de vassaux, des pics nus et déchirés. Après avoir passé cette barre naturelle, on arrive au Lauzet, bourg situé au fond du bassin, près d'un lac ovale fort poissonneux. Plus haut débouche un vallon latéral, très pittoresque, peuplé, cultivé, et qui s'élève jusqu'au pied du dôme de la Siolane.-Sur un massif de rochers, au pied d'un des pics de cette montagne, est le petit bourg de Méovégétation, parsemé de hameaux et de plusieurs jolis châteaux, se lans. Un agréable amphithéâtre décoré de cultures et d'une belle montre ensuite; puis la vallée devient aride et n'offre bientôt plus à la vue qu'un désert rocailleux d'une lieue de longueur, au bout duquel enfin apparaît Barcelonnette. L'aspect change alors complétement; le bassin s'élargit, le paysage s'embellit, de riants vergers, de riches cultures, de grands et frais pâturages, remplacent les sites sauvages de la vallée inférieure. Malgré l'exhaussement progressif du sol, l'élévation toujours croissante des monts formidables qui forment la vallée, les sites y deviennent de plus en plus agréables. -On nomme cette partie du val, les ChâteauxHauts, et la partie inférieure, les Châteaux-Bas. Au milieu de plaines bien cultivées, on voit les jolis villages de Faucon et de Jausiers; leur bassin est formé par un sombre défilé qui mène aux pittoresques villages de Chatelard et de la Condamine, patrie de ces musiciens ambulants, dont l'orgue bien nommé, dénature, avec une effronterie si barbare, les ouvrages des plus célèbres compositeurs modernes. Au haut du bassin est le village de Tournoux, site d'un ancien camp occupé successivement par les guerriers de la République romaine et par les braves volontaires, soldats de la République française, position militaire souvent visitée et ASPECT GÉNÉRAL. Le caractère principal du pays est la va- toujours admirée. L Ubaye y baigne le pied des vieilles redoutes ga riété; aux paysages riants et fertiles succèdent des tableaux zonnées. La vallée se bifurque et se transforme en deux défilés, d'une nature sauvage et aride, et les scènes grandioses des ré- l'un est arrosé par l'Ubaye, l'autre par l'Ubayette, la route continuc gions Alpines. On y trouve de hautes montagues et des vallées à monter; quelques villages s'y rencontrent encore; les montagnes agrestes et profondes qu'arrosent des eaux limpides. Là s'étendent sont encore parsemées de riches pâturages, de plateaux peuplés des plaines ornées de toute la richesse des cultures méridionales; de troupeaux pendant l'été; puis la vallée s'élève, et l'élévation plus haut verdoient des pelouses pastorales émaillées de fleurs du sol ea bannit la végétation même, les sapins, les derniers meparfumées; plus haut encore sont de vastes forêts dont l'horreur lèzes, disparaissent, et la vallée se termine par un affreux défilé et le silence rappellent les bois druidiques. Des grottes spacieuses bouleversé par les torrents et les avalanches, battu par les temet profondes, soutenues par des colonnades étincelantes de sta-pètes, séjour d'un hiver éternel, et qui n'offre plus en perspective lactites, s'ouvrent dans le flanc des montagnes que dominent des que les pics inaccessibles du Viso. pics sourcilleux couronnés de neiges éternelles. — Si la nature devient avare pour l'agriculteur, elle offre des trésors au studieux botaniste et à l'intrépide géologue; les plantes et les insectes les plus rares se cachent dans les lieux écartés, et les rochers recèlent dans leur sein des minéraux précieux. MONTAGNES ET VALLÉES. Les montagnes du département appartiennent à la chaîne des Alpes; elles font partie d'un systême dont le mont Viso (dans les Hautes-Alpes) est le sommet culminant. Ce mont élevé de 4,219 mètres au-dessus du niveau de la mer (1), projette au midi plusieurs ramifications de nature granitique, porphyrique, calcaire et schisteuse, qui forment les vallées des Basses-Alpes, dont les principales sont celles de l'Ubaye (ou de Barcelonnette), de la Bléone et du Verdan; ces diverses vallées se ramifient elles-mêmes en vallons secondaires. VALLÉE DE BARCELONNETTE, Bien qu'appartenant au dépar

(1) Cette hauteur est celle indiquée par M. Ladoucette, d'après Villars. -Schuckburg ne donne au Col du Viso que 3,045 mètres.

LACS. Le département renferme un assez grand nombre de lacs le plus remarquable est celui d'Allos, dont la circonférence est d'environ une lieue et demie, situé à 2,000 mètres audessus du niveau de la mer, et qui est très poissonneux. - Il existe au pied de la montagne de Lauzet, à l'entrée de la vallée de Barcelonnette, un lac dont les dimensions sont d'environ 100 mètres sur 200, et qui avait, il y a un siècle, une étendue quatre à cinq fois plus considerable; mais un homme du pays conçut le projet de le mettre à sec, et obtint qu'on lui abandonnât en propriété le terrain qui serait desséché il fallait, pour donner aux eaux un écoulement, percer un rocher qui sépare le lac de la rivière. Seul et livré à ses propres ressources, cet homme y travailla pendant sept années, et parvint à creuser un canal de 120 mètres de longueur. Dépourvu de connaissances mathématiques, il n'avait pas bien mesuré son travail et il se croyait encore loin des eaux, quand un coup de marteau les fit jaillir avec impétuosité; elles engloutirent le malheureux ouvrier dont la cons tance et l'activité méritaient un meilleur sort.

RIVIÈRES ET CANAUX. — Les cours d'eau qui arrosent le département partent presque tous de la chaine des Alpes; les principaux sont: la Durance, le Var, le Verdon, le Calavon, le Buech, l'Ubaye, le Bachelard, le Chatoulin, le Riou, la Sence, le Coulomp, la Voire, la Colostre, l'Asse, la Bléone, la Bouniène, le Bès, les Duyes, le Vançon, la Sasse, le Lausson et le Jabron. Faibles pendant l'été, quelques-uns souvent même à sec, ces cours d'eau deviennent des torrents impétueux à la fonte des neiges, La Durance est la seule rivière navigable. On évalue la partie de son cours ouverte à la navigation, depuis son confluent avec le Rhône, à 180,000 mètres Il existe dans l'arrondissement de Forcalquier un canal d'irrigation dit de la Brillane.

ROUTES. Le département est traversé par 3 routes royales (de 3 classe) et par 19 routes départementales. La plupart des transports se font à dos de mulet,

MÉTÉOROLOGIE.

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de Barcelonnette; une autre à Barcelonnette même, et une troisième à Barles; mais l'existence de ces mines n'a jamais été bien constatée. Il n'en est pas de même pour les mines d'argent; on en connaît qui ont été exploitées, puis abandonnées. H existe des traces de minerai argentifère à Baries, à Ubaye, à Mariaud, à Thorame-Haute et à Ongles.-Quelques indices de fer se montrent dans la vallée de Barcelonnette; le plomb, le cuivre, le bismuth, la baryte, sont assez abondants Ou trouve des strates semblables à ceux du Rhin, près de Forcalquier; du succin ou ambre jaune, à Salignac; du cristal de roche, à Lure et à Champourcin; du jaspe, à Saint-Paul; du soufre, à Aubenas; du vitriol, à Dromon; de la houille dans un grand nombre de localités. Le lit des torrents présente des marbres de trois couleurs différentes (noir, blanc et rouge). Le gypse, le schiste ardoisier et l'argile, exis tent aussi dans le département.-On pense qu'on pourrait trouver de la marne aux environs de Faucon.

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Eaux minérales. Digne et Greoulx possèdent des établissements d'eaux thermales très fréquentés, Eaux salées. - On suppose qu'il existe, dans le département, un banc de sel gemme. Les arrondissements de Digne et de Castellaue, possèdent plusieurs sources salées.

CLIMAT. L'air est généralement vif, pur et salubre, mais la température est très variée par sa position méridionale et montagueuse, le département réunit en quelque sorte tous les climats et toutes les saisons. Il présente en même temps, au levant, les fleurs du printemps; au midi, les fruits de l'automne, et au nord, les glaces de l'hiver. On récolte déjà à Manosque lorsqu'on sème encore à la Sestrière; quelques lieues seulement séparent la région où prospèrent les lauriers et les oliviers de celle où croissent les renoncules du nord et les saules nains de la Laponie. La neige dure plusieurs mois dans la vallée de Barcelonnette, où l'on ne connaît que deux saisons, et où les limites extrêmes que le thermomètre atteint sont 16° au-dessus et 18° au-dessous de zéro.premier évêque fut saint Domin. Plus tard ses évêques prirent le VENTS. Les vents dominants sont difficiles à déterminer ; ceux qui soufflent suivent ordinairement la direction des vallées, et varient avec cette direction.

MALADIES. Les affections catarrhales et pulmoniques, les maladies cutanées et dartreuses, sont les plus communes. On remarque, dans quelques localités de la montagne, des goitres assez développés.

HISTOIRE NATURELLE.

FOSSILES.-Les terrains du département renferment des fossiles de toute espèce. On y rencontre des bois pétrifiés, conservant encore leurs veines, leur couleur et leurs nœuds; des poissons et des coquillages minéralisés, parmi lesquels on remarque des ammonites, des nautilites, des pectinites, etc.; ou y trouve aussi des pierres herborisées, on offrant la représentation de ruines, comme les pierres de Florence,

REGNE ANIMAL →→→ Les animaux domestiques, élevés dans le pays, sont généralement de petite espèce. Les chevaux, les mulets et les ânes, quoique d'une stature médiocre, sont forts et vigoureux. Il y existe des baras qui fournissent toutes les contrées environnantes, et dont on améliore les races en allant chercher les étalous jusque dans le Poitou. Le jumar, dit M. de Villeneuve, est commun dans les Basses-Alpes et y est très apprécié, parce qu'il réunit la force du bœuf à la patience et à la sobriété de l'âne : il naft de l'accouplement du taureau et de l'ânesse qu'on enferme la nuit dans la même étable. » → Le loup est très commun dans la montagne, mais il n'y a d'ours et de sangliers que ceux qui viennent des pays voisins. Les chamois y habitent les lieux escarpés. On y trouve des marmottes; les montagnards les mangent volontiers quand elles sont grasses. Ils élèvent aussi et apprivoisent les jeunes, pour servir de compagnes à leurs enfants, lors des émigrations annuelles. Le gibier est très multiplié. On y remarque les lièvres blancs, dont la couleur est regardée par les uns comme permanente, et par les autres comme ue durant que pendant l'hiver; des perdrix blanches, des coqs de bruyère, etc. Le nombre des oiseaux de proie est considérable; les plus forts sont, le milan, le due et le faucon. Les lacs et les cours d'eau sout poissonneux. Les truites du lac d'Alloz, les carpes du lac de Lauzet, sont très grosses et très estimées.

REGNE VÉGÉTAL. Les essences principales des forêts sont le chêne blanc et vert, le hêtre, le sapin, le pin et le mélèze.Parmi les arbres fruitiers, on remarque l'oranger, le mûrier, l'olivier, le figuier, le châtaignier et le noyer; le prunier, dont les variétés sont très multipliées, y produit des fruits excellents (prunes pistoles, brignolles, pruneaux fleuris, prunes-dattes, etc.) -Les vignobles des Mées fournissent un vin recherché. Dans certains cantons on recueille des truffes blanches, noires et marbrées, qui sont estimées. - La flore du département est très riche; les plantes aromatiques et autres, qui tapissent les montagnes pastorales, sont au nombre de plus de 2,500; on y voit des plantes rares, remarquables par leur couleur et par leur parfum, qui pourraient être cultivées dans les jardins; ainsi qu'un nombre non moins grand de fleurs qui, par leur beauté, enrichiraient les parterres, mais qui ne peuvent supporter la culture.

REGNE MINERAL. Le département renferme de nombreuses richesses minérales; tous les géographes de Provence et Cassini lui-même, signalent une mine d'or à Fouillouse, dans la vallée

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VILLES, BOURGS, CHATEAUX, ETC. DIGNE, sur la rive gauche de la Bléone, ch.-l. de préf., à 189 I. S.-E. de Paris. (Distance légale. On paie 96 postes 112.) Pop. 3,932 hab, La fondation de cette ville remonte à une haute antiquité. Son premier nom fut Dinia. Elle fut convertie au christianisme dans le xre siècle, et érigée en évêché en 840, Son

titre de barons, ils étaient suffragants d'Embrun. Favorisée par ses établissements religieux, par sa situation, par ses eaux minérales, Digne s'accrut rapidement et forma deux villes ou parties distinctes; la Cité, qui est la Digue moderne, et le Bourg, non moins grand que la Cité, situé près de celle-ci, dans la vallée du Mardaric; chacune de ces parties était ceinte de murs et avait ses petits faubourgs. Le Bourg possédait deux foires annuelles et très fréquentées, qu'en 1437 le roi René transféra dans la Cité; celleci était administrée, depuis 1297, par un consul choisi parmi ses principaux bourgeois. Les guerres de religion amenèrent la ruine du Bourg; quatre fois les Huguenots le saccagèrent, surtout en 1562 et en 1591. La peste de 1629 dépeupla Digne, dont la population de 10,000 habitants fut, en quatre mois, réduite à 1,500. Bourg fut alors totalement abandonné, il n'en reste que l'ancienne église paroissiale à demi ruinée, mais encore remarquable par sa singulière architecture. -Digne est située au centre même du département, à la jonction des trois rivières, la Bléone, le Mardaric et celle des Eaux-Chaudes. Elle s'élève d'une manière pittoresque sur un mamelon. Au centre de la ville est l'église, assise sur un rocher; son clocher, surmonté d'un dôme en fer qui porte la sonnerie, domine toute la ville. L'église, dont l'architec ture est simple et l'intérieur peu chargé d'ornements, renferme une belle assomption envoyée de Paris, en 1828. Le même roc porte la prison, que ceignent de gros murs. →→→ Le boulevart Gassendi, large, propre, ombragé de platanes, forme une agréa ble promenade au pied de la ville; il est orné d'un château d'eau, et à son extrémité, vers l'ancien Bourg, d'une belle fontaine dé corée de colonnes et de frontons. La place du marché, voisine du boulevart, et formée par une terrasse, possède aussi une belle fontaine. La préfecture, le collège, le séminaire, les casernes et plusieurs autres bâtiments grands et convenables, sont de construction moderne. Ce qui reste de l'ancienne ville est laid et sale. Les environs de Digne sout agréables et pittoresques La vallée de la Bléone est spacieuse, verdoyante, bordée de jardins, de vergers et de maisons de campagne. L'établissement des eaux hermales à 1/21, de la ville, dans la vallée des Eaux-Chaudes, est adossé à un haut rocher perpendiculaire, et fait face à la grande route. C'est un édifice propre, spacieux. Les bains sont alimentés par quatre sources dont la température varie de 35 à 40 degrés centigrades; elles sont connues et usitées depuis très long-temps; Ptolémée et Pline en font mention; elles contiennent du sel mariu, des carbonates et des sulfates de maguésie et de chaux ; on en fait usage en bains, en boissons et en douches; ou les emploie pour le traitement des rhumatismes et des paralysies.

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MOUSTIERS, Ch -1. de cant., à 11 1. S. de Digue. Pop. 1,725 hab. Cette petite ville, située à 2 lieues de Riez, doit son origine à un ancien monastère de servites. Elle se trouve au pied d'une haute montagne, d'où jaillit une source vive très abondante, et sur le flanc de laquelle se trouve une chapelle dédiée à la Vierge, célèbre dès le ve siècle. Sidoine Apollinaire en parle comme d'un pèlerinage très fréquenté. Bien que les rochers escarpés qui avoisinent Moustiers soient nus et décharnés, cette ville a un aspect pittoresque. On remarque, au-dessus de la profonde vallée où la chapelle est située, deux pics de rochers rattachés l'un à l'autre par une chaîne de fer longue d'environ 900 pieds, et à laquelle est suspendue une étoile dorée. On prétend que c'est un ex-voto d'un chevalier de Rhodes qui, étant prisonnier des

Sarrasins, invoqua la Vierge de Moustiers et recouvra la liberté. ¡ RIEZ, sur le Colostre, ch.-l. de cant., à 12 1, S.-S.-O. de Digne. Pop. 3,115 hab. Ancienne et jolie ville épiscopale qui faisait partie de la ci-devant Haute-Provence. Deux conciles s'y tinrent, en 439 et en 1285. Riez est situé au milieu de plaines d'une grande fertilité, conpées de riants coteaux couverts de vignobles. C'est l'ancienne Reia, capitale des peuples que Pline nomme Rei Apollinarii; on y remarque plusieurs monuments dont nous avons parlé à l'article antiquités,

BARCELONNETTE, sur la rive droite de l'Ubaye, ch.-l. d'arrond., à 19 1. N.-E. de Digue. Pop. 2,144 h. → Divers fragments d'antiquités font croire que cette ville est l'antique cité, capitale des Saliens et des Esubiens. Elle était détruite, peut-être entièrement, lorsqu'en 1231 elle fut reconstruite par Raymond Béranger, comte de Provence, qui lui donna le nom qu'elle porte, en souvenir de la Barcelone espagnole d'où ses ancêtres étaient originaires ; la position de Barcelonnette, près de la frontière, entre deux États souvent en guerre, en rendait la possession fort importante, il en résulta de grands désastres pour la ville. Elle fut plusieurs fois prise, reprise, pillée, ravagée, incendiée; elle passa tour à tour au pouvoir des rois de France et des ducs de Savoie; enfin, en 1713, le traité d'Utrecht céda la ville et la vallée de Barcelonnette à la France, en échange d'une portion de territoire attenant an Dauphiné, et située à l'orient des Alpes Les Etats du Dauphiné eurent, à son sujet, avec ceux de la Provence, des contestations que Louis XIV termina en décidant que la ville et la vallée feraient partie de cette dernière province.— Barcelonnette, chef-lieu de la vallée de même nom, est située au centre de cette vallée, dans un bassin spacieux et verdoyant, entourée de hautes montagnes et appuyée aux dernières croupes de l'une d'elles; elle est sur un terrain plane. C'est peut-être la plus jolie ville des Alpes françaises; elle est formée principalement de deux rues qui se coupent à angle droit, et qui sont bordées d'arcades basses et lourdes, mais fort utiles dans un lieu où la neige tombe en abondance pendant l'hiver et dont les rues sont souvent couvertes d'une épaisse couche de glace. Les autres rues de la ville sont pour la plupart symétriques, les maisons en sont propres et d'apparence agréable. La GrandeRue aboutit, du côté de l'Italie, à une place carrée plantée d'arbres, et que bordent en partie le tribunal, beau bâtiment moderne de deux étages, à façade régulière; la caserne de gendarmerie et la prison. Le monument de Manuel décore cette place: c'est une fontaine carrée', entourée d'un bassin arrondi et que surmonte une urne funéraire. Sur une de ses faves se trouve le buste de Manuel, bas-relief en bronze, et cette inscription, empruntée à un vers de Béranger : « Bras, téte et cœur, tout était peuple en lui, » A uu angle de la place s'élève la tour de l'horloge surmontée d'une haute et élégante flèche, reste d'un couvent détruit.

CASTELLANE, Sur la rive droite du Verdon; ch.-1. d'arrond., à 10 1. S.-E. de Digne. Pop. 2,108 hab. - A une époque reculée, Castellane était située sur une colline, au-dessus de la ville moderne ; c'était une seigneurie dont les barons se prétendaient les vassaux immédiats des rois d'Arles, et refusaient de reconnaître la souveraineté des comtes de Provence. Le dernier de ces barons, fut battu, fait prisonnier, et eut la tête tranchée à Marseille, en 1257, et son château fut réuni au domaine du comte. Vers cette époque, les habitants quittèrent la montagne et fondèrent la nouvelle ville au bord du Verdon; l'évêque de Senez vint y habiter, et plusieurs couveuts s'y fondèrent. Castellane est assez bien bâtie et possède plusieurs grands bâtiments, mais d'aspect lugubre: cette ville, percée de rues étroites, tortueuses et sales, est en partie entourée d'énormes murailles délabrées, de tours ruinées, débris de ses anciennes fortifications: d'autres ruines de ce genre parsèment le côteau et couronnent le roc voisin. Entre la ville et la rivière est une place spacieuse, propre et ornée d'un château d'eau. Castellane communique avec la rive gauche de Verdon par un pont en pierre, d'une seule arche très hardie, digne du site extraordinaire où il se trouve; ce pont occupe le fond d'un défilé, et s'appuie au roe de Castellane, promontoire de rochers de 300 pieds de haut, dont le Verdon baigne la base, et qui barre presque entièrement la vallée son aspect est tout-à-fait grandiose; un sentier difficile mène à son sommet, où est bâtie la petite chapelle de Notre-Dame-du-Roe, point, les perspectives sont remarquables; on est au centre d'un vaste amphithéâtre de monts sauvages, dont le plus haut (à l'est), le Taillon, a 1,700 mètres d'élévation. Près de Castellane est une source d'eau salée'si abondante, qu'elle fait tourner un moulin : on a remarqué que le volume d'eau qui en sort augmente quand le vent souffle du nord.

De ce

COLMARS, place forte sur le Verdon ; ch.-1. de cant., à 6 l. 112 de Castellane. Pop. 927 hab. Cette ville est située presque à l'extrémité supérieure de la vallée du Verdon, à la jonction de cette rivière, de la Sence et du Riou, entre la principale chaîne des Montagnes-Blanches et la chaîne des monts dont l'arête forme la frontière. Cette situation très élevée, jointe au voisinage des hantes montagnes, y rend les hivers longs et rudes; mais, dans l'été, c'est un séjour très agréable par la variété et le grandiose

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des sites environnants. On voit, près de Colmars, une fontaine intermittente très curieuse; elle coule et tarit environ huit fois par heure; -Quand l'eau va recommencer à couler elle s'annonce par un murmure sourd, puis elle s'élève rapidement et comme d'un bond, ensuite elle s'abaisse avec lenteur; après un repos d'une minute le débordement recommence et l'abaissement le suit avec une régularité parfaite.

SENEZ, sur la rive gauche de l'Asse; ch.-1, de canton, à 7 l. 112 N.-O. de Castellane. Pop. 913 hab. Senez est une ville fort ancienne; Ptolémée, qui écrivait dans le rre siècle, en fait mention; mais on ignore son histoire et ses vicissitudes. En 450 Senez fut érigée en évêché. Son église cathédrale était dédiée à Notre-Dame; un chapitre de huit chanoines et de huit autres di gnitaires y était attaché; l'évêque prenait le titre de seigneur de Senez, mais il habitait rarement la ville et finit par l'abandonner lorsqu'elle fut déchue au point où elle se trouve encore. Cet évéché fut supprimé à la Révolution.—Senez est située au pied de la montagne de la Combe, sur une colline riante baignée par l'Asse, dans une vallée qui semble perdue au milieu d'un labyrinthe de montagnes. L'aspect de la ville est agréable, mais ses environs ont un caractère sauvage et désolé; les monts qui l'entourent de 1,000 à 1,500 mètres de hauteur, trop peu élevés pour être im posants, ont des flancs escarpés et presque perpendiculaires si rapprochés, que les vallées qu'ils forment ne sont que des gorges tortueuses, sillonnées par les torrents et les lavanges. De maigres taillis, des bouleaux rabougris, de petits sapins, de tristes mélèzes y sont la seule et chétive parure des montagnes ; leur aridité est telle que l'herbe même croit à peine sur leurs plateaux de grès ou de marbres grossiers. Cette nudité laisse le roc exposé aux ardeurs de l'été, à l'âpreté des vents d'hiver, à l'effort des orages fréquents qui délayent et enlèvent la terre végétale aussitôt qu'elle se forme. Le décharnement de ces montagnes ne peut que s'accroitre. Vues de haut, elles offrent l'image de vagues immenses soulevées par les vents, et qu'une puissance surnaturelle aurait transformées en rochers. Une population sauvage et peu nombreuse habite ce chaos et y vit séparée du reste du monde. FORCALQUIER, ch.-1. d'arrond., à 12 l. 112 S.-O. de Digne. Pop. 3,036 hab. Ville ancienne, jadis considérable et importante, elle était la résidence de comtes dont plusieurs se sont rendus fameux dans les guerres de la Provence et du Dauphiné : leur juridiction s'étendait sur plusieurs autres villes et sur un terrain très étendu. Dans le xie siècle une circonstance singu lière attira l'attention de la province sur la ville. Gérard, cha noine de Sisteron, y ayant été nommé évêque, y fut si mal reçn par le chapitre, qu'il se retira à Forcalquier, qui, dès lors, se qualifia de ville épiscopale, et dont l'église prit le titre de concathédrale, qu'elle posséda jusqu'à la Révolution. - Forcalquier fut fortifiée et souffrit plusieurs siéges; elle est encore dominée par les ruines d'un antique château-fort.

de

MANOSQUE, ch-l. de cant, à 4 1. de Forcalquier. Pop. 5,548 h.— Cette ville doit son origine aux comtes de Forcalquier, qui, charmés du site, y avaient fait construire un palais où ils résidaient pendant l'hiver; ils le donnèrent ensuite, ainsi que la ville, à l'ordre Saint-Jean-de-Jérusalem, et on y conserva long-temps le corps de Gérard Jung, instituteur de cet ordre. En 1708 un tremblement de terre renversa une grande partie de la ville; néanmoins c'est encore la plus peuplée des Basses-Alpes. En 1790, lors de la division du territoire, elle n'a pas été nommée ch.-l. de la préfecture à cause de sa situation sur la frontière même du département. Manosque n'offre rien de bien remarquable sous le rapport architectural, quoiqu'elle possède nombre de bâtiments grands et propres; elle est située à une demi-lieue de la Durance, sur la rive droite de cette rivière, au milieu d'une vallée fertile. SISTERON, Sur la rive droite de la Durance, chi.-t. d'arr., à 10 1. O.-N.-O. de Digne Pop. 4,429 hab. - Cette ville, d'une haute antiquité, se nommait, sous les Romains, Secustero, et était alors fortifiée. Pillée et brûlée par les Huns, les Vandales, les Sar rasins, elle fut plusieurs fois reconstruite. Dans le vi siècle on y établit un évêché suffragant de l'église d'Aix, et dont l'évêque prenait le titre de prince de Lurs. Sisteron faisait partie de la Haute-Provence, et fut toujours importante comme place de guerre, à cause de sa position, qui commande les vallées de la Durance et du Buech: c'est près du confluent de ces deux rivières qu'elle est située. - Le bassin de la Durance, spacieux audessus de la ville, se rétrécit en l'approchant, et forme une gorge étroite bordée de rochers escarpés dont l'un est couronné par la citadelle, et l'autre porte le faubourg de Beaume. La ville possède d'agréables promenades, et plusieurs constructions publiques, ainsi que quelques maisons particulières, belles et de bon style. USAGES ET COUTUMES.

LE GUET DE SAINT-MAXIME. Cette fête, célèbre à Riez, a lieu durant les trois jours de la Pentecôte. C'est un combat simulé, ce que dans le pays on nomme une bravade, entre les Chrétiens et les Sarrasins. Les habitants aisés, vêtus à la hussarde, composent un corps de cavalerie bien monté : les artisans se réunissent

en compagnies de fantassins. Les Sarrasins ont des cocardes vertes et des étendards de même couleur. On élève dans le préau de la foire, près de la Rotonde et des quatre colonnes antiques, un fort construit en planches et orné de rameaux verts. Le dimanche et le lundi, les Chrétiens attaquent et bloquent ce fort, qui est occupé par les Sarrasins: il se consomme, dans cette occasion, quinze à vingt quintaux de poudre. On s'empare du fort le troisième jour, on le saccage, on le brûle, et l'on emmène les Sarrasins prisonniers jusqu'aux portes de la ville. Le tout finit par un repas. Le lendemain, tout le monde va à Saint-Maxime, pour remercier le patron de la ville de ce que personne n'a été blessé. Dans l'église, le commandant de la bravate désigne son successeur pour l'année suivante, en plaçant son chapeau sur la tête de celui qu'il juge le plus digne. Celui-ci, en signe d'acceptation, láche son pet, c'est-à-dire tire un coup de fusil dans l'église. HABITATIONS. Dans les montagnes des Basses-Alpes, les maisons sont basses et à un senl étage; les toits, à pointes aiguës, sont couverts d'ardoises ou de petites plaques de bois résineux. Le rez-de-chaussée est voûté et chauffé par un poêle; c'est là que les familles aisées se réunissent. Les pauvres demeurent dans les étables, et les riches eux-mêmes cherchent quelquefois à jouir de la température douce qu'on y trouve, en pratiquant dans un coin de leur écurie un petit salon en planches, où la famille se rassemble quand les froids deviennent trop rigoureux. NOURRITURE. La nourriture habituelle des montagnards est, pendant l'hiver, assez substantielle; elle se compose de viande salée et d'une soupe très épaisse, connue sous le nom de brigadeoux, et faite avec de la farine et du lard. On y joint de gros vermicelle et de larges plaques de pâte. Pendant l'été, leur régime nutritif est varié par les œufs, le lait, les légumes et les fruits, qui sont généralement excellents.

LES TROIS SAUTS.-La plupart des villages ont des fêtes votives appelées roumeirages, qu'animent les courses et les danses des jeunes gens des sexes. - Un de leurs amusements favoris est un exercice gymnastique que nous avons trouvé aussi en honneur chez les Basques des Basses-Pyrénées. On accorde un prix à celui qui, en trois sauts, parcourt l'espace le plus grand. On consacre à cette course rustique, pour les garçons, des champs en pente et nouvellement labourés, et pour les filles, une de ces belles prairies si communes dans les Alpes.

CADRANS SOLAIRES.-On remarque dans les villages de la vallée de Barcelonnette, et surtout dans ceux qui, par leur situation, jouissent peu de la vue du soleil, des cadrans solaires, dessinés avec tout le luxe possible, ornés de brillantes couleurs, et décorés de devises en vers français ou latin, contenant des maximes religieuses et morales, ou les louanges du soleil poétiquement exprimées. Ces cadrans sont communément l'ouvrage des curés qui, dans leurs loisirs, s'attachent ainsi à manifester leur goût par le dessin et la peinture, et leur érudition par les devises.

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USAGES DE LA VALLÉE DE FOURS. La vallée de Fours renferme 36 hameaux qui composent la commune du même nom, dont la population totale s'élève à environ 500 habitants. Chaque hameau, composé d'un petit nombre de maisons, n'est habité que par les membres plus ou moins éloignés d'une même famille. Tous les hommes émigrent périodiquement à l'approche de l'hiver. -Chaque famille a le privilége d'explorer une province spéciale et d'y exercer son industrie sans craindre qu'un membre des familles voisines vienne s'y mettre en concurrence. Ces bons montagnards considèrent la France et l'Europe en quelque sorte comme leur propriété. Les uns vont en Bourgogne, d'autres en Normandie, d'autres en Flandre, en Hollande, jusqu'en Suède et en Danemarck. Au retour, chacun rapporte des pays qu'il parcourt ordinairement quelque petit meuble à l'usage de sa famille. On trouve ainsi, dans cette petite vallée des Basses-Alpes, et dans un espace très borné, des ustensiles des contrées les plus opposées. Les hommes émigrant tous, ce sont les femmes qui se chargent de tous les travaux agricoles. Elles sont fortes et laborieuses. Parmi les usages particuliers à cette vallée, les plus remarquables sont relatifs aux cérémonies pratiquées aux naissances, aux mariages et aux décès.

Baptêmes. Lors des baptêmes, à l'inverse de ce qui se pratique ailleurs, c'est la marraine qui choisit le parrain. Les parents n'admettent jamais, pour parrain ou marraine, une personne affligée de quelque infirmité morale ou physique; ils sont dans la persuasion que ce vice naturel serait transmis à l'enfant. Après le baptême, la marraine, en rendant son fils à l'accouchée, lui | offre six douzaines d'œufs que celle-ci est tenue de manger avant de quitter le lit. Cette coutume a pour but d'empêcher l'accouchée d'avancer l'époque de ses relevailles. Fiançailles et mariages. Quinze jours avant la noce, on procède aux fiançailles. Les parents s'assemblent à minuit, au domicile de la prétendue, et dès que la demande en mariage est faite, le plus proche parent de la fille la conduit dans une salle où elle reste seule un instant avec son futur époux, puis les jeunes gens reviennent au milieu des deux familles, dont ils embrassent tous les membres, en donnant à chacun d'eux le titre de parenté que

la nouvelle union doit établir. Ils se promettent ensuite une fidélité mutuelle. Les parents proclament le mariage, que des coups de fusil annoncent au-dehors. Un repas termine la cérémonie. Le jour des noces, au moment d'aller à l'église, le père de la jeune fille lui présente un verre plein d'eau, dans lequel il jette une pièce d'or ou d'argent, pour lui marquer que ce sont les derniers soins qu'elle recevra de lui. La jeune fille boit l'eau, prend la pièce de monnaie et doit se mettre à pleurer. Elle est conduite à l'église par son père ou par son plus proche parent. En se plaçant auprès d'elle, son futur mari pose un genou sur son tablier, pour indiquer qu'il en prend possession.Après la bénédiction nuptiale, le plus proche parent du mari conduit la jeune femme dans la partie de l'église où elle doit se placer désormais parmi ses nouveaux parents. Au sortir de l'église, il la mène au milieu d'une petite place voisine, vers une pierre de forme conique, qu'on appelle la pierre des épousées, et sur laquelle il la fait asseoir, le pied droit posé dans une entaille faite à dessein, et le ganche suspendu. La jeune femme reçoit, dans cette position peu assurée, les embrassements de ses parents et de ceux de son mari. Chacun d'eux lui place un anneau au doigt. Dans les familles nombreuses, tous les doigts de la mariée sont quelquefois couverts de bagues. · Un simulacre de combat a lieu ensuite entre les habitants du hameau de la femme et ceux du hameau du mari; cette lutte est un témoignage d'estime qu'on n'accorde qu'aux jeunes filles dont la conduite est exempte de reproches. On se dirige ensuite vers la maison du mari. Celui qui conduit la mariée frappe à la porte, qui est fermée, et de l'intérieur on lui demande : « Qui est là ? Ce sont, répond-il, « des voyageurs fatigués qui cherchent un gite.— Allez plus loin, la porte ne peut pas s'ouvrir, la maison attend une nouvelle maitresse.»— Une autre personne du cortége annonce alors l'arrivée de l'épousée, et la porte s'ouvre. Après des salutations réciproques, on présente à l'épousée trois petits pains. Elle les prend, en donne deux à ceux qui sont dans la maison et un à ceux qui sont dehors. L'acceptation des pains est l'acte de prise de possession, et la distribution inégale qu'en fait la jeune femme signifie qu'elle doit prodiguer ses soins à ceux de la maison de préférence aux étrangers Le plus proche parent de l'épousée lui remet ensuite dans un plat deux poignées de froment, qu'elle répand sur la tête des assistants, comme un vœu de prospérité et d'abondance. - Une dernière cérémonie précède l'entrée des deux époux dans la maison: on leur offre de la soupe dans une seule assiette, pour leur faire comprendre qu'ils doivent désormais vivre unis comme un seul et même individu.- Un festin public termine la fête. Tous ceux qui se présentent, parents, compatriotes ou étrangers, peuvent s'y asseoir. Mort. - Repas funèbre. - Après la mort et l'enterrement d'un Fournaisien, la paille de son lit est portée à l'extrémité d'un champ, qui ne doit jamais être le plus voisin de la maison du mort, mais celui qui vient ensuite; cette paille reste là jusqu'à son entière destruction, sans que jamais on s'en serve comme fumier.

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Au jour anniversaire du décès, on célèbre une messe qui est suivie d'un banquet funèbre, dont le riz et les œufs forment les mets principaux; ce triste repas est en quelque sorte public, car chacun, parent, ami ou étranger, a droit d'y prendre place. Les trois robes. On retrouve encore aujourd'hui à Fours un usage jadis pratiqué chez les Grecs, et qui était une des institutions de Solon. La femme athénienne, en se mariant, ne devait apporter à son mari que trois robes et des meubles de peu de valeur. Les Fournaisiennes, en se mariant, n'emportent également que trois robes, et des effets pour une valeur de 200 francs au plus. Cet usage a pour but de ne pas appauvrir les familles par des dots trop considérables.

Les prémices du Jour de l'an. Le premier jour de l'année, chaque mère de famille va de grand matin puiser de l'eau à la fontaine ; celle qui y arrive la première, y dépose sur une pierre des prémices de son travail (une tranche de pain, un morceau de fromage, etc.), qu'emporte celle qui vient ensuite, en les remplaçant par une offrande destinée à celle qui la suivra.

VIE PASTORALE.

MONTAGNES PASTORALES. Les montagnes pastorales sont une des principales richesses des Basses-Alpes. Des pelouses verdoyantes et fleuries y couvrent les flancs et les sommets des montagnes jusqu'à 3,000 mètres d'élévation au-dessus du niveau de la mer, et forment d'excellents pâturages. Les brebis, qui chaque printemps y arrivent, exténuées par la fatigue et la faim, y reprennent en peu de jours un embonpoint remarquable. «II n'est, dit M Henry, rien de beau comme l'aspect de ces montagnes au commencement de l'été. Du milieu d'un fourrage épais, et qui arrive jusqu'au poitrail des chevaux, on voit s'élever des fleurs de toutes les espèces, dont les couleurs variées ressortent de la manière la plus brillante sur cette riche pelouse, et dont les parfums réunis embaument l'air, à une distance considérable. De rochers qui s'élèvent çà et là dans ces prairies, jaillissent des sources fraîches, limpides et pures, dont les eaux forment les

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