Sidebilder
PDF
ePub

1

A MESSIEURS LES SOUSCRIPTEURS

DE LA FRANCE PITTORESQUE.

Si l'étude de la patrie est un devoir pour tout | citoyen, la connaissance complète des beautés pittoresques, des curiosités naturelles, des richesses territoriales de la France, doit être véritablement une source de juste et noble orgueil pour un Français.

Ces deux écueils, de nature opposée, étaient la brièveté et la prolixité.

La brièveté engendre la sécheresse, et aurait rendu le livre incomplet et inutile.

La prolixité n'a pas moins d'inconvénient; c'est elle qui a empêché l'achèvement des ouvrages Avant la publication de la France pittoresque, commencés, pour la description exacte de la des voyageurs studieux, des observateurs atten-France. Dans ceux que le gouvernement lui-même tifs, des peintres habiles, consacraient fréquem- a entrepris, chaque département devait former ment leurs travaux à faire connaître avec détails la un gros volume. La publication d'un travail si Grèce, l'Italie, la Suisse, l'Espagne, l'Angleterre, étendu était naturellement lente; il fallait un la Russie, etc, De magnifiques ouvrages, entrepris grand nombre d'années pour la mener à fin; et avec l'aveu et sous le patronage du gouvernement, quand elle aurait été terminée, on se serait aperçu avaient reproduit tout ce que renferment d'inté- que l'ouvrage était à recommencer; car, auprès ressant et de curieux l'Égypte, l'Indoustan, la des derniers volumes, remplis de détails nouveaux Nouvelle-Hollande, et même les îles sauvages et frais (s'il est possible de s'exprimer ainsi), les parsemées dans l'océan Pacifique. Il y avait lieu premiers volumes auraient paru surannés et de s'étonner qu'aucun monument scientifique et vieillis. littéraire n'eût été encore élevé à la France. Quelques-uns, il est vrai, étaient commencés, mais tous restaient et sont restés inachevés.

D'ailleurs, parmi les détails qui donnent tant de prolixité aux statistiques diverses publiées sur les départements, il en est beaucoup qui sont essentiellement variables et temporaires; ce sont ceux-là qu'il faut élaguer avec choix, pour ne conserver que les détails d'un intérêt général et durable. On peut ainsi réduire à de justes proportions la description d'un département, et n'offrir au public que ce qui est vraiment curieux et utile: c'est à ce plan que je me suis arrêté. L'espace que j'ai pu consacrer à chaque département n'est pas tellement resserré qu'on ait à craindre de n'y voir qu'un tableau aride, sec et écourté (1).

Et pourtant, que d'utiles sujets d'études n'aurait-on pas trouvés dans l'examen des ressources locales de nos départements, dans l'inventaire de ces richesses naturelles que la Providence a si largement départies à notre belle patrie! heureux climat, terres fertiles, mines nombreuses, forêts variées, rivières navigables et flottables. Que d'instruction pratique dans les développements progressifs et soutenus de l'industrie, du commerce et de l'agriculture française! Que de variété et d'attrait dans le tableau des mœurs et des costumes! Que d'intérêt dans les détails biogra(1) Les 16 colonnes bien remplies de la France pittoresque équiphiques, sur les événements et sur les hommes valent à 5 feuilles ou 80 pages in-8°. Les 120 feuilles, avec les qui ont illustré le pays, sur les langues, les idio-tableaux qu'elles renferment, représentent au moins 25 volumes mes et les patois des populations, si diverses d'o-in-8° de 400 pages. rigine et de caractère, que le titre glorieux de Français réunit aujourd'hui en un seul peuple!

Aucun auteur ne paraissait disposé à tenter l'entreprise, vraiment nationale, d'une description complète de la France. Consultant mon zèle et ma bonne volonté, bien plutôt que mes connaissances scientifiques et littéraires, j'osai en concevoir le projet. Cinq années d'études sédentaires et trois années de voyages furent employés à me mettre en état d'accomplir ce dessein. J'espérais, sans trop m'en rendre compte, que pendant ce laps de temps quelque autre plus empressé et plus habile commencerait l'œuvre que je me proposais d'exécuter, et me débarrasserait ainsi de la tâche difficile que je m'étais imposée.

Malheureusement il n'en fut point ainsi; faute de concurrents, le soin de faire connaître la France à mes concitoyens me resta. Je revins à Paris, mes études étaient faites, mes matériaux étaient réunis; je n'avais plus à balancer, et je me décidai à publier la France pittoresque.

Il y avait dans le plan de cet ouvrage deux écueils à éviter.

T. I. a.

due convenable, quoique résumés et soigneusement dégagés de

La description de chaque département contient, avec une éten

tout ce qui paraîtrait oiseux et inutile:
L'histoire;

Les antiquités;

Le tableau des caractères, des mœurs locales, des coutumes et des fêtes singulières;

Celui des costumes particuliers;
L'examen des idiomes et des patois;
Des notes sur les hommes célèbres;
La topographie;

La météorologie;

L'histoire naturelle (règne animal, végétal et minéral).

La description des villes, bourgs, communes, châteaux prin-
cipaux, etc.
La division politique, administrative, militaire, maritime, ju-
diciaire, religieuse, universitaire, etc;

Des renseignements statistiques :
Sur la population et son mouvement;
Sur l'état de l'instruction publique ;
Sur la garde nationale;

Sur les impôts et leur produit, sur les recettes et les dépenses;
Sur l'agriculture, le commerce et l'industrie;

Enfin des notes sur la bibliographie relative au département. Les descriptions des colonies et celles des grandes villes ne présentent pas moins de détails.

Outre la statistique particulière de chaque département ou co

lonie, la France pittoresque contient la statistique générale de la

France, considérée séparément sous les rapports:
Politique et administratif, — militaire,

maritime, — judi

La France pittoresque a servi de modèle à toutes les publications à bon marché, dont le but est de répandre dans les classes populaires le goût de l'instruction et de la lecture.

Les suffrages de 40,000 souscripteurs ont récompensé le zèle désintéressé de l'éditeur, les soins donnés à la confection matérielle de l'ouvrage, et la régularité de sa publication.

La France pittoresque est enfin complétement terminée. J'ai tâché de remplir de mon mieux le plan que je m'étais proposé, et je crois y avoir réussi; je m'estime heureux d'être parvenu, seul et sans collaborateurs, à achever en deux années une pareille entreprise.

Mais, le plan étant trouvé, restait une opération | une activité utile et un mouvement nouveau. hérissée de difficultés, la publication. Pour que mon ouvrage pût être publié tel que je l'avais conçu, il était nécessaire qu'il réunit un grand nombre de souscripteurs, et par conséquent qu'il fût offert au public à un prix modéré. Je désirais cependant l'enrichir de cartes et de gravures, représentant les sites et les villes remarquables, les costumes curieux, les hommes célèbres, etc. La gravure en bois, à laquelle les recueils périodiques anglais ont emprunté un si utile appui, ne pouvait m'être d'aucune utilité à cause de son manque de précision et des difficultés du tirage. La France manquait d'ailleurs de graveurs assez nombreux et assez habiles. Le Magasin pittoresque, unique recueil qui parât à cette époque à Paris, De se soutenait qu'à l'aide de polytypages empruntés aux Anglais; ainsi, alors même que j'eusse pu me servir de gravures en bois, comme je voulais que tout dans mon ouvrage fût national, j'aurais dù renoncer à employer ce genre de gravure. Mon embarras était grand; néanmoins, enconragé par le succès de l'Histoire de Napoléon qui, publiée par feuille, avait obtenu de nombreux lecteurs, je ne désespérais pas encore d'arriver au résultat que je cherchais; enfin je conçus le projet, hardi pour l'époque, de faire concourir la gravure en taille-douce à l'illustration de la France pittoresque.

Un graveur d'un talent distingué, homme actif et plein d'intelligence, M. Couché, voulut bien assurer par sa coopération l'exécution régulière des gravures et leur publication opportune; sans lui les difficultés de cette partie de l'ouvrage auraient été insurmontables.

Pendant cette publication, j'ai reçu des lettres nombreuses; les unes m'apportaient des injures (j'ignore en vérité pourquoi), les autres m'adressaient des critiques, la plupart me donnaient des éloges. J'ai dû mépriser les injures; je remercie les personnes qui ont bien voulu me témoigner leur intérêt par des critiques, ou leur approbation par des éloges. Les critiques m'ont été utiles, j'en ai souvent profité; les louanges ont soutenu mon courage dans une carrière longue et pénible. Je ne m'abusais pas sur mon peu de mérite, mais je voyais avec joie que la majeure partie de mes lecteurs rendait justice du moins à mes travaux et à ma persévérance.

Quelques personnes ont un droit plus particu lier à ma reconnaissance; elles m'ont envoyé des notes et des renseignements relatifs aux localités qu'elles habitent, je les prie de recevoir ici l'assurance de ma gratitude.

Il m'a été impossible de répondre à aucune des J'avais eu le bonheur de trouver un éditeur lettres qui m'ont été adressées; ce silence m'était rempli de zèle, de capacité et de désintéresse- imposé par le travail difficile et continu que j'ament, M. Delloye approuvait mon ouvrage et l'a- vais à faire, et qui absorbait tout mon temps. doptait. Il partageait la pensée patriotique de Pour parvenir à le terminer en deux années, j'ai l'offrir au public à un prix très modique, afin de dû renoncer même aux relations de famille qui multiplier les souscripteurs. Il sacrifiait ainsi à m'étaient les plus chères, et me priver temporai l'instruction future du pays son intérêt particurement de toute correspondance avec mes prolier; car en l'absence de tout précédent, il était le maître de fixer un prix beaucoup plus élevé.

La France pittoresque parut enfiu, et nous pouvons le dire sans craindre d'être démentis, son apparition fit événement: étonné de voir publier un tel ouvrage à si bon marché, le public douta pendant quelque temps si cet ouvrage continuerait à paraître, plusieurs personnes en témoignérent obligeamment leurs craintes à l'éditeur. Bientôt, néanmoins, le succès de la France pittoresque fut assuré; il eut pour premier résultat de douner à la librairie française, alors languissante,

-

ciaire, universitaire, religieux, — moral, — communal et
départemental, agricole, industriel et commercial,
dical, artistique, scientifique et littéraire.

ches parents. J'espère done que les personnes qui m'ont fait l'honneur de m'écrire, voudront bien agréer mes excuses de mon impolitesse forcée.

Je ne terminerai pas cette note sans faire un appel à MM. les souscripteurs de la France pitto resque, pour les prier d'adresser (franco) à mon éditeur, toutes les rectifications qu'ils croiraient devoir être faites à la description des départements qu'ils habitent. Nous leur en aurons une véritable reconnaissance.

Je recevrai également avec reconnaissance toutes les communications qu'ils voudront bien me faire relativement à la France historique et mos mé-numentale (soit mémoires historiques et archéo logiques, descriptions ou dessins de monuments et de costumes antiques, chartes et titres historiques, etc). Ces communications seront pour moi un précieux témoignage de l'intérêt qu'ils porteront à mon nouvel ouvrage, et une marque de l'approbation qu'ils ont bien voulu donner à la France pittoresque.

Les documents statistiques les plus anciens qui ont été employés dans cet ouvrage se rapportent à l'année 1831, époque où à eu lieu le dernier recensement général de la population, et dernière année sur laquelle le ministère eût encore, en 1833 et 1834, présenté aux Chambres des documents complets, L'ouvrage renferme des documents plus modernes encore, et qui méme ont trait aux années 1834 et 1835. Tous les détails et calculs statistiques ont pour base des éléments authentiques ou officiels.

Paris, 50 septembre 1855.

A. HUGO.

[blocks in formation]
[blocks in formation]
[blocks in formation]
[ocr errors]
[ocr errors]
[blocks in formation]
[blocks in formation]
[merged small][ocr errors]
[blocks in formation]
[ocr errors][merged small][merged small][merged small][merged small]
[merged small][ocr errors][merged small]
[merged small][ocr errors]
[merged small][ocr errors]
[blocks in formation]
[ocr errors]
[ocr errors]
[merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][ocr errors][merged small][merged small][merged small]
[ocr errors]

République. Convention. (1793.) Constitution de

1793.-(1794)-(1795), 23.-Constitution de l'an III, 24.

[merged small][ocr errors][merged small]
[ocr errors]
[blocks in formation]
[ocr errors]
[blocks in formation]
[blocks in formation]
[merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][ocr errors][merged small]

Train des équipages militaires.— Organisation.- Effectif.

Uniforme, 42.

Gendarmerie.-Armement.-Uniforme de la gendarmerie
départementale et coloniale. - Uniforme de la garde muni-
cipale de Paris Uniforme des voltigeurs corses (corps
auxiliaire). Gendarmerie royale ; effectif, 42.
Tribunaux milit.- Ateliers de punition.-Ateliers de con-
damnés aux travaux pub. ;- au boulet, 42.-Prisons, 43.
Ecoles militaires. Ecole d'application de l'artillerie et

du génie (à Metz). Ecole d'application au corps royal

d'état-major (à Paris). - Ecole polytechnique (à Paris).

Ecole spéciale et militaire (à Saint-Cyr).- Collége royal et

militaire (à La Flèche).

· Gymnases militaires.

régimentaires, 43.

[ocr errors]
[ocr errors][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small]
[ocr errors][merged small][merged small]
[blocks in formation]
[ocr errors]
[blocks in formation]
[blocks in formation]

16.

[merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][ocr errors][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][ocr errors][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][ocr errors][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][ocr errors][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][subsumed][merged small][ocr errors][merged small][merged small][merged small][merged small][ocr errors][ocr errors][merged small][merged small][ocr errors][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][ocr errors][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][ocr errors][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][ocr errors][ocr errors][ocr errors][merged small][ocr errors][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][ocr errors][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][ocr errors][merged small][ocr errors][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small]
« ForrigeFortsett »