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duc pour

San-Carlos à traiter en mon nom avec le comte de la Forest, plénipotentiaire nommé à cet effet par l'empereur Napoléon. Après l'heureuse conclusion de ce traité, j'ai nommé le même le porter à la régence, afin que, en témoignage de la confiance que j'ai pour les membres qui la composent, elle en fasse les ratifications suivant l'usage, et me renvoie ensuite, sans perte de temps, le traité revêtu de cette formalité. Quelle satisfaction pour moi de faire enfin cesser l'effusion du sang, de voir le terme de tant de maux ! Et combien je soupire après le moment où je me verrai de retour au milieu d'une nation qui vient de donner à l'Univers l'exemple de la plus pure loyauté !

<< A Valançay, le 18 décembre 1813. FERDINAND. A la régence d'Espagne. »

Le conseil de régence répondit au roi au roi par une lettre datée de Madrid, le 8 janvier 1814, et signée par le cardinal-président, dont voici la

teneur :

« Sire, la régence des Espagnes, nommée par les cortès généraux et extraordinaires de la nation, a reçu avec le plus profond respect la lettre que V. M. a daigné lui faire remettre, par l'entremise du duc de San-Carlos, ainsi

que le traité de paix et autres pièces qu'il était chargé de lui porter.

La régence ne saurait exprimer dignement la consolation et la joie qu'elle a éprouvées, en voyant la signature de V. M., en apprenant de sa part qu'elle jouit d'une bonne santé avec sɔn bien-aimé frère et son très-cher oncle, nosseigneurs les infants don Carlos et don Antonio, et en lisant les nobles sentimens de V. M. pour sa chère Espagne.

་ Il est plus difficile encore à la régence de peindre les sentimens de cette nation loyale et magnanime, qui a juré d'être fidèle à V. M., que d'exprimer les sacrifices qu'elle a faits, qu'elle fait encore et qu'elle ne cessera de faire jusqu'au moment où elle aura le bonheur de voir votre auguste personne replacée au trône d'amour et de justice qu'elle vous a préparé. Dans cette impuissance, la régence se borne à dire à V. M., qu'elle est le bien-aimé et le désiré de toute la nation.

« La régence qui gouverne l'Espagne, au nom de V. M., croit de son devoir de mettre sous ses yeux le décret rendu par les cortès généraux et extraordinaires le 1er janvier 1811, et dont copie est jointe à la présente.

<< En donnant à V. M. connaissance de ce décret souverain, la régence regarde comme

inutile de faire la moindre observation sur le traité de paix; mais elle peut assurer avec certitude à V. M., qu'elle trouvera dans cet acte la preuve la plus authentique que la nation espagnole n'a pas fait jusqu'ici des sacrifices infructueux pour recouvrer la personne royale de V. M., et la régence se félicite avec elle de voir enfin approcher le jour où elle aura l'inexprimable bonheur de remettre entre les mains de V. M. l'autorité royale qu'elle lui a conservée comme un dépôt sacré, pendant la durée de sa captivité.

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<< Que Dieu donne une longue vie à V. M. pour le bien de la monarchie.

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Madrid, le 8 janvier 1814; à sa majesté Ferdinand VII. De BOURBON, cardinal

d'Escala, archevêque de Tolède, président; JOSEPH LUYANDO. »

CHAPITRE XI.

Conduite des Cortès et de la Régence d'Espagne lors du rétablissement de Ferdinand VII sur le trône.

AFIN de bien comprendre la réponse de la régence et tous les évènemens qui s'ensuivirent, il faut nécessairement donner une idée de la véritable nature du gouvernement espagnol, qu'on appelait national, ainsi que des opinions de ses directeurs.

Nous avons fait connaître qu'il n'avait existé de gouvernemens légitimes que ceux établis par Charles IV et Ferdinand VII; savoir, en premier lieu, la junte suprême de gouvernement jusqu'au moment de son extinction: ensuite celui du roi Joseph qui devait avoir lieu pendant tout le temps que la dynastie des Bourbons serait éloignée du trône, dont tous les droits étaient conservés d'après les contestations entre le grand-duc de Berg et le conseil de Castille.

Ce point historique a des relations incalcu

lables vers le résultat de la révolution espagnole. Cette vérité, relative à l'existence d'un seul gouvernement légitime dans les deux époques, est bien démontrée dans tous les ordres et toutes les lettres tant secrètes que publiques, tant directes qu'indirectes de Ferdinand VII; et c'est pour cette raison que dans la gazette de la Corogne, intitulée le Citoyen par la Constitution, les fauteurs du gouvernement de Cadix se vantaient, le 13 avril de la même année, en disant : « Six ans vont s'é<<couler depuis que nous avons proclamé notre indépendance, et que contre la volonté des premières autorités, des grands d'Espagne, << du conseil de Castille, de l'inquisition et de plusieurs corporations, nous jurâmes de ré<< tablir et conserver notre liberté. »

«

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L'illégitimité et le caractère révolutionnaire des assemblées des provinces, formées dans chaque ville par le séditieux le plus hardi, contre la volonté des premières autorités, produisirent tant de meurtres et une telle anarchie, qu'ils nécessitèrent une correspondance active entre assemblée et assemblée, d'après laquelle elles-mêmes trouvèrent absolument indispensable de réunir des députés de chacune d'elles, afin d'organiser un gouvernement qui pût prendre le titre de national.

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