Sidebilder
PDF
ePub

liberté. Que le roi, en arrivant à la capitale, se rendrait directement à la salle des cortès, pour y jurer son observation, avec toutes les cérémonies et solemnités prescrites par le réglement de l'assemblée. Qu'après avoir juré, il se rendrait au palais royal, accompagné de trente membres des cortès, et que la régence qui s'y serait rendue, lui remettrait l'exercice du pouvoir exécutif. Que le congrès serait instruit de tout cela, et qu'enfin cet évènement serait communiqué à toute la nation, et son décret remis au roi par trente individus.

Les auteurs de toutes ces idées jugèrent à propos d'adresser à la nation espagnole une proclamation dans laquelle, en lui donnant connaissance des dispositions qu'ils avaient faites pour l'arrivée du roi, ils parlaient du traité de Valançay, en le qualifiant d'infâme, et disaient entr'autres choses: Ferdinand se voyant libre par la constance inimitable de ses sujets, dont il est le père, pourra-t-il souhaiter de vivre au milieu d'eux, environné des bourreaux de sa nation, des parjures qui l'ont vendu, en faisant répandre le sang de leurs frères? Pourra-t-il les couvrir de son manteau royal, pour les soustraire à la justice nationale, et souffrir que de cet asile sacré, ils insultent impunément, avec un air triomphant, à des

milliers de patriotes et à autant de veuves et d'orphelins qui viendront au pied du tróne réclamer une juste et terrible vengeance contre ces cruels parricides?

Ces monstres, pour prix de leur infâme trahison, obtiendraient des victimes mémes de leur rapacité, la dévolution de leurs biens mal acquis, pour en jouir tranquillement dans un pays étranger, pendant que nos campagnes abandonnées, nos villages déserts ou réduits en cendres, n'entendent que les accens de la misère et les cris du désespoir!..... Buonaparte voulait que ceux qui ont abandonné Ferdinand dès le commencement, sous les apparences d'une fidélité feinte à leur roi; ceux qui ont vendu leur patrie et qui, s'opposant à la liberté de la nation, cherchaient à ruiner conjointement les bases du trône, pussent encore à présent soutenir, avec le consentement de notre monarque captif, les perfides insinuations de l'usurpateur de sa couronne, et que, séduisant les hommes peu réfléchis, excitant les plus faibles, et réunissant sous l'étendard d'une loyauté apparente, tous les ennemis de nos nouvelles institutions, ils allumassent la guerre civile dans cette malheureuse nation afin que, déchirée par elle-même, et réduite enfin au désespoir, elle vînt se jeter dans les

bras de l'audacieux usurpateur. Des intentions aussi perfides ne purent être cachés aux représentans de la nation. Fermer pour toujours toutes les portes à l'influence pernicieuse de la France, consolider les bâses d'une constitution si chère au peuple, préserver des funestes conseils des étrangers et des traîtres, le roi captif à son rétablissement sur le trône, éloigner de la nation tous les maux que l'imagination la plus prévoyante pourrait craindre, tels ont été les objets que les cortès se sont proposés. Madrid, le 19 février 1814.

Voilà donc les moyens employés par les cortès et la régence pour prolonger la durée de leur règne et la captivité du roi, en cherchant des prétextes pour justifier leur conduite. Plus de cent mille hommes de mérite, qui avaient en Espagne la même opinion que les réfugiés en France, furent persuadés que tout ce qu'on lisait dans les papiers publics des cortès, de la régence, du conseil d'état, et même dans les feuilles périodiques contre les émigrés, n'était que l'effet de la crainte de perdre leurs emplois, leur influence et leur pouvoir. La violence de leur ambition repoussa la voix de la vérité, en imputant aux partisans de la paix ce qui seulement ne pouvait être que le résultat d'une guerre longue et

obstinée, et en sachant qu'il n'y avait en Espagne d'autres parjures que ceux qui s'étaient soustraits à l'obéissance et à la soumission promises au roi Joseph, et quelques-uns de ceux qui gouvernaient la république intitulée Monarchie.

Napoléon, dans ces entrefaites, méprisa tout, et disposa le retour de Ferdinand en Espagne, se reposant entièrement sur sa parole royale pour l'accomplissement du traité dont Sa Majesté avait donné connaissance à la régence, observant qu'il ne contenait aucune <«< condition qui ne fût conforme à la gloire et « à l'intérêt de la nation espagnole, et que l'Espagne n'aurait pu obtenir une paix plus

[ocr errors]

«

« avantageuse, même après une longue suite « de victoires successives. a

CHAPITRE XII.

Retour du roi Ferdinand en Espagne, et déchéance de Napoléon en France.

ENFIN INFIN parut le jour que les partisans des cortès et de la régence n'avaient jamais cru voir arriver, quoiqu'ils en eussent parlé dans leurs proclamations. Ferdinand VII rentra en Espagne au milieu du mois de mars 1814, en exécution du traité de Valançay, sans autre garantie que la confiance de Napoléon en sa parole. Les deux souverains s'étaient engagés devant Dieu comme devant les hommes, parce que (d'après l'aveu même du roi Ferdinand) « il << n'y avait dans le traité aucune condition qui « ne fût d'accord avec l'honneur, la gloire et l'intérêt de la nation espagnole, et l'Espagne << n'eût pu obtenir une paix plus avantageuse, « même après plusieurs victoires successives. »

[ocr errors]

Ferdinand en était si convaincu, que, pour l'avoir répété sans aucune réserve à Valançay, le duc de San-Carlos, don Pierre Macanaz et don Jean Escoiquiz la publièrent à Paris. Le roi lui

« ForrigeFortsett »