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<< assez de conaissances pour contribuer à son « bonheur, que je désire ardemment. » En effet, les gazettes ont déjà annoncé la sincérité des promesses de l'empereur.

CHAPITRE XIV.

Ordres donnés

par

le roi Ferdinand VII à

Valence, et l'opinion qui en résulta.

On ne connaît pas parfaitement les intentions

qu'avait Ferdinand, lors de son entrée en Espagne. Mais après la soumission des troupes espagnoles, et la nouvelle de la déchéance de Napoléon, il ne fut pas impossible d'en découvrir quelque chose.

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A Saragosse et à Valence, il y eut des évènemens particuliers qui firent entrevoir que Ferdinand n'était porté ni pour les partisans de la constitution de Bayonne, ni pour ceux de celle de Cadix. Quant aux premiers, il en donna quelques preuves en souffrant l'arrestation de MM. don Joachim-Marie Sotelo et don Georges Rey, arrêtés pour avoir été conseillers d'état du roi Joseph, en vertu d'un ordre du chef de guerillas, don Francisco-Espoz-Mina, qui se disait lieutenant - général de l'armée royale, et qui avait commencé peu de temps auparavant sa carrière militaire, en prenant le titre de colonel, successeur de son neveu

Mina, prisonnier en France. Avant la révolu tion, il avait été laboureur, et son travail ne produisait pas tout ce qui était nécessaire pour sa famille. Sa Majesté n'eut pas la bonté d'ordonner la mise en liberté des deux conseillers, quoiqu'on ne pût leur rien reprocher de plus.

A l'égard des partisans de la constitution de Cadix, Ferdinand manifesta son déplaisir en suivant pour son voyage une route toute opposée à celle qui lui avait été désignée par les cortès, malgré qu'on lui eût annoncé que le président de la régence était parti de Madrid, et qu'il suivait la route indiquée jusqu'aux frontières, où il devait trouver Sa Majesté. J'ignore si Ferdinand savait déjà que les cortès avaient ordonné au président de ne pas permettre que Sa Majesté fit aucun acte de souveraineté, qu'après avoir prêté le serment d'observer la constitution; et de ne pas lui baiser la main parce qu'en Espagne, cette coutume à toujours été la marque de l'hommage dû au souverain par le vassal.

Le président de la régence était le cardinal don Louis de Bourbon, archevêque de Tolède, oncle du roi. Ayant trouvé Sa Majesté près de la ville de Valence, il eut l'intention de se conformer aux intentions des cortès

mais Ferdinand lui ayant dit de lui baiser la main, l'oncle lui obéit, contre la teneur des ordres qu'il avait reçu ; et malgré cette condescendance, il ne put obtenir les bonnes grâces du roi son neveu, car celui-ci, au moment de son arrivée à Madrid, ordonna à l'archevêque de se retirer à Tolède, et de renoncer à l'archevêché de Séville, que Son Eminence possédait sous le titre d'administrateur perpétuel, confirmé par le pape. Le cardinal obéit, et le roi nomma pour occuper l'archevêché, une autre personne, en disant qu'il était vacant par la mort de monseigneur Llanes. Ferdinand, en agissant ainsi, ne montra pas tout le respect possible pour la cour apostolique de Rome, dont les réglemens et les bulles considèrent l'administration perpétuelle d'un évêché, accordée par le souverain pontife, autant que la collation canonique.

Le voyage de Ferdinand VII à la ville de Saragosse (contre ce qui avait été résolu par les cortès, dans la désignation de la route), déplut assez à l'assemblée; mais cela ne fut rien en comparaison du séjour de Sa Majesté à la ville de Valence. Toutes ces démarches furent interprétées comme le témoignage d'une mauvaise disposition de la volonté du roi, à l'égard de la prestation du serment sur l'observation

de la constitution sanctionnée par les cortès mêmes, au nom de Sa Majesté.

Le déplaisir s'augmenta, quand Ferdinand leur fit savoir qu'il avait l'intention de régner en établissant une charte constitutionnelle, mais différente de celle qui lui avait été présentée par l'intermédiaire du cardinal de Bourbon, qu'il ne jugeait pas juste ni légitime.

Alors quelques membres des cortès abandonnèrent l'assemblée, et se rendirent à Valence pour se présenter au roi, et prévenir, tandis qu'il était encore temps, la disgrâce qui les menaçait, en disant à Sa Majesté qu'ils avaient toujours été d'un avis contraire à la constitution. Plusieurs grands d'Espagne et quelques conseillers en firent autant, et le général Elio mit à la disposition de Sa Majesté l'armée qu'il commandait, qui, jointe aux autres troupes attachées au roi depuis son arrivée sur le territoire espagnol, formait un corps de quarante mille hommes, dont le roi pouvait disposer.

Pendant son séjour à Valence, on apprit la nouvelle de la déchéance de Napoléon; et comme quelques grands d'Espagne et plusieurs personnages de haut rang avaient la facilité de parler au roi, ils persuadèrent Sa Majesté que la nation entière avait un amour sans bornes

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