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Juin 16-18. ÉVÉNEMENTS DU 30 PRAIRIAL.

Les deux conseils et le directoire sont en butte au mécontentement général, depuis la journée du 18 fructidor ( 4 septembre 1797). La France trouve ce gouvernement aussi malfaisant que le comité de salut public. Sa domination n'est rachetée par aucun bienfait. En provoquant la seconde coalition, il s'est privé de ses grands généraux. L'étoile de Bonaparte n'est plus visible au delà de la Méditerranée; la rumeur publique a trop annoncé que Hoche, échappé de l'expédition d'Irlande, a fini par le poison (V. 18 septembre 1797); Pichegru est déporté à Sinamary (V. 4 septembre 1797); Moreau, en disgrace, ne doit le commandement provisoire des débris de l'armée d'Italie, qu'à la pressante nécessité de réparer les fautes de Schérer; le vainqueur de Naples, Championnet, et l'intrépide Joubert, enneavoir esmis du pillage dans les pays conquis, sont destitués, pour sayé de mettre un frein aux rapines des commissaires du directoire: aussi les armes françaises essuient d'affligeants revers, en Italie comme en Allemagne. Masséna seul se soutient en Suisse, à force de prodiges de sa part, de celle de ses généraux, et par les nombreuses fautes de ses adversaires. Les forces effectives s'élèvent à peine à 170,000 hommes; savoir:

Armée d'Italie, y compris les troupes ramenées de Naples

par Macdonald,..

Garnisons et postes, dans le Dauphiné et la Savoie,... Armées du Danube et d'Helvétie, sous Masséna,..... Troupes disséminées sur le Rhin, de Cologne à Bâle,... Do. Réunies aux Bataves, en Hollande, sous Brune,... D°. Echelonnées sur les côtes de l'Océan, depuis Ostende jusqu'à Brest, et comprises sous la dénomination d'armée d'Angleterre,

40,000 h. 15.000

55,000

30,oco

10,000

20,000

170,000 h.

C'est avec ce faible nombre de soldats épuisés de fatigues, dégoûtés par vingt défaites, dénués des objets de première nécessité, et victimes de la rapacité des agents du directoire, qu'il faut faire face à plus de 300,000 ennemis portés par l'ardeur de la victoire et le desir de la vengeance, sur les frontières même de la république, et secondés en Italie, en Allemagne, par les peuples qui les appellent de tous leurs vœux, et brisent avec furie un joug odieux.

Au-dedans, l'impéritie et la fourberie des directeurs réveillent

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les passions révolutionnaires et les résistances légitimes. Ils ont enfreint les clauses de la pacification convenue avec les habitants de l'Ouest; l'étendard de l'insurrection y est relevé, et il offrirait un point de ralliement, un centre d'action, si le parti royaliste était susceptible d'unir trois choses que jamais il ne saura présenter ensemble l'énergie, la prudence et le génie. Les directeurs administrent au hasard, d'après l'exigeance du jour, sans but comme sans principes. La détresse des finances est à son dernier degré. Jamais on ne vit des fortunes élevées, aux dépens de l'état, avec plus de scandale. L'immoralité la plus grossière se montre à nu, et le règne du vice a supplanté le règne de la terreur. Mais celle-ci menace de reparaître; l'hydre du jacobinisme relève ses mille têtes. Fourbes maladroits, les maîtres de la France s'imputent réciproquement les résultats de l'inexpérience et de la perversité qu'ils ont mises en commun. Chose étonnante! On ne découvre pas un orateur, un publiciste, un administrateur, même un homme de sens, dans les 750 membres des deux conseils. La voix des siècles, les écrits du génie, l'ascendant de la vertu, les leçons de l'expérience, ne peuvent rien sur cette tourbe de législateurs, petits en toutes choses, occupés de misérables intrigues, ne ressentant que des passions vulgaires, n'ayant d'instinct que celui que la nature accorde aux animaux immondes. La France est descendue au dernier état de dégradation morale.

Si au 18 fructidor la majorité du directoire a décimé les conseils; au 30 prairial, trois des cinq directeurs sont éliminés par le corps législatif. Treilhard, Reveillère-Lepaux, Merlin dit de Douai, sont chassés. Ces avocats ont porté dans la conduite des affaires publiques, les ignobles subtilités et les passions mesquines qu'enfante l'art de la chicane. Gohier, homme inconnu; Roger-Ducos, ex-conventionnel, remarquable par sa nullité; un général Moulins, militaire sans réputation, deviennent les collègues de Barras, de Sièyes. Barras n'a pour vertu politique, que l'audace d'un habitué du vice; Sieyes est doué de toute l'astuce d'un mauvais prêtre. De là, une révolution dans le ministère; l'ex-conventionnel Cambacérés, si renommé au comité de sûreté générale, reçoit le porte-feuille de la justice; François dit de Neufchâteau, qui se complaît à diriger le département de l'intérieur, comme un professeur de belles lettres fait sa classe, cède son écritoire à Quinette, ex-conventionnel trèsrecommandable, pour avoir été livré par Dumouriez, en 1793, et rendu en échange de Madame, fille de Louis XV1, en 1795. Le gé.

néral Bernadotte, retiré de la diplomatie, après l'éclat de sa mission à Vienne (V. 13 avril 1798), démis du commandement de l'armée d'observation, au commencement de cette année, 1799, et par conséquent étranger aux derniers revers du général Jourdan; Bernadotte accepte la direction de la guerre. Il se dévoue au salut de la France, dès qu'il voit son indépendance vivement menacée à l'extérieur. Mais, par une sorte d'opposition systématique qui appartient à l'époque, le général Clarke, dont l'esprit est des plus ternes, et la capacité des plus communes, sera mis à la tête du cabinet topographique, ou bureau d'opérations militaires. Par une autre compen sation aussi, l'antre de la police va recevoir Fouché dit de Nantes, cet exterminateur des Lyonnais ( V. 12 octobre 1793), échappé par une infinité de biais, à la déportation à laquelle il avait été condamné comme affidé de Robespierré. Mais le citoyen TalleyrandPérigord, auquel les apprêts du 18 fructidor ouvrirent l'hôtel des. relations extérieures (V. 4 septembre 1797 ), négociera sa retraite à ce moment même où il s'agit de redresser les deux grands actes de sa diplomatie, en neutralisant cette seconde coalition contre la France; coalition qui s'étend de Pétersbourg à Maroc, comme en disposant à des mesures conciliatrices le divan justement courroucé de l'invasion de l'Égypte. Ce citoyen ministre disparaît, dès qu'il faut remédier aux maux qu'il a fomentés. Car c'est à lui, à luimême, que sont principalement dues les transactions qui produisirent ces deux funestes résultats, la coalition et l'expédition d'Égypte. Plusieurs documents publics, d'accord avec ses propres discours à l'institut, le prouvent évidemment (V. Moniteur, nos 300 et 309, an VII).

L'ensemble des dispositions amenées par le 30 prairial, tourne donc au profit des jacobins. De leurs clubs rouverts, ils répandent leurs poisons sur les départements en toute impunité, tandis que les dépositaires du pouvoir suprême, semblables à des insensés qui s'irritent de tout ce qui paraît à leurs regards incertains, s'entourent de débris, replongent tout dans le chaos. L'ineptie et la dépravation font les destinées de la France; et le vaisseau de l'état flottera sans direction, jusqu'à ce qu'il se présente un pilote qui le fasse surgir au port. Harassés par la tourmente, les Français l'appellent à grands cris, prêts à lui remettre le gouvernail. Le premier ambitieux qui osera leur commander, doit compter sur leur servile soumission. Juin 17-19. Bataille de la Trébia (au confluent de cette rivière et du Pô).

Macdonald, commandant, depuis l'arrestation de Championnet, l'armée qui vient d'évacuer Naples, doit faire sa jonction avec l'armée de Moreau, qui, jusqu'à ce jour, a déjoué les manœuvres d'un ennemi redoutable par sa supériorité numérique et par l'appui des insurrections, Macdonald; qui pourrait soutenir très - utilement Moreau, et le relever, agit comme s'il voulait l'éclipser. Arrivé à Lucques, le 3, il est maître de se retirer sur l'état de Gênes; mais il a conçu l'idée hasardeuse de se réunir à Moreau, en perçant le gros de l'armée de Suwarow.

Avec environ 30,000 hommes, Macdonald résiste heureusement, le 17 et le 18, à près de 50,000 Austro-Russes; mais, toujours entraîné par le desir de remporter un avantage signalé sans le concours du général sous les ordres duquel il doit passer, et avec lequel il ne s'accorde pas sur toutes les opérations de la campagne, Macdonald, le troisième jour, franchit audacieusement la Trébia, en face de l'ennemi, et l'attaque sur toute la ligne. Rejeté, après une lutte opiniâtre et serrée, sur la droite du torrent, ayant essuyé une perte évaluée à plus de 12,000 hommes, il se retire sur Modène. arrière-garde, atteinte le lendemain 20, par Suwarow en personne, est extrêmement maltraitée (V. le 27).

Juin 18-21. Combats près de Tortone. autrichien Bellegarde.

Son

Moreau bat le général

20. Reddition de la citadelle de Turin aux Austro-Russes après dix-sept jours de tranchée ouverte.

22. Traité de partage du Mysore (V. 4 mai) entre la compagnie anglaise des Indes, le nabab de Nizam, et le Peischwah.

22. Traité de subsides entre la Russie et la Grande-Bretagne, pour une expédition en Hollande qui sera de 17,600 hommes, 6 vaisseaux de ligne et 5 frégates.

27. Jonction, près de Gênes, de l'armée de Naples, commandée par Macdonald, avec l'armée d'Italie, aux ordres de Moreau. L'une et l'autre ont livré de nombreux combats, éprouvé de grandes pertes. Macdonald, se trouvant alors en second, quitte l'armée, ainsi qu'il avait donné sa démission, en janvier, lorsqu'il se trouvait en mésintelligence avec Championnet, son général en chef.

Juillet 6. Formation, à Paris, d'un nouveau club des jacobins, autrement réunion du Manége. Drouet en est le président. Il sera fermé le 30 août suivant.

Juillet 12. Loi des étages. Elle prescrit des mesures révolutionnaires contre les parents d'émigrés et les nobles, autorise les administrations des départements de les prendre comme étages, en cas de troubles, et de séquestrer leurs biens.

13. Le roi des Deux-Siciles rentre à Naples (V. 23 janvier).

14. Le pape Pie VI, prisonnier du directoire (V. 27 mars), arrive à Valence (Drôme).

23. Reddition de la citadelle d'Alexandrie (Piémont), défendue par le général Gardanne, aux Austro-Russes commandés par le général Bellegarde.

25. Bataille d'Aboukyr.- Dix-huit mille Turcs, convoyés par des vaisseaux anglais, ont débarqué le 15, sur la plage d'Aboukyr, et enlevé le fort. Ils sont attaqués par Bonaparte, dans la presqu'ile même où ils se sont obstinément retranchés. Le pacha qui les commande est fait prisonnier, avec 200 janissaires; tous les autres combattants sont tués ou précipités dans la mer, hors 5,000 renfermés dans le fort. Toutes les tentes, tous les bagages, l'artillerie entière, restent au pouvoir des vainqueurs. Jamais armée ne fut détruite avec autant de rapidité. L'armée victorieuse ne comptait pas 9,000 combattants; mais elle présentait les intrépides généraux Kléber, Lannes, Murat. Cette journée coûte cependant beaucoup de sang aux Français. Elle ne saurait être considérée que comme un épisode militaire, ne décidant rien sur le sort définitif d'une armée qui va s'affaiblissant chaque jour, et qui doit succomber dans une lutte aussi inégale par le nombre.

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30. Reddition de Mantoue.- Cette place capitule, après un blocus de 72 et un siége de 20 jours. Elle est remise par le général LatourFoissac, au général autrichien Kray. La garnison, forte de 4,000 h. seulement, est renvoyée en France et considérée prisonnière de guerre jusqu'à parfait échange. Ce succès des Austro-Russes assure entièrement leur position dans la haute Italie.

Août 2. Reprise du fort d'Aboukyr.- Les 5,000 Turcs qui s'y sont renfermés ( V. 25 juillet) périssent tous, ou par le fer, ou par la faim, à l'exception d'un très-faible nombre, fait prisonnier.

14, et suiv. Combats près de Zurich.

le 17.

Prise du Saint-Gothard,

Depuis les actions qui ont eu lieu sous les murs de Zurich, au commencement de juin (V. le 4), Masséna s'est vigoureusement

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