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DIEU puissant, lève-toi! qu'aux rayons de ta face,

De tes fiers ennemis la téméraire audace

Se change en un subit effroi!

Comme dans un brâsier fond la cire enflammée,
Comme au souffle des vents disparoît la fumée,
Qu'ils disparoissent devant toi!

Mais que l'humble et le juste, en ta douce présence
Rassasiés des biens promis à l'innocence,

Goûtent les délices des Saints.

O peuple aimé de Dieu, soyez dans l'allégresse!
Que vos luths et vos chants respirent la tendresse,
Que son nom charme vos festins!

Archanges, devant lui préparez la carrière;
Il monte au haut des cieux sur un char de lumière
Ouvrez; l'Eternel est son nom.

Peuples, prosternez-vous. Toi, pécheur, qui l'offenses
Crains le Dieu de Jacob, et fléchis les vengeances

De celui qu'adore Sion,

Tome 11o.

19

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C'est ici du Très-Haut la demeure visible,

Lieu saint, où son amour, aux mortels accessible, Les console dans leurs revers;

C'est ici qu'il accorde au pauvre un sort tranquille, Qu'il brise nos liens, et qu'il offre un asile

Au peuple errant dans les déserts.

Quand tu nous conduisois du milieu de la nue,
A ton aspect, Seigneur, la terre fut émue;
L'effroi glaça notre ennemi :

Les cieux versoient sur nous leur bénigne influence;
Tout sembloit d'Israël redouter la puissance
Devant le Dieu de Sinaï.

Que ton oeil paternel veille sur nos contrées,
Conserve nos troupeaux et nos moissons dorées
Du pauvre bénis les destins;

Et les hérauts, chargés d'annoncer ta parole,
Verront, d'un pôlé à l'autre, au nom qui les console,
Se prosterner tous les humains.

Dieu dit au bien-aimé : Sois le roi de la terre ;
Qu'à tes pieds enchaîné, le démon de la guerre
Frémisse devant son vainqueur.

Heureuse de tes dons, riche de ta victoire,
Ton épouse obtiendra ta puissance et ta gloire,
Et brillera de ta splendeur.

Telle, en un ciel serein poursuivant sa carrière,
La lune a du soleil emprunté la lumière
Dont elle vient charmer nos yeux;
Son cours silencieux, sa clarté tempérée,
Les nocturnes flambeaux dont elle est entourée,
Attirent nos cœurs vers les cieux.

Des mondes étoilés le Fils franchit la sphère;
Il conduit en triomphe au trône de son Père
Les captifs soumis à sés lois.

Eh! quel roi, quel vainqueur eut jamais sa clémence?
Il reçoit jusqu'aux dons de celui qui l'offense,
Et de ses pleurs entend la voix.

Du salat aux pécheurs il r'ouvre la carrière,

Rend sa grâce à leur âme, à leurs yeux sa lumière;

Il se fait entendre des morts.

Qu'il soit loué le Dieu qui terrasse l'impie,
Qui relève le foible, et du coeur qui le prie
Accueille et bénit les efforts!

O Dieu! ton peuple a vu ta marche triomphante;
Il a vu de son Roi la splendeur éclatante,
Et son entrée au saint des saints;

Emus des doux transports que ton amour inspire,
Des vierges de Sion les accens et la lyre
S'unissoient aux chantres divins.

Les premiers d'Israël, célébrant sa victoire,
S'écrioient attendris: Louez, chantez sa gloire,
De Jacob rejetons naissans.

Là, marchoit Benjamin, rayonnant d'allégresse;
Là, les chefs de Juda, dans une sainte ivresse,
Guidoient vers Dieu les premiers rangs.

Nephtali, Zabulon, commandés par leurs princes,
Et les jeunes guerriers, espoir de nos provinces,
Brillans de grâce et de splendeur,

Par des cris solennels manifestoient leur joie.
Gloire, honneur à celui que le ciel nous envoie ;
Louez, exaltez sa grandeur!

Au milieu de Sion établis ta puissance;
Achève en nous, Seigneur, l'œuvre de ta clémence;
Règne sur nous en tous les temps.

Tu construiras ton temple en ton saint héritage,
Et les rois de la terre, y portant leur hommage,
Mettront à tes pieds leur encens.

Foudroie en leurs roseaux ces chefs pleins d'artifices, Qui, tels que des taureaux au milieu des génisses, Orgueilleux d'être au premier rang,

Le glaive dans leurs mains, sur leurs lèvres l'injure, S'excitent à frapper ceux que ta main épure, Comme au creuset l'or et l'argent.

Mais alors que ma voix à ton glaive dévoue
Ces puissans dont le char écrasoit sous sa roue
Le peuple fidèle à ta loi,

Ton salut, répandant la lumière et la vie,
A, des princes d'Egypte et des rois d'Arabie,
Elevé les regards vers toi.

Espérez au Seigneur; que votre cœur adore
Le Dieu qui, sur son char, des portes de l'aurore
Vole en son séjour glorieux!

Il vous ouvre le ciel et vers lui vous attire;
Soumettez-vous au Dieu dont la terre est l'empire,
Et sous qui s'abaissent les cieux.

Par M. DE Sapinaud.

Du Protestantisme à propos des conversions qui s'opèrent depuis plusieurs années.

UN ministre protestant disoit, ily a quelques années, dans un ouvrage auquel il n'a pas cru devoir attacher son nom: «Le »> temps est venu peut-être de faire rentrer dans le sein de >> l'Eglise les Grecs, les Luthériens, les Anglicans et les Cal>> vinistes. >> Tout semble confirmer cet heureux pressentiment. Chaque jour, en effet, cette réunion sainte, du moins quant aux derniers, s'opère d'une manière sensible : les conversions se succèdent avec une rapidité qui fait trembler les calvinistes, et la réforme entière, menacée d'une ruine prochaine, s'agite avec effort pour se soutenir sur sa base ébranlée. Mais c'est en vain qu'elle se donne de si grands mouvemens; le trait qui doit la faire périr est déjà lancé, et il est parti de ses propres mains. La foi, qui est l'âme et la vie de toute société religieuse, est presqu'entièrement éteinte dans son sein; les vérités les plus essentielles au christianisme y sont ouvertement attaquées; tout y est mis en problême jusqu'à la divinité de Jésus-Christ. Le protestantisme porte donc en lui-même le germe de sa destruction, et, malgré les replis tortueux dans lesquels il s'enveloppe pour cacher sa foiblesse et sa langueur, il laisse apercevoir facilement des symptômes de mort. L'esprit de parti, les préjugés du premier âge pourront, il est vrai,

soutenir encore quelque temps ce cadavre en dissolution; mais tôt ou tard il faudra qu'il succombe, s'il n'aime mieux revenir à la source salutaire qu'il abandonne si témérairement et dans laquelle il pourroit puiser encore, avec la vraie foi, une nouvelle vie.

A la vue de nos victoires et du mal intérieur qui la consume, la réforme désespérée veut au moins éloigner le moment fatal qui doit achever sa ruine. Elle se hâte donc de faire mouvoir les deux puissans leviers qu'elle employa toujours avec tant de succès contre l'Eglise catholique, je veux dire la calomnie et la haine. Elle va déterrer ces libelles affreux lancés jadis contre Rome et ses pontifes, ces libelles qui seront toujours la honte de leurs auteurs, et qui, frappés dès leur naissance d'un mépris éternel, sembloient être ensevelis pour jamais dans la poussière et dans l'oubli. Elle en recueille avec soin les sarcasmes les plus amers, les injures les plus grossières, et, répétant ces déclamations surannées, ouvrage de l'ignorance ou de la mauvaise foi, elle vient encore, au dix-neuvième siècle, accuser l'Eglise romaine d'idolâtrie, et appeler antechrist celui qui donne des lois à l'univers chrétien.

Mais ce seroit peu que de vomir des injures contre l'Eglise; il faut encore réveiller contre ses ministres cette jalouse animosité dont ils ont éprouvé si cruellement les fureurs dans des jours encore si près de nous. C'est pour arriver à ce but que des écrivains qui ont voué leur plume au mensonge, s'acharnent contre eux avec fureur dans des pamphlets périodiques, répandant sur leurs actions le fiel le plus amer de l'ironie, parlant en termes pompeux de dîmes, d'abbayes et de bénéfices, et, poussant à bout l'effronterie, exagèrent déjà le pouvoir et l'opulence d'un clergé qui n'est puissant que par ses prières et qui n'est riche qu'en vertus.

Le clergé français trop puissant!... Mais hélas! il ne lui est pas seulement permis d'élever la voix pour demander quelques légers changemens dans notre législation, que la religion, que les bonnes mœurs réclament également, et dont plusieurs fois Genève même nous a donné l'exemple... Le clergé français opulent!... Ah! il s'est peut-être enrichi dans ces temps d'affreuse mémoire, où, n'ayant pas même la liberté de choisir entre l'exil et la mort, une partie de ses membres expiroit sous la hache des bourreaux, tandis que les autres, échappés miraculeusement aux massacres, al

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