DIEU puissant, lève-toi! qu'aux rayons de ta face, De tes fiers ennemis la téméraire audace Se change en un subit effroi! Comme dans un brâsier fond la cire enflammée, Mais que l'humble et le juste, en ta douce présence Goûtent les délices des Saints. O peuple aimé de Dieu, soyez dans l'allégresse! Archanges, devant lui préparez la carrière; Peuples, prosternez-vous. Toi, pécheur, qui l'offenses De celui qu'adore Sion, Tome 11o. 19 C'est ici du Très-Haut la demeure visible, Lieu saint, où son amour, aux mortels accessible, Les console dans leurs revers; C'est ici qu'il accorde au pauvre un sort tranquille, Qu'il brise nos liens, et qu'il offre un asile Au peuple errant dans les déserts. Quand tu nous conduisois du milieu de la nue, Les cieux versoient sur nous leur bénigne influence; Que ton oeil paternel veille sur nos contrées, Et les hérauts, chargés d'annoncer ta parole, Dieu dit au bien-aimé : Sois le roi de la terre ; Heureuse de tes dons, riche de ta victoire, Telle, en un ciel serein poursuivant sa carrière, Des mondes étoilés le Fils franchit la sphère; Eh! quel roi, quel vainqueur eut jamais sa clémence? Du salat aux pécheurs il r'ouvre la carrière, Rend sa grâce à leur âme, à leurs yeux sa lumière; Il se fait entendre des morts. Qu'il soit loué le Dieu qui terrasse l'impie, O Dieu! ton peuple a vu ta marche triomphante; Emus des doux transports que ton amour inspire, Les premiers d'Israël, célébrant sa victoire, Là, marchoit Benjamin, rayonnant d'allégresse; Nephtali, Zabulon, commandés par leurs princes, Par des cris solennels manifestoient leur joie. Au milieu de Sion établis ta puissance; Tu construiras ton temple en ton saint héritage, Foudroie en leurs roseaux ces chefs pleins d'artifices, Qui, tels que des taureaux au milieu des génisses, Orgueilleux d'être au premier rang, Le glaive dans leurs mains, sur leurs lèvres l'injure, S'excitent à frapper ceux que ta main épure, Comme au creuset l'or et l'argent. Mais alors que ma voix à ton glaive dévoue Ton salut, répandant la lumière et la vie, Espérez au Seigneur; que votre cœur adore Il vous ouvre le ciel et vers lui vous attire; Par M. DE Sapinaud. Du Protestantisme à propos des conversions qui s'opèrent depuis plusieurs années. UN ministre protestant disoit, ily a quelques années, dans un ouvrage auquel il n'a pas cru devoir attacher son nom: «Le »> temps est venu peut-être de faire rentrer dans le sein de >> l'Eglise les Grecs, les Luthériens, les Anglicans et les Cal>> vinistes. >> Tout semble confirmer cet heureux pressentiment. Chaque jour, en effet, cette réunion sainte, du moins quant aux derniers, s'opère d'une manière sensible : les conversions se succèdent avec une rapidité qui fait trembler les calvinistes, et la réforme entière, menacée d'une ruine prochaine, s'agite avec effort pour se soutenir sur sa base ébranlée. Mais c'est en vain qu'elle se donne de si grands mouvemens; le trait qui doit la faire périr est déjà lancé, et il est parti de ses propres mains. La foi, qui est l'âme et la vie de toute société religieuse, est presqu'entièrement éteinte dans son sein; les vérités les plus essentielles au christianisme y sont ouvertement attaquées; tout y est mis en problême jusqu'à la divinité de Jésus-Christ. Le protestantisme porte donc en lui-même le germe de sa destruction, et, malgré les replis tortueux dans lesquels il s'enveloppe pour cacher sa foiblesse et sa langueur, il laisse apercevoir facilement des symptômes de mort. L'esprit de parti, les préjugés du premier âge pourront, il est vrai, soutenir encore quelque temps ce cadavre en dissolution; mais tôt ou tard il faudra qu'il succombe, s'il n'aime mieux revenir à la source salutaire qu'il abandonne si témérairement et dans laquelle il pourroit puiser encore, avec la vraie foi, une nouvelle vie. A la vue de nos victoires et du mal intérieur qui la consume, la réforme désespérée veut au moins éloigner le moment fatal qui doit achever sa ruine. Elle se hâte donc de faire mouvoir les deux puissans leviers qu'elle employa toujours avec tant de succès contre l'Eglise catholique, je veux dire la calomnie et la haine. Elle va déterrer ces libelles affreux lancés jadis contre Rome et ses pontifes, ces libelles qui seront toujours la honte de leurs auteurs, et qui, frappés dès leur naissance d'un mépris éternel, sembloient être ensevelis pour jamais dans la poussière et dans l'oubli. Elle en recueille avec soin les sarcasmes les plus amers, les injures les plus grossières, et, répétant ces déclamations surannées, ouvrage de l'ignorance ou de la mauvaise foi, elle vient encore, au dix-neuvième siècle, accuser l'Eglise romaine d'idolâtrie, et appeler antechrist celui qui donne des lois à l'univers chrétien. Mais ce seroit peu que de vomir des injures contre l'Eglise; il faut encore réveiller contre ses ministres cette jalouse animosité dont ils ont éprouvé si cruellement les fureurs dans des jours encore si près de nous. C'est pour arriver à ce but que des écrivains qui ont voué leur plume au mensonge, s'acharnent contre eux avec fureur dans des pamphlets périodiques, répandant sur leurs actions le fiel le plus amer de l'ironie, parlant en termes pompeux de dîmes, d'abbayes et de bénéfices, et, poussant à bout l'effronterie, exagèrent déjà le pouvoir et l'opulence d'un clergé qui n'est puissant que par ses prières et qui n'est riche qu'en vertus. Le clergé français trop puissant!... Mais hélas! il ne lui est pas seulement permis d'élever la voix pour demander quelques légers changemens dans notre législation, que la religion, que les bonnes mœurs réclament également, et dont plusieurs fois Genève même nous a donné l'exemple... Le clergé français opulent!... Ah! il s'est peut-être enrichi dans ces temps d'affreuse mémoire, où, n'ayant pas même la liberté de choisir entre l'exil et la mort, une partie de ses membres expiroit sous la hache des bourreaux, tandis que les autres, échappés miraculeusement aux massacres, al |