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les corps des Maréchaux avec l'artillerie légère et la cavalerie du comte de Pahlen et du prince Adam de Wurtemberg. Ceux-ci laissant Connantray sur leur gauche, s'étendirent dans la plaine de Fère-Champenoise, si favorable aux manoeuvres de ces armes.

A peine l'armée française fut-elle ralliée derrière Connantray, qu'on aperçut déboucher du ravin quelques coureurs on eût pu facilement les arrêter; mais frappées d'une terreur panique, artillerie, cavalerie, infanterie, tout s'enfuit pêle-mêle dans la direction de FèreChampenoise. Il était à craindre qu'on ne pût arrêter la déroute, lorsqu'un renfort inespéré sauva l'armée d'une destruction totale. C'était le 9 régiment de marche de grosse cavalerie, arrivé à Sézanne depuis la veille. Jugeant par l'intensité de la canonnade qu'un combat trèsvif se livrait aux environs, le colonel Leclerc qui le commandait, sollicita et obtint du général Compans la permission de se porter en avant, et déboucha de Fère-Champenoise au moment où les troupes le traversaient dans cet affreux désordre; il ne se laissa point rompre par les fuyards, et se portant à la rencontre des escadrons légers des Alliés, leur en imposa par sa bonne contenance, et facilita aux Maréchaux le moyen de rallier leurs troupes sur les hauteurs de Linthes.

Tandis que généraux et officiers s'occupaient

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de ce pénible devoir, on vit s'avancer sur la gauche une colonne soutenant un vigoureux combat. Le bruit se répand au milieu de cet assemblage informe de gens armés, que Napoléon arrive à leur secours. Honteux de leur défaite, ils se rallient sur-le-champ aux cris mille fois répétés de vive l'Empereur! et demandent à marcher à l'ennemi. En effet, les cuirassiers du général Bordesoulle formés les premiers, se portent en avant; mais pris en front par l'artillerie wurtembergeoise et chargés en flanc par la cavalerie du général Seslavin, ils sont forcés à se replier après avoir perdu plusieurs pièces.

Cependant le Généralissime, l'Empereur de Russie et le Roi de Prusse arrivés à Fère-Champenoise avec leur simple escorte, surpris de la canonnade qui grondait à leur droite, autant que de l'attitude d'une armée qu'ils croyaient en déroute, rappelèrent la majeure partie de la cavalerie lancée à sa poursuite, et pressèrent la marche de l'infanterie retardée au passage de la Somme-Soude, afin de s'opposer à la colonne qu'ils voyaient déboucher inopinément sur eux. Les Maréchaux profitèrent de cet incident pour précipiter la retraite sur Allement, où ils arrivèrent à 9 heures du soir, harcelés par les troupes légères, qui leur enlevèrent encore plusieurs voitures d'équipages.

Cette colonne, dont l'apparition causait tant d'étonnement et d'inquiétude aux Alliés, était celle des divisions Pacthod et Amey qu'on a vu arriver le 24 à Bergères.

Combat du général Pac

cavalerie de

lésie.

Le général Pacthod pressé de se réunir aux Maréchaux, sans attendre le retour de l'officier thod avec la qu'il avait expédié au duc de Trévise, s'était mis l'armée de Sien marche sur Vatry au point du jour; arrivé près de Villeseneux, il reçut à 10 heures du matin l'injonction du Maréchal, de rester jusqu'à nouvel ordre à Bergères, où il le croyaitencore.

On a vu que cette division escortant un grand convoi de vivres, avait marché presque toute la nuit. Les chevaux tombaient de fatigue, et le général Pacthod se croyant à l'abri de tout danger, d'après la lettre du duc de Trévise, jugea avoir le temps de les faire rafraîchir à Villeseneux; mais à peine y était-il établi, qu'il fut attaqué par la cavalerie du général Korf qui suivait la route de Châlons à Etoges. Il forma aussitôt ses troupes, la droite appuyée au village, la gauche couverte par un carré considérable, le convoi massé en arrière.

Les attaques de cette cavalerie ne lui paraissant pas dangereuses, il se complut à les repousser de pied ferme durant une heure et demie, au lieu de se retirer sur Fère-Champenoise (1):

(1) Le comte Pacthod nous a lui-même fait observer cette faute avec une franchise qui fait l'éloge de sa modestie.

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aussi le nombre des ennemis s'étant considérablement accru, il ne lui resta bientôt que la ressource de gagner ce bourg à travers champs. II commença son mouvement en échiquier. Le convoi, quoique sur 4 voitures de front, gênait tellement la marche, qu'arrivé vers Clamange, il fallut l'abandonner pour ne pas exposer les troupes qui le couvraient à une perte certaine. Comme déjà l'on n'avait plus le temps de le détruire, le général voulut du moins se servir des chevaux pour doubler les attelages de son artillerie. Afin de faire avec plus de sûreté cette opération, il jeta dans le village le major Caille avec 2 bataillons, qui le défendirent contre toutes les attaques de la cavalerie, jusqu'à ce qu'elle fût terminée. Alors la retraite continua en carrés par régimens, se déboîtant et s'opposant les angles par le sommet, afin de faire feu des quatre faces; 16 pièces réparties sur le front et les flancs des masses écartaient la cavalerie par un feu sagement dirigé.

Le comte Pacthod espérait gagner dans cet ordre Fère-Champenoise, lorsque le comte Pahlen, deuxième, vint s'établir avec deux régimens de chasseurs à cheval sur ses derrières, et le placer dans l'alternative de se faire jour ou de se rendre. Cet incident donne lieu à un court conseil. Le général Delord propose de charger ces nouveaux ennemis, tandis que le reste des troupes

contiendra le général Korf, et son avis est adopté. Aussitôt sa brigade se forme en colonne d'attaque, aborde au pas de charge les chasseurs russes et les force à rétrograder; mais à peine ces deux régimens sont-ils écartés, que la cavalerie du corps de Sacken, attirée par le bruit du canon, exécute plusieurs charges qui obligent le général Delord à se replier en carré.

Tel était l'état des choses, lorsque vers 4 heures la cavalerie et l'artillerie de la garde russe entrèrent en action.

Le général Pacthod qui avait déjà perdu beaucoup de monde, menacé de se voir assailli de toutes parts, précipite sa marche vers les marais de Saint-Gond. La poursuite des Alliés n'en devient que plus vive, et bientôt il s'aperçoit qu'il lui sera impossible de les atteindre. Reconnaissant alors la position désespérée dans laquelle fl se trouve, il harangue ses gardes nationales, et leur montrant la honte d'une capitulation en rase campagne, leur fait jurer de vendre chèrement leur vie. Semblable au fluide électrique, son ardeur gagne tous les rangs, et les carrés immobiles comme des rocs, écartent, par un feu roulant, la cavalerie qui s'épuise en vaines charges contre eux. Désespérant de les forcer avec cette arme, l'empereur Alexandre fait avancer une brigade d'infanterie du corps de Rayefski; mais avant

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