ture des Chambres, disait-il, semble indiquer que la réunion des forces françaises sur la frontière, n'a d'autre but que le maintien du cordon sanitaire; mais cependant on remarque que les conspirateurs espagnols concertent leurs opérations en France, où ils reçoivent asile; protection sans laquelle ils ne pourraient échapper aux poursuites constantes et vigoureuses des troupes nationales. Il est impossible qu'ils aient pu faire des préparatifs aussi considérables, sans les secours pécuniaires du gouvernement français; celui-ci enfin, ajoutait-il, réunit à Bayonne, Toulouse et Perpignan, des forces respectables en infanterie et en artillerie, et fait préparer des vivres et des munitions en quantités plus grandes que ne le comporte le nombre de ses troupes et de ses places sur la frontière. L'Espagne ne peut donc se reposer sur la bonne foi des étrangers; il faut se mettre en défense, et compléter immédiatement l'armée. « L'état militaire du Portugal est à peu près le même que celui d'Espagne; mais bien loin d'avoir rien à craindre de la part de cette puissance, son gouvernement sera disposé à prêter à l'Espagne tous les secours né cessaires. « Quant à Gibraltar, sa garnison n'est pas plus nombreuse qu'à l'ordinaire; du côté de l'Afrique, il n'y a rien à craindre, tant à cause du peu de forces dont les puissances barbaresques peuvent disposer, et de la division qui existe entre les prétendans au trône de Maroc, qu'à cause surtout du bon état de nos forteresses en Afrique. » Le ministre traitait ensuite les évènemens des révolutions d'Espagne, de Naples et du Piémont; il disait que le génie du despotisme méditait sans cesse la ruine de ces trois États, et qu'ainsi il fallait se préparer à repousser les attaques de Troppau et de Laybach. Il avouait cependant que l'insurrection avait fait des progrès effrayans; que des bandes formées dans la Navarre et la Catalogne, et qui, dans l'origine, ne devaient être considérées que comme des troupes de voleurs de grandes routes, étaient devenues des corps d'armées; que depuis long-temps on ne pouvait plus douter que leur intention était de détruire le régime constitutionnel; que l'Aragon, toujours pacifique, commençait à prêter l'oreille aux suggestions de la perfidie; que la prise d'Urgel, en Catalogne, était une grande perte; que malgré la victoire remportée le 7 juillet sur les rebelles, leurs espérances s'étaient relevées par la prise de Méquinenza; qu'ils concertaient déjà des mouvemens militaires très - hardis, entre autres le passage de leurs troupes de la Catalogne dans la Navarre, à travers l'Aragon. Enfin, après avoir fait le dénombrement des forces royalistes, qu'il portait à plus de 40,000 hommes, le ministre demandait aux cortès, outre la réserve de 10,000 hommes, pour mettre l'armée au complet, une levée de 29,973 hommes de plus que ceux demandés au mois de juin, une remonte 9183 chevaux, et l'autorisation de mettre au besoin la milice nationale en activité. sur Le rapport du ministre de la gubernation (intérieur) exprimait à peu près les mêmes idées que celui du ministre de la guerre, les causes qui avaient contribué à accroître le nombre des ennemis de la Constitution; c'était, entre autres, l'ignorance du peuple, l'in fluence du clergé dans quelques provinces, le mauvais exemple donné par quelques chefs de la garde royale, l'indifférence de plusieurs magistrats et des municipalités, et les manœuvres de quelques agens étrangers. Pour remédier à tous ces maux, il proposait les mesures suivantes : Que les cortès s'occupassent le plus tôt possible de fixer le sort du clergé; que les revenus des ecclésiastiques privés de leurs bénéfices à cause de leur opposition au système constitutionnel, fussent destinés au trésor, après avoir fait aux titulaires une pension modique pour leur entretien; que le gouvernement fût autorisé à transférer les ecclésiastiques d'une résidence à une autre; que tout individu jouissant d'une solde quelconque de l'État, et qui ne prendrait pas les armes au moment où sa ville serait attaquée par les insurgés, fût privé des deux tiers de son traitement; que le gouvernement pût faire changer de résidence tout employé réformé, et que s'il refusait d'obéir, il fût privé de ses appointemens; que les villes ou villages qui ne se défendraient pas contre les factieux, quand le nombre de ceux-ci n'excéderait pas le tiers de leur population, seraient dans l'obligation de payer la solde et la nourriture des troupes envoyées pour les défendre; que le gouvernement fût autorisé à suspendre de leurs fonctions les membres des municipalités qui ne montreraient pas assez d'énergie, et pût les remplacer par d'autres qui mériteraient sa confiance; que n'étant pas juste de faire jouir les conspirateurs contre le système, des droits et des avantages qu'il procure, les cortès fissent application de l'article 308 de la Constitution, sur l'arrestation des suspects; que l'on frappât les factieux de contributions pécuniaires, pour indemniser les libéraux des pertes qu'ils auraient pu en essuyer; qu'on autorisât le gouvernement à déplacer et destituer les chefs militaires, sans l'intervention du conseil de guerre demandé par la loi; qu'il ne fût point assujetti, pour nommer aux places de la magistrature, à consulter le conseil d'État; que toutes les personnes à qui on conférerait des commandemens, ou qui seraient nommées à d'autres emplois ou commissions, fussent tenues de |