Navarre. Peu de temps après, le gouvernement se trouva dans la nécessité de lui retirer le commandement de cette province, et de l'envoyer en Galice; il ne tarda pas à être destitué, par suite de la résistance qu'on y opposa aux ordres du ministre Féliu, comme je l'ai déjà dit. Quand enfin les exaltés devinrent, après le 7 juillet, maîtres du pouvoir, ils le nommèrent général en chef de l'armée destinée à combattre les royalistes dans la Catalogne. A l'arrivée de Mina dans cette province, la position des royalistes était très-favorable. Ils avaient éprouvé à la vérité quelques pertes; mais les expéditions du Trappiste et de Quésada ayant eu un succès complet, les communications entre la Navarre et la Catalogne se trouvaient assurées. Quoique la véritable autorité fût entre les mains du général Éguia, qui demeurait à Bayonne, tous les royalistes avaient reconnu la régence d'Urgel. Pour éviter tout conflit de pouvoir, qui eût pu mettre la discorde entre eux, et perdre sans ressource leur cause, les royalistes convinrent que tous les ordres seraient expédiés au nom de la régence. Pour ne point compromettre la réputation de gens qui jouissent d'une grande considération, nous cacherons la cause de la mésintelligence qui éclata plus tard entre la junte de Bayonne et celle de Catalogne. Urgel, Balaguer, Puycerda, Castelfollit et Méquinenza étaient au pouvoir des royalistes; ils bloquaient Figuières, Sellent et Cardona; leur force était de 30,000 hommes bien armés, mais mal vêtus et peu disciplinés. Le général en chef baron d'Éroles avait sous ses ordres Mosen Anton, Misas, Romagosa, le Trappiste, Mirallès et autres. Parmi un nombre immense d'engagemens partiels, l'avantage le plus important qu'ils avaient remporté contre l'ennemi était, comme on le sait déjà, la surprise et la défaite complète, le 18 septembre, entre Montana et Bénabarre, d'une division constitutionnelle commandée par Tabuenca : celui-ci s'efforça en vain de s'ouvrir un passage par les défilés des montagnes; il perdit son artillerie, ses bagages, et presque tous ses soldats furent tués ou faits prisonniers; lui-même fut forcé de se rendre, ainsi que le lieutenant-colonel Vélasco. On chanta un Te Deum à Urgel pour célébrer cette victoire, qui fut le dernier avantage que les royalistes remportèrent cette année. Depuis quinze jours Mina était à Lérida, où il attendait le renfort de troupes qui étaient en marche de tous côtés pour le rejoindre. Le gouvernement avait mis à sa disposition l'élite de l'armée, pour assurer le succès de cette campagne importante, et pour ne point faire éprouver d'échec à la réputation militaire de Mina, l'idole et l'espoir des constitutionnels. Avant de commencer les hostilités, il répandit des proclamations pour exciter les habitans à se défendre contre les soldats de la Foi, et fit même une adresse à ces derniers, les engageant à abandonner leur entreprise, et leur promettant une amnistie complète s'ils rentraient dans leurs foyers; il annonçait aussi que ses troupes observeraient la discipline la plus sévère. A son arrivée dans la capitale de la Catalogne, on fit un auto-da-fé des proclamations répandues par les chefs royalistes. Le fameux Costa, colonel de la milice nationale, arrêté par suite des émeutes qui avaient eu lieu précédemment, fut mis en liberté, et, à la tête de quelques bataillons, alla rejoindre Milans du côté de Vich. On exila un grand nombre de nobles, de magistrats et de moines, sans même en excepter plusieurs qui passaient pour être très-dévoués au parti libéral. Mina frappa d'une contribution extraordinaire de 10 millions la ville de Barcelonne, qui venait d'éprouver les horreurs d'une épidémie, qui avait déjà payé des contributions énormes, et qui avait habillé et équipé plusieurs milliers de soldats et de miliciens. Il ordonna aussi aux municipalités de mettre le séquestre sur les biens des royalistes, dans toute l'étendue de la Catalogne, et d'en appliquer les revenus aux dépenses de la guerre, qui allait commencer avec la plus grande vigueur. Son armée réunie montait à plus de 24,000 hommes, y compris les divisions de Milans, de Rotten et de Manso. Le premier agissait du côté de Vich, le second dans le district de Manrésa, et le troisième dans la province de Tarragone. Comme Mina ne possédait aucune connaissance dans l'art de la guerre, le général Zorraquin, qui en avait beaucoup, lui avait été adjoint en qualité de chef d'étatmajor. Ce fut lui en effet qui fit le plan de campagne, à l'aide des anciens chefs d'étatmajor et du brigadier Torrijos, nommé depuis peu général. L'armée se mit en marche sur Cervéra. Zarco del Valle, commandant en Aragon, remontait les rives de la Sègre, et cherchait à pénétrer dans la vallée d'Urgel par la Conque de Tremp. Il voulait ainsi attaquer par sa gauche l'armée du baron d'Eroles, dont le centre était déjà menacé par Mina en personne. Le baron fut forcé de concentrer ses troupes sur Solsona, en s'appuyant à la Séo d'Urgel. Un mois s'était écoulé en préparatifs et en escarmouches insignifiantes, lorsque tout à coup Mina se présenta devant Castelfollit, place qui mérite à peine ce nom, et qui s'était déclarée une des premières en faveur de la cause du roi. Elle avait un fort entouré de quelques bastions, que le gouver |