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de la Foi furent forcées de plier avec perte de 700 hommes, tant tués que blessés et prisonniers. Arrivées à Estella, elles se divisèrent en deux corps, et, par des directions différentes, entrèrent dans la vallée de Roncal. La junte espagnole de Bayonne eut la précaution d'y envoyer des habillemens, des souliers et quelque argent. Cependant, Quésada avait reçu ordre de la régence de remettre au général O'Donnel le commandement des troupes de la Navarre, et de se diriger sur Guipuscoa et la Biscaye; mais s'il était possible au général O'Donnel de s'installer à Irati, Quésada ne pouvait s'établir sur aucun point de la province dont on lui donnait le commandement. Après avoir laissé sa division sous les ordres de Santos-Ladros, il se rendità Bayonne, où il eut des conférences très-fréquentes avec les généraux Eguia et O'Donnel, et avec Nunez, Abreu et Gaston.

Le curé Mérino fut aussi surpris et battu dans les environs de Lerma, et plus tard à Roa, où il était avec une colonne de 600 hommes d'infanterie et de 100 chevaux. Cette surprise fut d'autant plus sensible, que ce chef passait pour être toujours sur ses gardes. Dans cet état de choses, la cause des royalistes paraissait désespérée.

La régence d'Urgel quitta cette ville, et s'établit à Puycerda, sans même en prévenir le baron d'Éroles, qui, avec les restes de la division de Romanillo et quelques autres troupes, défendait courageusement la Conque de Tremp. Les Catalans ne crurent pas aux motifs allégués par la Gazette d'Urgel, qui présentait cette résolution comme nécessitée par le manque de vivres dans la place, et par la difficulté de s'en procurer. La mauvaise santé dumarquis de Mata-Florida ne fut pas non plus considérée comme une cause suffisante de changement de résidence; en général, on regarda cette retraite comme un excès de précaution peu propre à soutenir l'enthousiasme des habitans de la Catalogne.

Le 11 novembre, la régence s'installa à Puycerda; quelques jours après, on passa dans cette ville, avec le capitaliste français Ouvrard, un contrat d'emprunt de 80 millions de réaux, afin de subvenir à l'armement des troupes, et de donner des secours à une foule

de familles qui arrivaient de toutes parts, le montant des contributions ne pouvant suffire à ces deux objets. La régence présentait pour garantie de cet emprunt le subside ecclésiastique, et autres revenus, promettant l'approbation de Sa Majesté, lorsqu'elle serait rendue à la liberté. On créa des billets de 200 réaux, pour les négocier selon les besoins de l'armée.

Le départ de la régence produisit de fåcheux résultats; la division se mit parmi les principaux chefs. Cette régence, à proprement parler, n'avait point une autorité légitime, c'est-à-dire n'était point établie en vertu de pouvoirs émanés du roi. La volonté de Sa Majesté était que le général Éguia eût la direction des affaires, et l'autorité en son nom. Mais le marquis de Mata-Florida, l'archevêque de Tarragone et le baron d'Éroles avaient organisé en Catalogne des forces considérables, avec lesquelles ils s'étaient emparés de la Séo d'Urgel; et quoique ces services ne leur eussent pas donné le droit de se constituer en gouvernement au nom de Sa Majesté, ils avaient cependant par-là un grand avantage sur la junte de Bayonne, établie en pays étranger. Aussi faut-il rendre justice au général Éguia; il s'empressa de faire reconnaître la régence d'Urgel aussitôt après son installation, et d'ordonner que toutes les troupes lui prêtassent serment de fidélité et d'obéissance. Cette conduite montre une âme élevée et des sentimens très-honorables.

Avec les revers des royalistes commencèrent les reproches et les récriminations entre les chefs de ce parti. Bessières fut accusé de trahison; Romanillo fut arrêté à Urgel, pour n'avoir pas, disait-on, répondu à la confiance du gouvernement. On faisait courir le bruit que le Trappiste, lors d'une inspection de la forteresse d'Urgel, ayant commandé que l'on fît quelques décharges d'artillerie pour s'assurer du bon état des pièces, on avait trouvé quelques canons remplis de sable, et d'autres si mal chargés, que le boulet était avant la poudre; qu'en conséquence il avait ordonné l'arrestation du commandant, et mis quelques soldats au cachot. Toutefois on croyait, par cette découverte, la cause du roi sauvée, et Urgel préservée de tout malheur.

Quoi qu'il en soit, le Trappiste quitta bientôt la Catalogne, et passa en France. Il se rendit à Toulouse, pour y demeurer dans la maison où s'étaient réfugiés les religieux de son ordre. Une multitude innombrable de personnes venaient de toutes parts pour voir et admirer cet homme extraordinaire, qui quittait momentanément l'épée pour les cilices, et qui venait implorer dans la retraite la faveur du Ciel, pour se livrer de nouveau à la défense de la sainte cause qu'il avait embrassée.

Le baron d'Éroles avait réuni une partie de son armée dans la Conque de Tremp et dans les environs de Talarn, où il avait ses propriétés patrimoniales. De nouveaux revers l'y attendaient. Les 15 et 16 novembre, sa maison fut brûlée, et ses propriétés dévastées sous ses yeux, tandis que les autres divisions de l'armée de la Foi étaient complèment battues par Rotten et Milans, qui s'avançaient sur la Cerdagne, dans l'intention de lui couper la retraite. Le baron, de son côté, manœuvra en se repliant d'abord sur Urgel, où il laissa 1200 hommes sous les ordres de Ro

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