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nécessaire pour préparer les moyens de défense contre l'invasion dont ils étaient menacés.

Le ministère de Madrid vit avec un sentiment d'orgueil que l'on gardait des ménagemens envers lui, et qu'il se trouvait en quelque sorte caressé par les deux seules puissances qui pussent l'attaquer.

Les cortès continuaient à tenir leurs séances, sans adoucir le ton insolent qu'elles avaient d'abord adopté. J'ai déjà parlé de la résolution qu'on avait prise sur la proposition de Canga Arguelles et autres députés, relativement au bref de Sa Sainteté, qui défendait la lecture de certains ouvrages espagnols; j'ajouterai seulement qu'on expédia des ordres pour que la circulation du bref fût arrêtée, et qu'on fît savoir au nonce du pape à Madrid, que ni lui ni la cour de Rome ne réussiraient dans leurs intentions à l'égard de l'Espagne. Ceci avait rapport aux expressions dont Canga Arguelles, dans son discours, prétendait que s'était servi Philippe IV. Les cortès ordonnèrent aussi la suppression de tous les couvens établis dans les endroits dont la population n'allait pas au-delà de 450 habitans; enfin, elles cherchèrent par tous les moyens possibles à contrarier Sa Sainteté, en se mettant ainsi en opposition avec le peuple religieux de la péninsule. La cour de Rome, après ces actes répétés d'hostilité de la part des cortès, refusa de recevoir comme chargé d'affaires d'Espagne, l'ex-député Villanueva, dont les opinions en matière de discipline ecclésiastique n'étaient pas d'accord avec la doctrine de l'Église romaine.

Pendant le mois de décembre, les cortès s'occupèrent d'un mémoire présenté par le ministre des finances. La commission chargée de l'examiner présenta son rapport, qu'elle divisa en trois points: 1o les dépenses ordinaires et extraordinaires du ministère pendant la présente année économique; 2o le déficit de 191,255,313 réaux des années précédentes; 3o le déficit présumé de l'année courante. Quant au premier article, la commission disait qu'il n'y avait pas lieu à délibérer, puisque les cortès avaient accordé, selon les demandes de chaque ministère, 309,738,809 réaux, auxquels il fallait ajouter encore

37,739,308 réaux pour l'équipement et l'armement de la milice nationale active.

Pour ce qui regardait le second, la commission pensait que l'on donnait mal à propos le nom de déficit aux 191 millions, puisqu'ils étaient plutôt une somme destinée à suppléer aux embarras que la rentrée des contributions avait éprouvés, et que probablement elle éprouverait encore par suite des circonstances.

Sur le troisième, la commission ne croyait pas, comme le ministre, que les 160,933,322 réaux devinssent nécessaires, et pensait qu'ils pouvaient être réduits à 95 millions. La commission proposait que la somme totale que les cortès devaient allouer, fût de 442,478,117

réaux.

Le ministre des finances, sans s'occuper du premier article, combattit les deux autres, et attribua les difficultés que la rentrée des contributions éprouvait, à la guerre civile; et puisque cette guerre, au lieu de s'éteindre, devenait plus générale, et se propageait dans toutes les provinces, il devait exister un grand déficit, quel que fût le nom qu'on voulût attacher à cette idée. Canga Arguelles s'opposa à ce qu'on accordât les 95 millions proposés par la commission; mais enfin, on adopta les propositions de celle-ci, et 40 millions furent mis à la disposition du ministère, pour qu'il les fît inscrire sur le grand-livre de la dette publique.

Après que ces mesures eurent été arrêtées, les cortès s'occupèrent d'un rapport de la commission spéciale nommée à l'occasion des évènemens du 7 juillet, pour examiner la capitulation conclue entre le général Palaréa et les 300 soldats de la garde royale qui avaient pris position à la casa del Campo.

L'objet principal de ce rapport n'était certainement pas de provoquer une discussion dans les cortès, puisque l'affaire n'offrait pas la plus petite difficulté, mais de chercher un prétexte pour enflammer encore une fois les esprits, devenus un peu plus tranquilles depuis la suspension des pouvoirs accordés au rapporteur Parèdes, pour poursuivre les ministres, le général Morillo, et autres dont on a déjà parlé. La commission fut nommée dans ces intentions; car les cortès approuvèrent la capitulation, et autorisèrent le gouvernement à faire grâce de la vie à tous les gardes qui s'étaient rendus aux généraux Palaréa et Plasencia. La même grâce fut accordée à ceux qui se présentèrent à l'Escurial, par suite de la proclamation du général Plasencia, ainsi qu'à ceux qui s'étaient réunis au bataillon de Vicalbaro.

Cette générosité de la part des cortès et du ministère, ne ralentit pas les attaques dirigées contre ce dernier dans les journaux des exaltés. Le Zurriago (Fouet) surtout, journal infâme, se faisait remarquer par sa fureur. Il était l'organe du parti des comuneros, qui voulaient exploiter à leur profit la révolution, à laquelle ils avaient tant contribué, et qui voyaientavec jalousie que les francsmaçons en retiraient tous les avantages. Il avait été convenu depuis peu avec le ministère, composé alors de francs-maçons, qu'on nommerait aux places de l'administration un comunero sur deux francs-maçons, sans altérer l'ordre des emplois qui deviendraient vacans. Ainsi donc, s'il était question de nommer en même temps à une place de chef

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