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cula qu'il serait possible de les atteindre encore avant leur arrivée au Viso, et le général duc de Dino fut envoyé à leur poursuite avec sa cavalerie. En effet, il les rejoignit au Visillo; et sans s'arrêter pour prendre position, il les attaqua sur le champ par le centre et par la gauche. Ces mouvemens rapides eurent tout le succès que l'on désirait; car avant que l'artillerie fût arrivée, on fit 650 prisonniers, dont dix-huit officiers; on prit un drapeau, trois caisses de munitions et beaucoup d'équipages.

Le prince de Carignan reçut l'ordre de poursuivre une autre division qui avait pris la direction du Viso; mais il ne put atteindre que l'arrière - garde : il l'attaqua, et lui fit soixante prisonniers. Il ne restait au corps du général Plasencia d'autre parti que de se porter de la Caroline sur Jaen; mais avant d'y arriver, le général duc de Dino l'attaqua devant Vilches; et malgré les efforts du général espagnol pour protéger l'infanterie et la soutenir avec quelques escadrons, elle fléchit, et prit la fuite dans le plus grand désordre, en laissant 200 prisonniers, parmi lesquels il y avait quelques officiers. La division de Plasencia disparut ainsi.

Avant de commencer le récit des séances des cortès à Séville, jetons un coup - d'œil rapide sur l'état de la Galice et du royaume de Léon, à l'époque où la capitale de l'Espagne fut occupée par les Français. J'ai déjà dit que le général Morillo avait été envoyé en Galice pour y organiser l'armée qui devait couvrir cette province. Il partit de Madrid sans que le gouvernement lui eût donné les secours nécessaires pour l'exécution de ses ordres, et sans espoir de se les procurer dans la province où il allait commander, l'esprit des habitans de la Galice étant tout à fait contraire à la Constitution. En arrivant à Valladolid, il apprit l'entrée de l'armée française sur le territoire espagnol. Quand il n'aurait pas été prévenu officiellement du passage de la Bidassoa, l'affluence des employés et des personnes dévouées aux cortès qui arrivaient tous les jours, et fuyaient des provinces septentrionales, aurait suffi pour lui apprendre les progrès des Français. Le général leur défendit d'entrer à Valladolid; et en les faisant rétrograder sur Duénas, il leur donna ordre de se diriger sur la capitale. Morillo arriva à Plasencia, où les esprits étaient dans la plus grande exaltation, et où l'ordre public se trouvait menacé par les perturbateurs. II réussit à les calmer, et se porta du côté du royaume de Léon, pour observer les mouvemens du comte d'Amarante, qui y avait pénétré. Quand même Morillo aurait eu les ressources qu'il n'avait pas pour organiser une armée, son départ précipité pour Léon, Astorga et Villafranca, auquel il fut forcé, l'aurait mis dans l'impossibilité de le faire. Il est vrai que Morillo n'eut jamais le moindre espoir de pouvoir résister aux Français: son but était de conserver l'ordre public, troublé si souvent par les comuneros, dont il était l'ennemi irréconciliable.

Les habitans de Lugo gémissaient sous le joug des troupes constitutionnelles commandées par Quiroga. Le général Morillo se porta sur ce point dans l'intention d'y opposer quelque résistance à l'avant-garde du général Larochejaquelein, qui s'avançait vers les frontières de la Galice; mais les satellites des révolutionnaires, qui avaient opprimé le clergé et la population de la ville, manquèrent de courage pour combattre, et prirent la fuite. Cet essai de la vaillance des constitutionnels, les nouvelles qui parvinrent au général Morillo, de la conduite insensée des cortès et de la destitution de Sa Majesté, le déterminèrent à rompre tous les liens qui l'attachaient au gouvernement révolutionnaire, et à ne plus exécuter ses ordres, jusqu'à ce que des actes émanés du roi lui-même lui fussent transmis. Il l'annonça ainsi à toutes les provinces de la Galice, par une proclamation datée de Lugo, le 26 juin. Les villes de la Corogne, de Vigo et d'Orense, où commandaient Vigo, Romai et Rosello, refusèrent d'obéir aux ordres du général Morillo. Palaréa, qui arrivait des Asturies, en fuyant les Français, qui le suivaient de près, et en pillant et ravageant les villes sur son passage, se prononça ouvertement contre l'autorité du général.

Morillo se mit sur le champ en communication avec le général français comte de Bourck, qui avait son quartier-général à Léon: il lui proposa un projet de conven

tion, dont les bases étaient que les propriétés seraient respectées dans les provinces du 2o district, Villafranca, Galice et les Asturies; qu'on accorderait l'amnistie la plus complète à l'égard des opinions politiques, et que les militaires de son armée seraient maintenus dans leurs grades et dans leurs emplois; la capitulation fut bientôt conclue, et dès lors il commença à agir d'accord avec l'armée française. Le général Bourck marcha contre la Corogne, et le général Morillo sur Saint-Jacques de Compostelle, que Palaréa venait de quitter. Morillo se rendit après à Pontévédra; les constitutionnels vinrent attaquer ses avant-postes au pont de Sampayo, et réussirent à faire battre en retraite quelques compagnies du régiment provincial de Santiago. L'inhumanité avec laquelle ils massacrèrent des soldats qui furent surpris sans armes, irrita le général Morillo, et il se disposait à punir leur attentat; mais ils se retirèrent précipitamment. Il fit beaucoup de prisonniers, auxquels il rendit la liberté; ceux-ci contribuèrent plus tard à la reddition de la place de Vigo.

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