des écuries du roi, et chassaient quelques compagnies qui les occupaient. Les vainqueurs y trouvèrent les chevaux du roi, dont ils se servirent plus tard pour poursuivre les fugitifs. Les miliciens d'infanterie et de cavalerie, le régiment de l'Infant don Carlos, celui du Prince, le bataillon sacré et l'artillerie, débouchaient par les rues qui avoisinent le château, quand on y vit arborer le drapeau blanc, signe de paix. Les hostilités cessèrent aussitôt. On annonça que Sa Majesté allait communiquer un message à la députation permanente des cortès: celle-ci se trouvait sans communication avec les ministres, qui étaient détenus au château, où ils avaient formé un conseil composé de deux conseillers d'Etat, de deux membres de la députation provinciale, de trois régidors de la municipalité et de deux généraux, pour délibérer sur le message de Sa Majesté, relatif aux mesures que l'on devait prendre pour arrêter l'effusion du sang occasionnée par l'insurrection des gardes. Le lieutenant-général comte de Casasarria, accompagné des commandans des bataillons des gardes qui étaient restés au château, Héron et Antunez, portèrent le message à la députation permanente. On y exposait la nécessité de suspendre les hostilités, et les inconvéniens qu'il y aurait à désarmer la garde, comme le voulaient les vainqueurs. Une discussion assez vive s'engagea à ce sujet entre le président de la députation permanente, le procureur-syndic de la municipalité Garcia, et autres membres de la junte, d'un côté, et le général Casasarria et Héron, de l'autre. La réponse de la députation permanente fut que le roi devait avant tout donner une preuve évidente qu'il était parfaitement libre, et qu'il le prouverait en confiant la garde de sa personne à ceux qui étaient restés fidèles à leurs sermens, et en renvoyant une garde factieuse qui venait de flétrir ses lauriers par la plus atroce perfidie. On arrêta une capitulation dont les bases étaient que les bataillons restés au château depuis le 30 juin sortiraient avec leurs armes, mais sans munitions, et iraient prendre des cantonnemens à Vicalbaro et Léganès, à deux lieues de Madrid, où il y a des casernes pour la garde, à condition qu'on s'assurerait des soldats qui avaient tué Landaburu, pour leur faire subir la peine de leur crime, et que les bataillons venus du Pardo déposeraient leurs armes dans la place du château, et se rendraient prisonniers. Les envoyés de Sa Majesté lui portèrent cette réponse; et après avoir un peu réfléchi, on donna ordre au général Morillo de faire exécuter la convention, afin de calmer l'effervescence et l'irritation des esprits, qui étaient extrêmes dans la capitale. Les bataillons du château se soumirent à ce qui avait été stipulé à leur égard; mais ceux qui s'étaient trouvés au combat ne purent consentir à se rendre à discrétion, surtout à des miliciens, et animés par le désespoir, serrèrent leurs rangs et firent une décharge. Une partie traversa la porte de la Véga, tandis que d'autres se dirigeaient sur la route d'Alcorcon, par la rue de Ségovie. On se mit sur le champ à leur poursuite. Deux escadrons d'Almansa, des officiers qui faisaient partie du bataillon sacré, les miliciens de cavalerie et l'artillerie, sous les ordres du général Copons, les poursuivirent, en les sabrant et les mitraillant sans pitié. On s'arrêta à Boadilla, où l'on fit 200 prisonniers. Un autre détachement de 300 gardes prit position à la Casa del Campo, dans l'intention de se défendre; mais le brigadier Palaréa s'empressa de leur offrir une capitulation, qui fut acceptée. Ils se rendirent prisonniers de guerre. La nuit vint mettre fin aux horreurs de cette journée, pendant laquelle la vie du roi et des membres de sa famille fut en danger, les moyens de ceux qui se lançaient dans l'affaire du 7 juillet n'ayant pas été aussi bien calculés que leurs intentions avaient été bonnes. Les bataillons du château furent remplacés par le régiment de l'Infant don Carlos et par la milice nationale. La nuit se passa avec tranquillité. On donna des secours aux blessés des deux partis, et on logea les prisonniers, en attendant les ordres du gouvernement à leur égard. Un détachement du régiment de cavalerie du Prince, et quelques officiers des gardes qui avaient suivi le parti constitutionnel, se dirigèrent vers les montagnes de l'Escurial pour ramasser les fuyards qui auraient pu rejoindre les bandes dont le pays était infesté. Le 8, ayant fait le dénombrement des pertes que les deux partis avaient éprouvées, on trouva que, comme d'ordinaire, elles avaient été fort exagérées dans les premiers momens; elles furent peu considérables, eu égard au temps de l'attaque et à l'usage qu'on avait fait de l'artillerie. Les miliciens perdirent douze hommes, et les gardes soixante, y compris ceux qui furent tués dans la retraite. A dix heures, on chanta le Te Deum dans la place de la Constitution, où l'évêque coadjuteur de Madrid célébra la messe et donna la bénédiction au peuple, qui se porta ensuite sur la place du château, en criant vive la Constitution! vive la liberté! Sa Majesté se présenta sur son balcon, et fut forcée d'entendre des cris injurieux pour elle et pour sa famille. Cependant le corps diplomatique, qui avait été témoin des évènemens, et qui connaissait la position dangereuse dans laquelle le roi |