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niers temps, sans y comprendre ceux qui en ont exercé les fonctions depuis le rétablissement du système actuel, est déjà trop nombreuse. Il y a peu de personnes capables de diriger les affaires, même dans les pays où la civilisation se trouve avancée, et on veut forcer Votre Majesté à faire choix de personnes, quand malheureusement elle a peu de latitude pour en faire de bons. Ces changemens sont toujours dangereux : celui que l'on provoque maintenant entraînera de grands maux pour la nation, et ils seront précédés du renversement du trône de Votre Majesté. »

Le but principal du conseil, en se refusant à proposer des personnes pour le ministère, comme le roi l'avait demandé, était de profiter de cette occasion pour faire parvenir à Sa Majesté les bruits publics sur les individus qui l'entouraient, et qui cherchaient à l'éloigner de toute idée de conservation du régime constitutionnel. « Le peuple, ajoutait le conseil, s'est cru sauvé dans la dernière crise, par les ministres, ainsi que par le chef politique et le commandant-général du district; s'il voyait leur séparation, il penserait infailliblement que les mêmes personnes qui ont préparé les tristes évènemens de ces jours derniers, et qui ont coûté à la nation tant de sang et de larmes, conservent encore leur influence sur la volonté de Votre Majesté. Plût à Dieu qu'il ne s'affermisse pas dans les soupçons qu'on lui a suggérés sur la prétendue protection que Votre Majesté accorde à l'exécution de leurs projets! En se rendant compte de l'état des choses, on dirait qu'avec les ennemis extérieurs, conspirent aussi à la ruine de la patrie, les personnes qui abusent de la faveur de Votre Majesté, et que l'on désigne dans le public comme ayant des opinions contraires au système qui nous régit, et des sentimens qui honorent peu leur conduite. »

Le zèle affecté que le conseil montrait dans ce rapport, était de sa part un moyen de défense qu'il se ménageait contre les sorties violentes des journaux exaltés; Sa Majesté se voyait par-là privée de toute ressource pour opérer le bien. Telle a été la malheureuse position de Ferdinand pendant la révolution d'Espagne, qu'il a trouvé des obstacles de la part même des personnes qui lui étaient dévouées. Les ministres persistant toujours à offrir leur démission, Sa Majesté ne savait plus en qui placer sa confiance; le conseil même refusait de l'aider de ses lumières dans une crise aussi affreuse. Cependant le roi ayant insisté pour qu'il fût fait, séance tenante et avant toute autre affaire, un rapport sur les personnes qu'on pouvait élever au ministère, le conseil s'obstina à ne pas les désigner, faisant entendre que puisque Sa Majesté se voyait dans le cas d'accepter la démission de ses ministres, c'était à eux à désigner leurs successeurs. Enfin, le roi nomma dans la même journée Lopez Banos, l'un des héros de l'île de Léon, ministre de la guerre, et l'ex-député Gasco, ministre de l'intérieur; elle les chargea, en outre, de s'adjoindre pour collègues aux autres ministères qui bon leur semblerait. Les ministres démissionnaires consentirent à garder la direction des affaires jusqu'à la nomination de leurs successeurs, les circonstances ne permettant pas de confier les portefeuilles par intérim. Le choix de Lopez Banos ne se fit pas attendre; San Miguel eut le ministère des affaires étrangères, Benicio Navarro celui de grâce et justice, Vadillo celui d'outremer, Egea celui des finances, et Capaz celui de la marine.

Avec ce ministère commence la tyrannie démagogique; c'est lui qui fut la cause de la destruction complète du régime constitutionnel. Avant d'écrire l'histoire de ses égaremens et de ses fureurs, nous allons jeter un coup-d'œil sur l'état des provinces, et retracer les évènemens qui suivirent le triomphe du 7 juillet, triomphe qui fit couler tant de sang en Catalogne. L'insurrection de Siguenza, dont nous avons déjà parlé, inspirait toujours les plus vives inquiétudes; elles étaient surtout augmentées par les relations qu'on supposait exister entre les gardes et les insurgés de cette ville, peu éloignée de Madrid. Ils avaient déjà repoussé le bataillon de Guadalajara, quoique renforcé par une partie des sapeurs d'Alcala et par l'escadron de l'Infant don Antonio; mais les évènemens du 7 juillet ayant permis de diriger contre Siguenza une colonne de la division d'Espinosa, elle fit son entrée dans cette ville le 14. Les royalistes battirent en retraite; ils furent poursuivis, et entièrement détruits le 18, à Molina de Aragon.

Nous avons aussi rapporté que les carabiniers royaux, réunis au régiment provincial de Cordoue, au nombre de 700 hommes, s'étaient soulevés à Castro del Rio, et prononcés contre le système constitutionnel, en déclarant qu'ils n'obéiraient qu'à une junte royale et militaire. Ils se disposaient à réunir des forces plus considérables pour marcher sur Madrid, qu'ils croyaient trouver occupée. par les gardes et par les royalistes de Siguenza. Le gouvernement avait reçu le 29 juin cette nouvelle alarmante, et il avait envoyé par courrier extraordinaire aux régimens de Calatrava et d'Espagne, cavalerie, ainsi qu'à un escadron d'artilleric, l'ordre d'occuper la position d'Andujar. Le commandant militaire de Grenade, celui de Séville, le gouverneur de l'Estrémadoure firent marcher toutes leurs forces disponibles, sous le commandement du général O'Donoju, tandis que le général Palaréa contenait les carabiniers du côté de la Manche. Telle était l'importance que cette insur

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