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vernement formé au nom de Sa Majesté; quant aux villes, elles étaient toutes occupées par les constitutionnels, excepté Urgel, Balaguer et Castelfollit. Le centre des opérations militaires des constitutionnels était à Vich, dont les royalistes ne purent s'emparer ni par ruse ni par force. Le 15 juillet, MosenAnton, avec 3 ou 4 mille hommes, arriva jusqu'aux portes mêmes de la ville, mais il ne put y pénétrer. Il se borna à en occuper toutes les avenues. Du côté de Lérida, Romanillo, Romagosa et Mirallès inquiétaient sans cesse Torrijos, et menaçaient la place. Méquinenza, ville forte, située au confluent de la Sègre et de l'Ebre, fut prise d'assaut par les royalistes. On épargna les habitans, qui d'ailleurs s'étaient montrés favorables aux assiégeans; mais la garnison, forte de 400 hommes, fut passée au fil de l'épée. La possession de Méquinenza était de la plus haute importance; cette place liait entre elles les opérations militaires de la Catalogne, de la Navarre et des provinces basques.

Un gouvernement central fut organisé à la Seo d'Urgel, sous le titre de Régence suprême d'Espagne pendant la captivité de Ferdinand VII. Il se composait de M. le marquis de Mata-Florida, président; de Mr Jacques Creus, archevêque élu de Tarragone, et du lieutenant - général baron d'Éroles. L'installation eut lieu le 14 septembre 1822. On se rendit en grande cérémonie à la cathédrale, où l'on célébra la messe du SaintEsprit. Les membres de la régence prêtèrent serment entre les mains de Mr l'évêque d'Urgel. M. Gisbert fut nommé ministre des affaires étrangères, M. Ortafa eut le portefeuille de la guerre, et M. Barafon fut chargé par intérim des autres ministères. Le 15, on proclama Ferdinand VII roi d'Espagne, avec toutes les cérémonies usitées d'après les anciennes coutumes de la monarchie espagnole, au bruit des applaudissemens du peuple et des soldats. La régence publia aussitôt un manifeste adressé à la nation.

En y faisant part aux Espagnols de son installation, la régence ordonnait que partout on eût à lui obéir, et menaçait de toute la rigueur des lois quiconque méconnaîtrait son autorité, et par-là se déclarerait ennemi du roi et de l'État. Elle annonçait que l'Espagne reprenait la forme de gouvernement qui la régissait avant le 9 mars 1820, déclarant que le roi était réellement en captivité depuis le jour où une faction en armes l'avait forcé par ses menaces de proclamer la Constitution de Cadix, faite en 1812 pendant son absence et sans son consentement. Enfin elle ne reconnaissait pas tous les décrets publiés au nom de Sa Majesté depuis cette époque, jusqu'à ce que rendue à la liberté et réintégrée dans tous ses droits, elle pût faire connaître volonté. La régence invitait les soldats à venir se ranger sous ses enseignes royales, avec promesse d'une augmentation de solde, et en leur faisant envisager l'honneur dont ils se couvriraient en défendant les droits de leur souverain.

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Les militaires royalistes s'empressèrent de prêter serment de fidélité à la régence. Le général Quésada, entre autres, vint à Urgel pour la reconnaître en son nom et au nom des officiers et soldats de l'armée royale de Navarre. L'installation de cette régence effraya les constitutionnels, et ils se décidèrent à l'attaquer sur le champ. Le succès leur paraissait facile, parce que l'armée royaliste n'était pas concentrée, et se trouvait divisée en plusieurs corps isolés entre eux. Le général Llobéras marcha sur Urgel, par Olot et Camprédon; Torrijos, avec 2000 hommes sortis de Lérida, prit la route de Saint-Raimond de Manrésana, tandis que Zarco del Valle, commandant militaire de l'Aragon, se disposait à attaquer Méquinenza. La régence, de son côté, cherchait à propager l'insurrection en Aragon, et à réunir les armées de la Catalogne et de la Navarre. Les deux partis se contrarièrent mutuellement dans leurs opérations militaires; Mosen Anton attaqua Llobéra à Camprédon, lui tua beaucoup de monde, et fit plus de 200 prisonniers; mais Torrijos, sorti de Fraja avec 900 hommes d'infanterie, 600 chevaux et trois pièces d'artillerie, défit complètement, près de Cervéra, une colonne royaliste sous les ordres de Mirallès et de Romanillo. Cependant il fut battu à son tour quelques jours après à Sellent, par le baron d'Éroles, qui était venu au secours de Mirallès. Le Trappiste avait ordre de pénétrer en Aragon, et d'ouvrir des communications avec l'armée de Navarre: pour exécuter ce projet, il ne pouvait compter que sur 2500 hommes de toutes armes. Son intention était de se porter d'abord sur Méquinenza; mais sur l'avis que Zarco del Valle, parti de Saragosse, avait pris cette direction, il changea de plan, et tombant à l'improviste sur Barbastro, il s'en empara, et livra la ville au pillage, pour la punir de la résistance qui lui avait été opposée. De là il se dirigea sur Huesca, où beaucoup d'étudians de l'université s'enrôlèrent dans ses troupes. On craignit un moment à Saragosse qu'il ne s'avançât sur la ville, où l'on n'avait pas de forces à lui opposer; car la milice nationale y était seule, Zarco del Valle ayant réuni toutes les troupes disponibles pour attaquer Méquinenza. Le général constitutionnel apprit devant cette place l'occupation et le pillage de Barbastro; et ajournant ses projets d'attaque contre la forteresse, il se mit en marche, par des routes de traverse, pour poursuivre la colonne du Trappiste. Il parvint à l'atteindre sur les hau

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