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18 Siècle.

Dates. 1792

Événements politiques.

CONVENTION NATIONALE

(21 septemb.)

(23 septemb.)

ELLE

LLE est donc enfin tombée cette monarchie de quatorze siècles, sous laquelle nos aïeux obtinrent tant de gloire, la France tant de grandeur, notre littérature un si brillant éclat! Elle est tombée pour n'avoir pas voulu faire de pacte avec l'esprit du siècle, pour avoir méconnu les besoins de la civilisation. Les premiers coups lui furent portés par les castes mêmes les plus intéressées à sa conservation; mais après avoir déchaîné le torrent de la démocratie, ces castes ont reculé devant leur propre ouvrage et n'ont trouvé d'autre moyen d'arrêter la révolution qu'elles avaient mise en mouvement que celui de la combattre. Alors, d'abandon en abandon, cette révolution est échue aux dernières classes du peuple, et elle en a pris le caractère et les goûts; elle a choisi ses chefs parmi ces hommes bruts dont l'éducation n'a point réglé les facultés; elle a fait voir dans leur plus hideuse nudité les factions, leurs luttes, leurs vengeances. Coalition de passions viles, d'intérêts honteux, et quelquefois concert admirable d'abnégation, de désintéressement; tout s'est mêlé, confondu, dans ce drame effrayant et mobile; et cependant la révolution, traversée de tant de jours de deuil, a atteint son but; du chaos est sortie la lumière; l'Europe entière a changé de face, elle est régénérée, et les malheurs d'une époque ont tourné au profit de toutes les générations.

Première séance de la Convention nationale. Abolition de la royauté. · Établissement de la république.

- Séance de la Convention. La Gironde renouvelle ses attaques contre la Montagne, et accuse Robespierre d'aspirer à la dictature. Marat ayant demandé la parole, les girondins suscitent un effroyable tumulte dont il attend patiemment la fin; puis il parle, est écouté et même applaudi. Cet échec eut des suites fâcheuses pour la Gironde, qui ne s'en releva pas: Marat avait sauvé la Montagne. Sur la motion de Danton, l'assemblée porte un décret ainsi conçu: La république est une et indivisible.

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Le général Montesquiou entre dans la Savoie, qui est réunie à la république française. Première lutte entre les girondins et les montagnards. Dénonciation de Robespierre et de Marat.

-Conférence entre Thouvenot, l'ami et le confident de Dumouriez, et le duc de Brunswick, sous le prétexte apparent d'un cartel d'échange, mais concernant en effet le projet d'une convention militaire secrète, portant évacuation complète du territoire français dans le délai de vingt jours. Dumouriez s'engageait à ne point

Religion, Législation, Statistique.

Synchronismes, etc.

1792. Factions de la Montagne et de la Plaine. Il y avait dans la Convention deux nuances bien tranchées, et, outre ces deux nuances, on y voyait encore un certain nombre de députés qui n'avaient point encore d'opinions fixées, ou ne voulaient point se déclarer d'une manière publique, et cependant paraissaient préférer les principes des girondins. Cette portion des représentants du peuple occupait le centre de l'assemblée; la Gironde siégeait à droite ; à gauche, sur des bancs qui s'élevaient en amphithéâtre, on voyait le parti jacobin; car alors cette dénomination, jadis commune aux patriotes qui fréquentaient le club de ce nom, commençait à être opposée à celle des girondins. La députation de Paris et les plus exagérés des départements, placés au faîte sur les premiers bancs, reçurent aussi le nom de montagnards; leur parti se nomma la Montagne, et, par opposition, les hôtes du centre, assis dans la partie la plus basse de la salle, furent nommés la Plaine et le Marais.

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Succès des Anglais dans l'Inde contre le sultan Tippoo-Saïb.

-Mort de Josué Reynolds, peintre de portraits, célèbre fondateur de l'école anglaise et écrivain judicieux qui nous a laissé des discours sur la peinture qui sont de véritables chefs-d'œuvre d'élégance et d'analyse. Né à Plympton, dans le Devonshire, le 6 juillet 1723, il voyagea en Italie, se fixa ensuite à Londres, où il devint président de l'Académie des beaux-arts, et parvint à acquérir par son talent une immense fortune. Reynolds

fut inhumé dans le caveau de l'église cathédrale de Saint-Paul, à côté de Christophe Wren, l'architecte de ce magnifique édifice.

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Établissement de la manufacture nationale d'armes de Versailles.

VIOTTI, violoniste célèbre, commence à

majestueux, magnifique, le style de sa com

(21 septembre). Première séance. (La Convention est composée de sept cent quarante-neuf Londres sa brillante réputation, il est le créamembres dont soixante-quinze ont siégé à l'Assem-teur d'une nouvelle ère pour le violon. Hardi, blée constituante et cent soixante-quatorze à l'Assemblée législative.) François de Neufchâteau, président à la clôture de cette dernière, remet ses pouvoirs à la nouvelle assemblée. Pétion est nommé président, sur la motion de Collot-d'Herbois, et, sur la proposition de l'abbé Grégoire, la Convention déclare, à l'unanimité, que la ROYAUTÉ EST ABOLIE EN FRANCE.

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position était admirablement secondé par son exécution énergique et moelleuse. On disait de lui: « C'est un archet de coton dirigé par le bras d'Hercule. » Jamais musicien n'approcha plus près du sublime. Viotti était né en 1755, à Fontanetta, en Piémont. Il vint à Paris, qui l'accueillit comme une merveille, et il fut pendant quelque temps codirecteur de l'Opéra italien. La reine Marie-Antoinette avait voulu l'entendre l'artiste se rend à Versailles, où toute la cour était rassemblée. Il commence son morceau; mais les causeries l'interrompent. Il recommence, nouveaux chuchotements. Il plie son cahier, met son chapeau sous le bras, et sort. C'était plus qu'il n'en fallait pour jeter une tête exaltée dans le parti républicain. Aussi Viotti fut-il un des plus violents panégyristes de la révolution. On l'expulsa du sol anglais pour ce motif, et il alla vivre dans une jolie villa que lui offrit un Anglais, dans les environs de Hambourg. Plusieurs années après, il retourna en Angleterre, où il se fit marchand de vins et se

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18 Siècle.

Événements politiques.

Dates. 1792

(29 septemb.)

(1er octobre)

(13 octobre)

(20 octobre)

(21 octobre)

(23 octobre.)

troubler la retraite. La remise de Verdun et de Longwy était aussi stipulée. On se sépara sans rien conclure.

Arrivée au camp de trois commissaires de la Convention: Sillery, Carra et Prieur de la Marne. Ils venaient faire prêter serment à la république. Dumouriez sait les ménager et rendre leur mission à peu près inutile.

-SIEGE DE LILLE. Les Autrichiens, commandés par le duc Albert de Saxe, arrivés devant Lille le 23, investissent cette ville et en commencent le siége le 29. Lille n'a que cent trente-deux canonniers pour servir sa nombreuse artillerie. Sommée par le major d'Aspes de la remettre au duc de Saxe, le général Duhoux, le commandant Ruault, le maire André et les habitants, renouvellent fièrement en sa présence le serment d'être fidèles à la nation, et déclarent qu'ils s'enseveliront sous les ruines de la place avant d'être parjures. Cette réponse devient le signal du bombardement le plus épouvantable. Les obus, les bombes et les boulets rouges portent pendant huit jours le ravage et l'incendie dans cette cité populeuse. Rien n'égale la fureur des assiégeants, si ce n'est la constance des assiégés; aucun sacrifice, aucun effort ne coûtent aux citoyens. Tout est soldat; femmes, enfants, vieillards, tous veillent pour étouffer l'incendie qui se montre partout à chaque instant de la nuit et du jour. Les boulets et les bombes manquent à la rage d'Albert; les barres de fer, les chaînes et les pierres leur succèdent. Un faubourg et sept cents maisons de la ville sont devenus la proie des flammes, et les Lillois résistent encore. Une porte est demeurée libre, et Lamorlière en profite pour alimenter la garnison, dont le courage est encore animé par les promesses et la présence des commissaires de la Convention nationale. Albert de Saxe désespère de la victoire, et le 8 octobre il lève honteusement le siége d'une ville qu'il a remplie de malheureux et de décombres.

-Le roi de Prusse se décide à quitter le territoire français par un arrangement secret. La retraite est résolue et Dumouriez s'engage à ne pas la troubler jusqu'à la Meuse. Beurnonville et Kellermann avaient reçu l'ordre de rétrograder. - Dumouriez part pour Paris.

-Les Prussiens évacuent Verdun; le 16, ils lèvent le siége de Thionville.

Le peuple d'Orléans s'oppose au transport des blés et des farines qui ont été achetés pour les besoins de Toul.

Robespierre défie qui que ce soit de l'attaquer en face. Louvet se jette au pied de la tribune en s'écriant: Je m'offre, moi! contre toi! Louvet attaque en effet Robespierre, qui demande à répondre dans huit jours. Il faisait mieux que de répondre, il gagnait du temps et laissait l'opinion se former sur le but des attaques de ses ennemis.

Entrée des Français dans Mayence; le lendemain, les Prussiens ont entièrement évacué le territoire.

-Prise de Francfort par l'armée française.

Religion, Législation, Statistique.

Synchronismes, etc.

sur un faisceau, tenant de l'autre main une ba- ruina. Il reprit alors la route de Paris, où il lance surmontée du bonnet de la liberté.

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obtint la direction de l'Académie royale de musique en 1818. Mais l'intrigue et la jalousie le forcèrent à résigner cet emploi. Londres lui offrit encore un asile, et il mourut le 3 mars 1824, âgé de soixante-neuf ans. Viotti avait adopté la maxime de Tartini: Per bene suonare bisogna ben cantare.

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1793. Deuxième coalition d'une partie de l'Europe contre la France. - Fameux ministère de Pitt en Angleterre.

― (10 février). Catherine II donne un ukase

(6 novembre). Rapport par Dufriche-Valazé (de l'Orne), organe de la commission extraordinaire : « Le roi n'est pas au-dessus des lois. » Il ne peut donc, sous prétexte d'inviolabilité, échap-qui enjoint aux Français de sortir de la Rusper à la peine de son crime.

(7 novembre). Rapport sur Louis XVI, par Jean Mailhe, au nom du comité de la législation: « Louis tient à être jugé par la Convention et le sera par elle; des commissaires feront un rapport énumératif de ses délits; cet acte sera imprimé. La Convention fixera le jour auquel Louis comparaîtra devant elle. Vous aurez aussi à balancer les destinées du fils de Louis avec les intérêts de la république!!! » (Impression et traduction dans toutes les langues.)

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sie, s'ils ne prêtent le serment d'abjuration des principes républicains. L'entrée des ports de l'empire est interdite aux navires français. Les agents français doivent quitter à l'instant la Russie.

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(1er avril). TÉLÉGRAPHIE. On reçoit à Pa

ris, point central, des nouvelles de Calais, soixante-huit lieues, en trois minutes, par le moyen d'une ligne composée de trente-trois télégraphes; en six minutes et demie, de Strasbourg, cent vingt lieues, par quarantequatre télégraphes; en huit minutes de Lyon, par cinquante télégraphes; en deux minutes, de Lille, soixante lieues, par vingt-deux télé(19 novembre). Premier décret en faveur de graphes; en huit minutes, de Brest, cent cinla propagande.

(20 novembre). Commission pour vérifier de nouvelles pièces trouvées aux Tuileries. L'armoire de fer, trahie par le serrurier; elle contient la correspondance du roi avec MM. Lafayette, Mirabeau, La Porte, intendant de la liste civile, Bertrand de Molleville, Rivarol, etc.

quante lieues, par cinquante-quatre télégraphes; en vingt minutes, de Toulon, deux cent sept lieues, par cent télégraphes.

(9 juin). L'Angleterre déclare tous les ports français en état de blocus.

-(24 juin). Révolution à Saint-Domingue contre les partisans de l'ancien ordre. — Dès le 19 octobre 1792, le gouverneur Blanchelande

-(24-25 novembre). La République est une et s'était embarqué forcément; dix mille patriotes

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avaient marché vers le gouvernement, et vainqueurs, ils avaient embarqué les principaux chefs militaires à bord du vaisseau l'America. Cependant les nègres révoltés dévastaient

18 Siècle.

Dates. 1792

Événements politiques.

- Dans le Morbihan, dix mille paysans redemandent leurs prêtres, leur roi, l'an(23 octobre) cien régime; ils sont vaincus, on les force à payer des impôts arriérés de 1790 et 1791, et on leur enlève leurs cloches. La Convention décrète, le 15 novembre, la mention honorable du district de Faouet, comme étant le seul qui ait entièrement acquitté ses contributions de 1791.

(6 novemb.)

(13 novemb.)

(13 et 21 nov.)

(27 et 29 nov.)

(2 décembre)

(3 décembre)

Robespierre répond à Louvet, rejette toute participation aux massacres du 2 septembre, et descend de la tribune au milieu des applaudissements de la commune. Les Jacobins ont encore le dessus; la Montagne, d'abord menacée par la Gironde, terrasse son adversaire.

- BATAILLE DE JEMMAPES, gagnée par le général Dumouriez, en faisant attaquer à la baïonnette les batteries des ennemis commandés par le prince de Saxe-Cobourg. Au moment de décider la victoire, Dumouriez se montre au centre de l'armée que commande le duc de Chartres : « Soldats, voilà les hauteurs de Jemmapes et voilà l'ennemi. » Il s'avance à la tête des colonnes et les lance dans la plaine. La précipitation de cette attaque met du désordre dans les rangs; les Autrichiens en profitent; le feu des redoutes vient encore augmenter la confusion et le découragement. Alors le duc de Chartres se jette dans la mêlée, il rallie, il rassure tous ces corps ébranlés; sa froide valeur dissipe les alarmes; il salue cette masse confuse du nom de bataillon de Jemmapes, et la conduit aux redoutes. Bientôt la bataille est gagnée et la Belgique est conquise. Cette victoire eut pour résultat de détruire une opinion singulièrement accréditée en Europe depuis les campagnes de Soubise, que les troupes françaises étaient incapables de gagner une bataille rangée. Au reste, Frédéric et Napoléon, dans la position avantageuse où se trouvait Dumouriez, eussent détruit l'armée autrichienne: Dumouriez n'en tira qu'un petit résultat.

- Dumouriez entre dans Mons, où les démagogues belges lui décernent une cou

ronne.

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BATAILLE D'ANderlecht.

Dumouriez attaque vingt mille Autrichiens sur les hauteurs d'Anderlecht et les bat complétement; il n'avait avec lui que son avantgarde. Bruxelles ouvre ses portes le 14. La mcdération qu'il déploya dans cette ville lui attira la haine des montagnards, qui voulaient traiter la Belgique en pays conquis.

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Valence a poussé vers Namur; il force l'ennemi dans ses retranchements à Bois d'Asche; Dumouriez entre le 21 dans Tirlemont.

L'arrière-garde autrichienne campée en avant de Liége, s'enfuit après un combat de dix heures; Dumouriez prend possession de cette ville. Labourdonnaie occupe Anvers; la citadelle se rend après un bombardement de peu d'heures.

-La ville de Namur est occupée par Valence; six mille Autrichiens défendent la citadelle. Plusieurs assauts sont donnés aux forts; celui de la Villate est surpris par l'intrépidité du général Leveneur. La citadelle capitule le 2 décembre. Les Prussiens chassent les Français de Francfort; ceux-ci se retirent sur Mayence.

- Réunion du comté de Nice à la France, sous le nom de département des Alpes maritimes

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