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Religion, Législation, Statistique.

Synchronismes, etc.

1653 (30 mai). BULLE d'Innocent X contre les cinq propositions de Jansénius, évêque d'Ypres, homme très-peu célèbre de son vivant, mais auteur d'un gros livre sur saint Augustin, où se trouvaient quelques axiomes malsonnants sur le libre arbitre. Le jésuite espagnol Molina avait mis au jour, dans un ouvrage obscur et bizarre, des idées toutes contraires. De là les querelles entre les Jansenistes

et les Molinistes.

FINANCES. Mazarin s'écarte peu de la politique de Richelieu. Il met à la tête des finances un Italien nommé Jean Particelli, sieur d'Emery, banqueroutier frauduleux, qui dilapide les fonds publics. Les tailles subissent une hausse de 5 à 6,000,000; un emprunt de 3,200,000 livres de rente et l'enregistrement forcé de dix-huit édits bursaux sont les prémices de son administration. Ensuite viennent les aliénations frauduleuses. Les impôts de la Bretagne, qui produisaient annuellement 500,000 livres, sont donnés par Emery, pour dix années, moyennant 1,000,000. - Il fait acheter pour son compte et celui de ses agents des rentes de 50 à 60 p.. 0/0, et se les fait rembourser par le Trésor à 70.

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1647 (7 juillet). RÉVOLUTION A NAPLES. Depuis longtemps la domination espagnole provoquait des troubles dont la répression n'étouffait pas le germe. Déjà Charles-Quint, au retour de son expédition d'Afrique, avait dû s'arrêter un moment à Naples pour apaiser

l'irritation de la noblesse et le mécontentede Madrid envoyait avaient à punir des essais ment du peuple; tous les vice-rois que la cour de révolte contre l'autorité du suzerain; le discrédit des monnaies, le manque de pain, l'accroissement des impôts étaient des causes incessantes d'agitation.

En 1644, le duc de Medina Rio-Seco, nommé vice-roi, fit connaître la vérité à la cour de Madrid qui ne lui répondit que par des ordres rigoureux. Le duc refusa de les exécuter. Il résigna ses pouvoirs, ne voulant pas, disait-il que le beau cristal qu'on lui avait confié se

brisát entre ses mains.

Son successeur, le duc d'Arcos, eut à lutter contre des difficultés de l'intérieur et de l'extérieur. Il obtint, à force d'obsessions et de menaces, que Naples lui votât un million d'écus. Mais où trouver cette somme dans un pays épuisé? C'est alors qu'il eut la malheureuse idée de mettre une taxe sur les fruits: c'était déclarer la guerre aux besoins et aux habitudes du pays. Cette taxe fut annoncée le 1er janvier 1647, et, le 7 juillet suivant, un paysan répandait sur la place tous les fruits dont ses paniers étaient remplis, en s'écriant : « Dieu nous donne l'abon-、 dance et le mauvais gouvernement nous la retire; puisque je ne peux plus rien gagner par mon travail, que les pauvres jouissent de mon bien, avant que les gardiens me le volent. » Ce paysan avait commencé la révolu

tion.

Elle eut bientôt un chef. Depuis quelque temps, le peuple se plaisait à entendre les discours d'un jeune homme qui revendait du poisson dans les rues. C'était Thomas Aniello, avait 27 ans, et l'ensemble de sa personne d'Amalfi, que l'histoire appelle Mazaniello. Il était agréable, avec la parole facile, malgré son extrême ignorance, une nature généreuse et de l'élévation dans les idées, voilà le héros de la révolution. En un instant il fut à la tête

17° Siècle.

Dates.

1643 (22 août)

(2 septemb.)

1645

Javril et août)

1646

1647

Événements politiques.

fait le matamore qu'il n'avait plus qu'à prendre, comme il le fit, le commandement des Espagnols; le duc de Bouillon, attendant le consentement de la duchesse sa femme pour avoir un avis; Turenne, galant indiscret et gauche, factieux maladroit, ne sachant pas même débaucher son armée. Tels étaient les chefs des Importants.

Prise de Thionville par le duc d'Enghien. Dans le même temps, le duc de Brézé bat la flotte espagnole dans la Méditerranée près de Carthagène, et le vicomte de Turenne prend Turin et Asti. La bataille de Fribourg, gagnée trois mois après par le même général, âgé de vingt-deux ans, lui coûta davantage et fut beaucoup plus meurtrière. Condé, impatient des obstacles que lui opposaient et¶a valeur des Bavarois et leur position, jette son bâton de commandement dans les retranchements des ennemis, et court le premier pour le reprendre ; cette audace décide la victoire.

Ministère du cardinal MAZARIN. Ce nouveau ministre, affermi auprès de la reine, voit son autorité presque égale à celle de Richelieu. Ce fut un malheur pour cette époque que de voir une régente espagnole s'entêtant d'un ministre italien. Cette origine étrangère des deux dépositaires du pouvoir et leur intimité étaient une arme puissante aux mains des partis.

-La disgrâce de la duchesse de Chevreuse et l'emprisonnement du duc de Beaufort, accusés de complot contre Mazarin, mettent fin à l'influence de la cabale des Importants.

Louis XIV, ayant atteint sa septième année, passe des mains des femmes dans celles des hommes. Il a pour gouverneur le maréchal de Villeroi et pour précepteur l'abbé Hardouin de Beaumont de Péréfixe, depuis archevêque de Paris. La première éducation du jeune roi fut très-négligée; à peine lui apprit-on à lire et à écrire.

Le maréchal de Turenne se fait battre par le général allemand MERCY à Mariendal. Le jeune Condé revient prendre le commandement et remporte sur Mercy la BATAILLE de Nordlingen. Le maréchal de Grammont y est fait prisonnier par les Impériaux; Mercy y est tué. Ce grand capitaine fut enterré auprès du champ de bataille, et on grava sur son tombeau ces mots devenus célèbres: Sta, viator, heroem calcas!

Condé assiége et prend Dunkerque à la vue de l'armée espagnole. La cour, jalouse de tant d'exploits, l'envoie en Catalogne avec de mauvaises troupes mal payées.

Turenne chasse les Espagnols de Trèves, y rétablit l'électeur, gagne avec les Suédois les batailles de Lavingen et de Summershausen et force le duc de Bavière de sortir de ses États. Le comte d'Harcourt bat les Espagnols en Catalogne. Le duc d'Orléans prend Tournai, Bergues, Mardick. Le maréchal de Gassion est tué au siége de Lens.

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Religion, Législation, Statistique.

Synchronismes, etc.

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de l'émeute; quelques heures après, il s'emparait de la cour du Carmel, et, le lendemain, il était proclamé chef unique et tout-puissant du peuple révolté.

A côté de la blonde et juvénile figure de Mazaniello, nous trouvons un rusé vieillard, Guilo Genovino, qui, sous la robe d'un reli

gieux, cachait une ambition insasiable et dirigeait l'insurrection que, plus tard, il devait trahir. Mazaniello avait encore deux autres conseils: Domenico Perrone, ex-contrebandier caché sous la soutane, et Giuseppe Palumbo, d'abord chef de brigands, puis chef de sbires. Cependant l'ivresse de l'insurrection allait croissant. L'aveugle fureur des incendiaires touchait de si près à la folie, qu'ils précipitaient vivants au milieu des flammes des chevaux de luxe, des mules de trait, et jusqu'à des oiseaux de basse-cour et des chiens de

1658. Réforme dans le conseil d'État. Les conseillers d'État sont au nombre de vingt-quatre, non compris trois conseillers d'État d'église et trois chasse. Le quatrième jour, Mazaniello passa

d'épée.

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QUAKERISME. Georges Fox, né à Drayton en 1624, cordonnier de son état, et d'un caractère mélancolique, se croit porté par un principe intérieur à rappeler les hommes au christianisme primitif. Il est le fondateur de la secte des quakers. Les quakers disent que Dieu veut que tous les hommes soient sauvés. Ils respectent les saintes Écritures; ils répudient toutes pratiques extérieures; il négligent le baptême d'eau et l'usage de la cène, qu'ils considèrent comme de simples cérémonies, images de la réalité proposée dans l'Évangile. Ils se rassemblent sans être appelés par le son des cloches, dans une salle sans autel, sans chaire, sans images, et restent en silence, debout et la tête découverte, jusqu'à ce que l'un d'eux se sente porté par l'inspiration de l'Esprit saint à prier et à prêcher, sans distinction de sexe ni d'âge. Si l'Esprit ne se manifeste point, ils se séparent après quelques heures, sans avoir rompu le silence. L'organisation politique des quakers est purement démocratique et sur le pied d'une égalité absolue; ils ne prêtent pas serment, se refusent absolument au service militaire, réprouvent l'esclavage, s'abstiennent de tout compliment, de toute formule cérémoniale, tutoient toutes les per

une revue de cent douze mille hommes. C'était le peuple en armes qui confirma les pouvoirs du poissonnier. Sur une estrade couverte d'un dais, Mazaniello, vêtu d'une grosse chemise serrée à la taille par des chausses de toile rayée, nu-pieds, la poitrine découverte, et coiffé du bonnet rouge des pêcheurs, écoutait les avocats ainsi que les plaideurs, et dans toutes les affaires, il rendait des arrêts souverains que lui dictait à voix basse le vieux Genovino. C'était un gouvernement réduit à sa plus simple expression et fonctionnant en plein vent.

Mais bientôt un inconcevable vertige s'empara de Mazaniello. Il ne rêva plus que complots, il envoyait à la potence sur de simples soupçons. Tombé dans une sorte de frénésie taciturne, il remplissait Naples de terreur. Ce désordre cérébral ne saurait être attribué à un empoisonnement; les orgies auxquelles il se livrait, les vapeurs du vin jointes à l'ardeur du soleil suffirent pour changer son exaltation en folie. Au huitième jour de la révolution, il s'était rendu avec sa femme auprès du viceroi, le duc d'Arcos, qui leur fit une réception brillante et les traita de duc et de duchesse. C'est surtout à partir de ce moment que la tête lui tourna; il ne parut plus que revêtu d'un costume orné de lames d'argent, coiffé

17° Siècle.

Événements politiques.

Dates.

1648

(20 août)

(27 août)

sent

--

-COMBAT DE CASTELLAMARE. Les Napolitains chassent les Espagnols, choisispour roi MASANIELLO et demandent des secours à la France. Le duc de Guise, qui se trouvait à Rome, va se mettre à leur tête. Il charge Cerisantes d'attaquer Castellamare avec un corps de troupes; ses soldats se mutinent et demandent de l'argent. Le duc, averti, accourt; à son abord, les révoltés soufflent leurs mèches et se préparent à tirer sur lui leurs mousquets. Il s'avance, met l'épée à la main, tue un des plus mutinés et en fait pendre un second à un arbre. Les autres, étonnés de cette audace, mettent bas les armes et lui demandent pardon. On sait que Mazarin ne profita pas de cette révolte de Naples ; que bientôt le duc de Guise fut fait prisonnier, et que les Napolitains retombèrent sous la domination espagnole.

Commencement de la guerre de la FRONDE, qui dura jusqu'en 1652. La France politique se divise en Frondeurs (ennemis du cardinal), Mazarinistes et Mitigés.

Le maréchal du Plessis-Praslin gagne en Italie la bataille de Crémone.

-BATAILLE DE LENS. Le prince de Condé prend Ypres et remporte dans la plaine de Lens une victoire complète sur l'archiduc Léopold. Le jour même où l'on chanta dans l'église de Notre-Dame un Te Deum pour célébrer la victoire de Lens, Blancmesnil, Charton et Broussel, conseillers au parlement, tous trois instruments des chefs de parti, connus pour leur haine contre la cour et le ministère, sont arrêtés par ordre de la régente. Le peuple, indigné de l'arrestation de ces hommes qu'il chérissait, se soulève. Le coadjuteur (cardinal de Retz) parvient à l'apaiser, mais la cour méconnaît ce service et le traite avec dédain. Irrité, il détruit son propre ouvrage et suscite une nouvelle émeute.

Deuxième journée des barricades, dites les BARRICADES DE LA Fronde. Le peuple de Paris se soulève; les boutiques sont fermées. Au Palais-Royal, où logeait la reine-mère, chacun apportait les avis les plus contradictoires. Les uns avouaient que la monarchie était sur le bord d'un précipice. Les autres traitaient l'émeute de bagatelle, de fumée, et la tournaient en ridicule. Mazarin se montrait persuadé que le péril n'était pas sérieux. « Il y a de la révolte, disait la régente, à imaginer que l'on puisse se révolter. L'autorité du roi y donnera bon ordre. » On assurait que la chaleur du peuple commençait à se ralentir, qu'on ne prenait point les armes, et qu'avec un peu de patience, tout irait bien. - Charles X, en 1830, et Louis-Philippe, en 1848, ont été trompés de la même manière. Cependant, la cour, ayant fait avancer les compagnies de gardes suisses, le peuple les chargea et en tua vingt ou trente. Ce mouvement, dit le cardinal de Retz, fut comme un incendie subit et violent qui se prit du Pont-Neuf à toute la ville. Tout le monde, sans exception, prit les armes aux cris de: A bas Mazarin! L'on voyait des enfants de cinq à six ans le poignard à la main. Il y eut dans Paris plus de deux cents barricades en moins de deux heures, bordées de drapeaux, et toutes les armes que la ligue avait laissées entières. Le premier président Molé se rendit au Palais-Royal, à la tête du parlement, pour redemander les prisonniers. Il représenta à la reine « le jeu que l'on avait fait en toutes occasions de la parole royale; les illusions honteuses et même

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ont fait donner à ces sectaires le nom de TREMBLEURS.

1659 à 1661. Le système féodal, en tant que grande organisation militaire, n'existait plus; mais la terre était encore soumise à la juridiction que la féodalité avait introduite. Il y avait des fiefs, des francs-alleux, et cette hiérarchie obligeait à des devoirs et à des redevances, le plus souvent en argent, en nature; ou bien la tenure se réduisait à des obligations de corps, telles que la corvée, le service militaire ou la milice. Le seigneur avait haute ou basse juridiction dans son domaine ou au dehors; il pouvait dresser un carcan à la porte de son château pour indiquer qu'il avait pleine et entière justice.

Quelquefois cette justice s'arrêtait aux portes de ses domaines, elle ne pouvait être exercée plus loin, il y avait lutte entre le seigneur et les communaux. Y avait-il cas de braconnage, chasse à courre et au cerf? le bailli jugeait tous ces délits fort sévèrement. La plupart des législations punissaient de la mort la chasse dans les forêts; la conservation des grands bois était un des priviléges de la vieille race franque et noble, c'était son antique berceau. Aux époques reculées, les forêts étaient pour la terre noble ce que la longue chevelure était pour les hommes de race, le signe d'une noble origine, un souvenir des temps de conquêtes, des jours d'orgueil et de victoire. Le droit de chasse était partout inhérent à la seigneurie. Le noble avait le droit de parcourir les terres avec ses chiens courants; on ne pouvait élever de murailles pour empêcher les lévriers d'aller à la piste; partout où il y avait castel, il y avait également fours banaux, pigeonniers, vol de chapon, pour marquer l'étendue de la seigneurie; chaque paroisse comptait un château à créneaux et un clocher; elle était tenue à la redevance et à la dîme, double impôt, pour cons

d'un chapeau à plumes. Il ordonnait aux nobles de venir lui baiser les pieds, sous peine de voir raser leurs maisons. Il se promenait en criant: Je suis le monarque universel et je ne suis pas obéi!

Alors l'amour du peuple se changea en haine; son orgueil avait irrité ses anciens

compagnons.

Le vice-roi s'entendit avec Genovino pour se défaire de lui. Les conjurés entrèrent dans le couvent del Carmine, où le malheureux se promenait, et le tuèrent à coups d'arquebuse. Sa tête, séparée du tronc, fut portée au palais du vice-roi au milieu des applaudissements de la populace.

Le lendemain, les regrets étaient déjà calmés, et ce même peuple lui fit de magnifiques funérailles dans l'église del Carmine.

De nouveaux troubles survinrent dans Na

ples; un fabricant d'armes, nommé Gennaro Annese, se mit à la tête du mouvement et déploya encore de grands talents. Mais bientôt succéda l'arbitraire le plus violent, et Gennaro Annese finit par être saisi par les sbires du vice-roi, qui lui fit trancher la tête.

1648. Don Pedro CALDERON de la Barca, célèbre poëte espagnol, rival de Lope de Vega. Son nom est, après celui de Cervantes, le nom

le plus grand, le plus révéré de toute la littérature castillane.

1650. COLBERT (Jean-Baptiste), né à Reims en 1619, contrôleur général des finances. Les bienfaits de son administration sont appréciables dans la langue exacte des mathématiques: tout en réduisant la taille de 53 millions à 32, il éleva les revenus de 89 à 115; et, comme il abaissa à 32 millions la dette, qui était de 52, il porta à 83 le revenu disponible, qui n'était que de 32 millions avant lui. On peut dire qu'il est le fondateur de l'industrie française. Les fabriques de draps d'Elbeuf, de Louviers, d'Abbeville, de Sedan lui doivent leur richesse et leur renommée. Si Lyon est la capitale de notre industrie, c'est à lui qu'elle en est redevable. Il créa au faubourg Saint-Antoine une manufacture de glaces, qui nous affranchit d'un tribut que nous payions

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