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19. Siècle.

Dates.

1718

Événements politiques.

les capitalistes et les propriétaires fonciers pour l'amélioration de la culture. Sa pensée ne fut pas comprise; on la pervertit, on la compromit en concédant au novateur écossais la fondation d'une compagnie de commerce sur les bords du Mississipi. La France possédait alors les terres incultes et inhabitées de la Louisiane. De loin cette contrée brillait aux yeux de l'éclat de l'inconnu; l'occasion parut belle d'exploiter une mine qu'on rêvait d'or et de diamants; ainsi naquit la compagnie des Indes occidentales. Les priviléges qui lui furent accordés semblent fabuleux : donation pleine et entière, pour vingt-cinq années, de tout le pays, faculté d'y faire exclusivement le commerce, d'y contracter des alliances, de déclarer la guerre, de conclure la paix, de pourvoir à la défense, de lever en France des gens de guerre, enfin véritable érection de la compagnie en puissance souveraine! Law basa ses opérations sur un capital de 100 millions, composé de deux cent mille actions de 500 livres chacune, sous forme de billets au porteur transmissibles par voie d'endossement; conception admirable, qui faisait de la terre, propriété considérée jusqu'alors comme inerte, une monnaie circulante, un instrument de crédit malléable, et obéissant à tous les calculs et à tous les progrès de l'industrie. Mais on avait aveuglé Law.

Pendant qu'il bâtissait ainsi sur le sable, un parti s'organisait contre lui, et son système de banque était combattu par un anti-système, association formée par les quatre frères Pâris, au capital de 100 millions, dont les intérêts, mieux garantis, menaçaient de faire tomber les actions émises par Law. Il n'entre pas dans notre sujet de faire l'histoire des idées qu'on opposa à celles de l'Écossais; qu'il nous suffise de dire que le parlement soutint les frères Paris, et, par esprit d'opposition aux volontés du duc d'Orléans, fit défense aux employés du fisc d'échanger contre espèces les billets de Law.

Le régent leya cet interdit en un lit de justice tenu en 1718, et dans la même (4 décembre) année, croyant la banque de son protégé désormais en voie de succès, la convertit en banque royale. Le capital fut remboursé en écus aux actionnaires, et le roi se chargea de la garantie des billets, dont l'émission s'éleva en quelques mois à une somme supérieure au capital de l'ancienne banque. Nous sommes à l'apogée du succès; maintenant, fautes et décadence.

Law, non content de la circulation volontaire de son papier-monnaie, voulut lui donner un cours forcé, et obtint du régent un édit qui défendait les transports de numéraire entre les villes où se trouvaient des bureaux de la banque. La confiance est l'âme du crédit public comme du crédit privé; substituez-y la force, et votre édifice croulera.

Malgré les sévères décrets de la Convention, les assignats tombèrent de valeur; la contrainte amena la banqueroute; ainsi du système de Law.

Seconde et déplorable erreur. Les opérations de la banque s'étayaient, nous l'avons vu, sur la prospérité de la compagnie des Indes occidentales. Les actions de cette compagnie baissaient; Law s'obligea à les acheter au-dessus du pair à une époque donnée, et s'engagea à payer une prime égale à la différence du prix de la Bourse avec le pair. La chance de bénéfices allécha, les actions montèrent, l'agiotage naquit. Les spéculateurs se ruèrent avec fureur sur l'appàt qu'on leur tendait ; Law, entraîné, doubla l'amorce au monopole des Indes occidentales il joignit celui

:

Religion, Législation, Statistique.

Synchronismes, etc.

(1766); l'abbé Terray (1771); Bourgeois de démie en 1683. Parmi ses nombreux ouvrages, on remarque Boyne (1771).

1724 (10 janvier). Proscription du christianisme en Chine.

1725. Un édit royal décharge la Compagnie des Indes, qui avait été liée à la banque de Law, de tous les comptes qu'elle pouvait avoir à rendre à la liquidation de cette banque. Ce privilége parut n'être créé qu'en faveur du duc de Bourbon, alors premier ministre, et de ceux qui, comme lui, s'étaient enrichis pendant l'union de la banque à la Compagnie. Avec cet édit on en présenta un autre au parlement, qui imposait un cinquantième denier sur tous les fruits de la terre, blés, vins, bois, et sur tous les produits de l'industrie; enfin, un troisième édit, dont le but était de prévenir la résistance ordinaire des jeunes conseillers, ôtait à ceux qui n'avaient pas dix ans de service le droit de délibérer sur les affaires générales. Au moyen de cette précaution, les édits furent enregistrés dans un lit de justice, de l'exprès commandement du roi, qui, à son retour du parlement, put juger, par le morne silence du peuple, de son extrême mécontentement.

ORDRE RUSSE DE SAINT-ALEXANDRE NEWSKI, institué par le czar Pierre le Grand; le cordon ponceau.

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1726. Par ordonnance du roi le recrutement devient annuel, et doit fournir soixante mille hommes. Tout engagement volontaire, toute substitution d'homme à homme sont sévèrement interdits. La levée par la voie du sort sur les hommes non mariés est faite de seize à quarante ans, et subsidiairement sur les hommes mariés. La durée du service est de quatre ans. Ceux qui ne se présenteront pas au tirage seront condamnés à servir toute leur vie, et ceux qui ne rejoindront pas, après désignation, seront punis de mort.

– (12 décembre.) Louis XV rétablit six compagnies de Cadets-Gentilshommes. En

la Jonction de la Seine et de la Marne, qui se trouve actuellement au jardin des Tuileries.

Il mourut à l'âge de soixante-quinze ans, chancelier et recteur de l'Académie de Peinture et de Sculpture.

· OPÉRA.

RAMEAU relève l'opéra qui tombait en décadence; Hippolyte et Aricie est son début. Le ballet des Indes galantes, Castor et Pollux, Dardanus, mirent le sceau à sa réputation. On le considéra comme le réformateur de la musique. Rameau triompha de l'opposition que lui firent lorsque les directeurs de ce théâtre, cherchant à réchauffer les partisans de Lulli. Il régnait depuis vingt ans à l'Opéra, l'enthousiasme du public qui s'éteignait de nouveau, firent exécuter des intermèdes par quelques chanteurs piémontais. Ces ultramontains exécutèrent, en 1752, la Serva Padrona, de Pergolèse, qui eut un succès prodigieux. Douze opéras bouffes qu'ils représentèrent achevèrent d'immoler Rameau sur Lulli. On représenta d'abord à Fontainebleau, puis à Paris, le Devin du village, musique de J. J. Rousseau, qui s'efforça, à l'exemple des maîtres italiens, de substituer la mélodie à la déclamation. Sa Lettre sur la musique française, qu'il fit paraître peu après, ne plut point aux symphonistes

de l'Opéra, autant que sa musique, et l'irritation devint si

grande, qu'en 1754, on congédia les Italiens malgré leurs succès. Mais tous leurs opéras furent traduits en français et représentés sur le théâtre de la Foire-Saint-Germain qui devint le berceau de l'OPÉRA-COMIQUE. Rameau avait survécu à cette invasion des Italiens; il composa jusqu'en 1760, mais ses partitions n'attiraient plus personne.

1734. Découvertes dans plusieurs parties de la Sibérie d'objets d'antiquité, tels que monnaies, ustensiles d'or et d'argent, de cuivre et de fer; une caverne de ce pays, couverte de peintures extraordinaires, contenait un grand nombre de livres manuscrits ou imprimés en différentes langues; des caractères typographiques gravés sur bois, dont plusieurs étaient encore noircis par l'encre d'imprimerie, etc.

1735. Quatre savants français, La Condamine, Bouguet, Godin et Jussieu, se rendent dans la mer du Sud pour mesurer le méridien sous l'équateur.

1736. Le baron Théodore de Neuhoff est proclamé roi de Corse. Cet aventurier ne finit pas l'année sur le trône, et, fugitif de lieu en lieu, puis arrêté pour dettes à Londres (où il mourut), il ne dut sa liberté qu'à l'Anglais Horace Walpole, qui apaisa ses créanciers.

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18. Siècle.

Dates.

1748

Événements politiques.

des Indes orientales, que lui concéda un édit royal avec autorisation d'émettre un nouveau capital, pour suffire à la grandeur de l'association. On n'exigeait pas des actionnaires un payement immédiat; des joueurs spéculèrent sans mettre d'enjeu. Les actions montaient, et la caisse d'émission ne s'emplissait pas d'espèces en retour. Cependant, ébloui de cette hausse fictive, Law crut que le temps était venu d'exécuter ses engagements envers le régent, et lui conseilla le remboursement de la dette. La tête tournait à tout le monde; depuis les conseils du roi jusqu'au plus humble rentier, personne ne voyait d'avenir et de fortune que dans les fragiles papiers flottant sur les brouillards du Mississipi.

Aussi la substitution d'actions des compagnies des Indes aux certificats de rente sur l'État fut-elle acceptée avec enthousiasme. Les premières émissions de ces actions furent le signal de spéculations dont la frénésie de nos derniers industriels est une faible image. Cent mille actions de 500 francs se réalisèrent à 5,000 livres. «On pouvait, dit M. Thiers, gagner à cet agiotage 1 million par jour; il n'est donc pas étonnant que les valets devinrent tout à coup aussi riches que les seigneurs on en cite un qui, rencontrant son maître par un mauvais temps, fit arrêter son carrosse et lui offrit d'y monter. » Les prés, les bois, les châteaux s'échangeaient contre des actions. Les bijoux, la vaisselle, toutes les valeurs solides se fondaient au creuset de ces spéculations, et leurs lingots allaient s'engloutir dans les stériles savanes d'une désastreuse colonie.

Entraîné par le torrent, Law cherchait à regagner le rivage. Par mille moyens il tâchait de créer des bénéfices réels pour compenser les revers de la compagnie. C'est ainsi qu'il obtint le privilége de la refonte générale des monnaies, et en retira un bénéfice de 50 millions. Mais qu'était-ce que ce faible contre-poids à un capital fictif et remboursable de 10 milliards? Puis il fit défendre, par édit, la conversion des billets de banque contre des matières d'or ou d'argent.

Les créanciers privés se virent aussi contraints d'accepter des billets en remboursement. Ces mesures, loin de donner vie au système, le tuèrent; on commença à trembler; les prudents s'empressèrent de réaliser, c'est-à-dire de convertir en biens meubles et immeubles leur fortune de papier; les prix s'élevèrent à un taux inconnu. La rue Quincampoix, siége de la banque, regorgea de porteurs d'actions et de billets qui demandaient leur remboursement en espèces; on se ruait, on s'étouffait contre les coffres vides; la catastrophe était imminente. Pressés dans leurs derniers retranchements, Law et le gouvernement, solidaires de ces erreurs et de ces fautes, en vinrent aux moyens extrêmes; fausses annonces de dividendes, qui ne pouvaient être payés; défense de porter de l'or ni des bijoux, de peur qu'on n'en achetat en échange du papier-monnaie; confiscation des médailles et vieilles espèces; et visites domiciliaires pour les découvrir; sous peine d'une amende de 10,000 francs, on ne pouvait garder chez soi plus de 500 francs en espèces; la vaisselle et les vases de métal étaient pesés et estimés; les mesures les plus puériles étaient mises en usage pour galvaniser quelques instants encore le cadavre économique du financier écossais. Enfin, l'édit du 5 mars 1720 décréta pour ainsi dire la banqueroute; il assimila les billets de la banque royale aux actions de la compagnie des Indes, et ce fut la Louisiane, inutile et déserte, qu'on chargea de rembourser les créanciers du trésor français.

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